Festival de Brive 2012 : Jours 1 et 2

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Festival de Brive 2012, l'affiche de la 9ème édition

Festival de Brive 2012, l'affiche de la 9ème édition

Mardi 10 avril – Jour 1

Après un hommage à Claude Miller, la montée sur scène des  membres des deux Jurys, une présentation exhaustive des sponsors et autres partenaires agrémentée de quelques blagues capillaires entre Sébastien Bailly et Éric Garandeau, Joana Preiss déclare sobrement le Festival de Brive ouvert !

487 films proposés à la compétition, 23 retenus ; les quelques extraits présentés alors donnent bigrement envie et une certaine R5 se démarque déjà du lot.

Quoi de mieux pour lancer ce convivial Festival que le premier épisode de Versailles-Chantiers de Bruno Podalydès ? Dans la vie, comme chacun sait, lorsqu’un individu est confronté à un choix, trois possibilités s’offrent à lui : trancher, opter pour les deux options ou encore choisir de ne rien faire du tout. C’est cette dernière technique qui est adoptée par Denis Podalydès alias Albert Jeanjean tout au long de cette « interminable série ». Soirée raclette avec Cruquet ou ciné avec Isabelle ? Bon, le plus simple c’est encore de dire qu’on rappelle, qu’on va trouver une solution mais justement pour notre Albert Jeanjean, rien n’est jamais simple et surtout pas de dire non !

Notons d’autre part qu’en cette période pré-électorale, la scène évoquant un concours de jambes dans l’isoloir pourrait bien pousser plus d’un récalcitrant dans les bureaux de votes et rien que pour cette raison, ce choix de programmation était bon.

Au-delà des échanges cinéphiles, la météo accapare ici les conversations… Les habitués s’exclament que jamais il ne pleut à Brive pour le Festival mais le réceptionniste de mon hôtel est sans appel : dégueu, jusqu’au week-end-end.

Ce soir-là, je termine ma journée avec en tête, deux éclairantes pensées :
Au sujet du système D de la raclette sur radiateur « Ne fais pas couler dedans sinon ça pue longtemps » Albert Jeanjean. Et… « Avec le cinéma, on parle de tout, on arrive à tout » Jean-Luc Godard.

Mercredi 11 avril – Jour 2

Une accalmie me permet de gagner la Médiathèque pour entendre converser Guillaume Brac et Joaquim Lafosse, les deux réalisateurs ne se connaissent pas mais se rejoignent sur une notion, selon eux essentielle : les certitudes sont dangereuses sur un tournage, cultiver le doute est primordial !

Puis, direction le Cinéma Rex pour deux séances consécutives de projection de films en compétition, la salle est de nouveau bondée et j’aime à croire que les ondées ne justifient pas à elles seules l’affluence des spectateurs.

LA GREVE DES VENTRES de Lucie Borleteau 
France / 2012 / Fiction / 30 minutes

« Des femmes ont décidé d’exercer le pouvoir qu’elles ont entre les cuisses et menacent l’humanité d’extinction progressive. Lise et Clara, deux d’entre elles, amoureuses et rieuses, rencontrent le joli Alexandre… »

A une époque où le bébé est considéré comme une arme anti-crise, ce mouvement de révolte voit donc le jour et renverse radicalement la position de la femme enceinte dans la société. Elle n’est plus celle que l’on respecte et à qui on laisse sa place dans le bus (si conne soit elle) mais celle qui se fait injurier dans la rue ! Deux femmes, un homme et bientôt un ventre habité, que faire ? Si la première partie présente quelques jolies trouvailles, la suite s’éparpille à mon sens, tout azimut. « Avoir un enfant est un acte aussi violent que de ne pas en avoir » c’est entendu mais jamais cette question ne semble se poser au sein du couple, je peine à comprendre le message…

SWEETNESS de Lisa Bierwith      
Allemagne / 2011 / Fiction / 30 minutes

« Il s’agit d’un 50e anniversaire, et pour Marion, c’est l’occasion de présenter son petit ami américain Paul à sa famille, qui vit à la campagne. Lors des festivités, cet homme cosmopolite devient malgré lui le révélateur des craintes et des désirs enfouis de toute une famille. »

Alors là, il faut imaginer une sorte de crise familiale type Mélancholia mais sans la fin du monde, vous voyez l’idée ? Si le cas de Marion m’a assez peu intéressée, celui de sa sœur Christina m’a davantage touchée. Quelques scènes bien senties comme cette broche que l’on accroche sur le corsage de sa maman, des gestes vrais d’autant plus importants dans une famille où les non-dits pullulent.

VILAINE FILLE, MAUVAIS GARCON de Justine Triet
France / 2012 / Fiction / 30 minutes

« La nuit survoltée d’un jeune peintre fauché et d’une comédienne déjantée. Dans l’impossibilité de se retrouver seuls, Lætitia et Thomas traversent chaque situation entre drame et légèreté, jusqu’à ce qu’un événement violent marque leur rencontre d’une étrange complicité. »

De celui-ci, je n’ai presque aimé que le titre… Une soirée, des corps et des esprits alcoolisés, on secoue ses cheveux tristes sur la piste, chacun y va de son monologue auto-centré ; au passage, un frère dont on a la responsabilité se verra interné en HP…Une succession de scènes inconsistantes pour ne pas dire carrément gênantes ! Reste la fulgurance d’un dialogue entre ces deux êtres un peu paumés qui pourraient bien trouver en l’autre de quoi se compléter.

SNOW CANON de Mati Diop
France / 2011 / Fiction / 33 minutes

« Alpes françaises, février 2011. Vanina aime s’enduire de crème solaire devant la cheminée en pierre, Vanina aime la fourrure fauve de son lapin Souci, Vanina aime sentir le parfum cuir du canapé blanc, Vanina aime contempler la lueur charbonneuse des yeux des femmes voilées sur les cartes postales de sa collection. Vanina aime chatter avec Eloïse sur internet. Mais par-dessus tout, ce que Vanina aime, c’est sa baby-sitter américaine, Mary Jane… »

Si le mini short bleu de la babysitter ne laisse pas indifférent le mâle briviste festivalier, il trouble aussi effectivement notre jeune adolescente. Désir de lui ressembler ou désir tout court ? L’approche est subtile quoique dans le cas présent, la petite semble aisément diriger la grande. « Prends tout ce que tu aimes » lui dit-elle en désignant les bijoux et les robes de la mère. On est tenté d’entendre « Prend l’amour là où il est » et on s’émeut de ces premiers émois amoureux.

GLORIOUS ACCIDENTS de Mauro Andrizzi et Marcus Lindeen
Suède – Danemark – Argentine / 2011 / Expérimental / 54 minutes

« Neuf histoires autour de la mort et de la transformation. De l’homme qui subit une transplantation cardiaque et se réveille avec d’étranges pouvoirs artistiques, à la femme qui reçoit une dernière lettre de son mari, écrite juste avant qu’il ne gèle à mort dans l’une des plus dramatiques expéditions polaires de l’Histoire… »

Et voilà que sans crier gare, se présente un objet filmique aussi déroutant que séduisant ! Plusieurs histoires effectivement, parées d’un élégant noir et blanc ; un accident, des dents cassées, un collier de perles rouge sang. La violence des idées n’est jamais montrée à l’écran, c’est une belle voix-off qui nous les transmet. Une voix de femme pour raconter le corps des hommes et tous ces gens abîmés. Des images léchées et un beau travail sur le son également car tout est ici affaire d’ambiance, de vibration…

Ma journée s’achève par un singulier ciné-concert, le groupe Phantom and the Ravendove accompagne les projections de The Alphabet de David Lynch, Woton’s Wake de Brian de Palma et Ils attrapèrent le bac de Carl Theodor Dreyer ; un moment tout à fait étonnant et exaltant !

Ce soir encore deux phrases m’accompagnent au moment de me coucher :
« Les acteurs ont tous beaucoup plus peur qu’ils ne le disent » Joaquim Lafosse. Et… à propos du bulletin de vote du prix du public «1 à 5 d’accord mais il aurait fallu ajouter zéro ! » Une petite dame fort remontée !

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