Festival européen du film court de Brest 2015 : bilan et palmarès

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C’est tout en paillettes, strass et froufrous miroitants que la 30ème édition du Festival Européen du Film Court de Brest a ouvert le bal le10 novembre. Pendant 5 jours, le format court a rythmé les nuits brestoises, glissé les spectateurs dans des univers fantasques et lumineux. Critique-film s’y est rendu et a notamment apprécié les séances spéciales anniversaire du festival. Arrêts sur image sur le programme Cocotte Minute, la sélection Canal+ et la bataille de Brestoâ.

Cocotte Minute

La Cocotte Minute est un programme très spécial du festival de Brest. Elle regroupe des films très courts, voire très très courts, des formats flashs ne dépassant pas les sept minutes. Cette année, 17 films ont été présentés. Voici la sélection de la rédaction.

Carlitopolis de Nieto

Carlitopolis de Nieto (France/4’/2005)

Les expériences scientifiques d’un étudiant sur une petite souris. Il y a du Méliès dans ce court, des références évidentes à l’homme à la tête en caoutchouc. Ce court-métrage propose une réflexion sur l’image et ses tromperies.

Luxaflex de Roger Hesp (Pays-Bas/6’/2006)

La vie au bureau peut parfois prendre une tournure surprenante. Les deux personnages de cette histoire vont découvrir combien un malentendu peut changer d’une merveilleuse façon le cours de leurs vies. Une histoire de sandwich qui dégouline, de café renversé et de stores vénitiens…

Kwiz de Renaud Callebaut

Kwiz de Renaud Callebaut (Belgique/5’30/2006)

Une salle d’attente dans une clinique. Deux vieilles femmes se livrent à un test de connaissance impitoyable armées de leurs téléphones portables. Ce film tire sur les ficelles du comique de situation. Un vrai gag visuel, un face à face hilarant.

Brokeback Cowboy de John Burns (Irlande/3’34/2009)

Un bar, une ambiance country, un cow-boy au comptoir, un joueur d’harmonica. Deux personnages qui rentrent dans le bar, discutent avec le cowboy le temps d’une bière. Et voilà qu’une révélation très masculine s’empare de notre vieux cow-boy. Malicieux clin d’oeil fait au long métrage de Ang Lee, Brokeback Moutain

Do you have the Shine de Johan Thurfjell

Do you have the Shine ? de Johan Thurfjell (Suède/5’45/2003)

Basé sur un fake, le film prend l ‘apparence d’un jeu vidéo qui met le spectateur en situation de joueur. Une fois reconnues les références tirées de Shining, Johan Thurfjell nous glisse dans la peau de Danny sur son tricycle, pédalant sur les moquettes hypnotiques de l’hôtel qui lui tient lieu de résidence et surtout de prison. à chaque virage, stupeur et tremblements au programme. Aurez-vous le Shine ?

 

Sélection Canal +

A l’occasion de ses 30 ans, des séances spéciales ont été programmées au festival européen du film court de Brest. Nous revenons sur la sélection Canal +, d’une grande qualité.

Hide de N.G. Bristow (Royaume-Uni/3’42/2001)

Une chambre d’un splendide hôtel anglais, un homme qui prend sa douche. D’étranges choses se manifestent autour de lui et dans son armoire, à la place de ses vêtements, il découvre un costume plutôt inhabituel… Dans un univers proche de ceux de The Lobster de Yorgos Lanthimos et de Eyes Wide Shut de Stanley kubrick, notre héros va ici évoluer dans une loufoquerie digne des Monty Python. Sans se mettre à l’abri d’éléments fâcheux… Une pépite d’humour britannique.

https://youtu.be/XGjZ_LpZSMI

Ménage de Pierre Salvadori (France/12’/1992)

Ce court-métrage des années 90 brille d’humour noir. Blanche est une véritable maniaque du ménage. Alors qu‘elle passe au peigne fin son grand appartement parisien, son amie dépressive sonne à la porte, les pieds souillés de boue. Maladroite et envahissante, elle vient lui raconter ses malheurs. Blanche est tiraillée entre l’envie d’aider son amie et son obsession de propreté…

Ménage de Pierre Salvadori

Walking on the Wild Side de Dominique Abel et Fiona Gordon (Belgique/13’/2000)

Nous retrouvons le couple farfelu que constitue Dominique Abel et Fiona Gordon (L’Iceberg, Rumba, La Fée) dans le court-métrage Walking on the Wild Side. C’est la rencontre, née autour d’un malentendu, entre un grand timide et une femme rousse dans les quartiers nord de Bruxelles, là où derrière les vitres, des femmes vendent leurs charmes. Du grand burlesque belge.

Walking on the Wild Side de Dominique Abel et Fiona Gordon

Love you more de Sam Taylor-Wood (Royaume-Uni/15’/2008)

Au moment même où Sam Taylor-Wood présentait des vidéos contemplatives à la 52ème Biennale de Venise, elle réalise Love you more, court-métrage sexy et rock’n roll. Oscillant entre les sphères de l’art contemporain et du cinéma, l’artiste membre des Young British Artists entreprend des recherches sur les difficultés à communiquer nos émotions. Love you more en est un très bel échantillon. Dans une classe d’un lycée brittanique, une fille marginale s’ennuie et ignore Peter, garçon timide. Après les cours, ils se croisent chez le disquaire. Tous les deux sont venus acheter le dernier titre des Buzzcocks. Georgia invite Peter chez elle pour l’écouter… On ressort de la salle de cinéma heureux et amoureux.

Love you more de Sam Taylor-Wood

La Bataille de Brestoâ

C’est maintenant une tradition. Au Festival Européen du Court de Brest, le samedi soir, c’est la bataille de Brestoâ, battle qui se perpétue au fil des années et qui confronte les sélections de deux programmateurs. Critique-film revient sur la sélection de l’un deux et vote pour French Kiss d’Antonin Peretjatko. Assurément.

French Kiss (18’30, 2004), c’est un avant-goût délicieux du long métrage que son auteur réalisera 10 ans plus tard, La Fille du 14 juillet. Un humour sans pareil, presque préhistorique, disparu depuis bien longtemps des écrans, fait d’onomatopées, d’injonctions facétieuses, de singeries. En bref, une chose hybride se tenant entre un Louis de Funès potache (dont Godard était fan, rappelons-le) et un Cary Grant foutraque (dans L’Impossible Mr Bébé de Howard Hawks, 1938). Ce court-métrage est une comédie visuelle, un vaudeville du XXIè siècle. Et cela fait du bien. Si ces personnages sont tendrement burlesques, c’est surtout l’ambiance générale du film qui retient l’attention. Peretjatko joue d’une technique désuète pour plonger son film dans un bain euphorisant : image délavée, couleurs saturées, textes affichés à l’écran, son accéléré… Avons-nous dit «bain euphorisant» ? Ah, excusez, nous voulions dire bain de jouvence…

French Kiss

Le Festival Européen du Film Court de Brest a eu lieu du 10 au 15 novembre 2015. Certains films sont visibles sur internet (Carlitopolis, Kwiz, Do you have the Shine ?, Hide, Love you more, French Kiss)

ZEUS-POSTER

Palmarès 2015 du Festival Européen du Film Court de Brest

Jury Officiel

  • Grand prix du film court de la Ville de Brest : Zeus de Pavel Vesnakov
  • Prix européen du Conseil Régional de Bretagne : Thu Og Eg de Asa Hjorleifdottir
  • Prix du premier film ou film d’école du Conseil Général du Finistère : Alles Wird Gut de Patrick Vollrath
  • Prix spécial du jury : Coach de Ben Adler

Les prix des autres jurys :

  • Prix des Passeurs de Courts et Prix du public : The Immaculate Misconception de Michael Geoghegan
  • Prix Format Court : Larp de Kordian Kadziela
  • Prix du jury jeune : Crack de Peter King (interview)
  • Mention spéciale du jury jeune : Jay parmi les hommes de Zeno Graton

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