Fatima de Philippe Faucon Prix Louis-Delluc 2015

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C’est un cinéaste sensible, intelligent, un témoin de notre temps que le jury du Prix Louis-Delluc (présidé par Gilles Jacob) a choisi d’honorer pour son dernier long-métrage, Fatima. L’art de Philippe Faucon est de se pencher sur des personnalités uniques qui parlent du monde d’aujourd’hui mais qu’il n’oublie jamais de présenter comme des personnalités uniques et non des archétypes représentatifs de notre société. Son art n’en est que plus politique et émouvant, notamment grâce à une poésie réelle et un amour de l’être humain jamais naïf. Il parle du monde tel qu’il est et non tel qu’on le craint ou tel qu’on le fantasme, toujours à une juste distance de l’histoire qu’il veut partager. Un prix bienvenu qui rappelle les intentions d’origine de ce prix, celui d’allier «exigence artistique, singularité du style, vision d’auteur et reconnaissance publique». La Cinémathèque Française a rendu un hommage à ce grand nom du cinéma français actuel en organisant une rétrospective de son œuvre en septembre. Voir ici la critique non moins enthousiaste de notre rédacteur Jean-Jacques Corrio pour plus de précision sur ce petit bijou. Le film a été révélé cette année au Festival de Cannes dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs. À Paris, le film est encore visible dans sept salles, dont l’UGC Ciné Cité Les Halles au cas où un autre film serait complet (j’dis ça, j’dis rien).

Les autres films en lice étaient Comme un avion de Bruno Podalydès, Le Dos rouge d’Antoine Barraud, L’Image manquante de Rithy Panh, La Loi du marché de Stéphane Brizé, Marguerite de Xavier Giannoli, L’Ombre des femmes de Philippe Garrel et Trois souvenirs de ma jeunesse d’Arnaud Desplechin.

Le Prix Louis-Delluc du premier film est attribué à une autre grande réussite, Le Grand Jeu, qui sort en salles aujourd’hui, le même jour que, oui, La Chambre Interdite de Guy Maddin, entre autres sorties de ce mercredi 16 décembre 2015. Déjà remarqué pour ses courts-métrages (La République en particulier, sur les universités d’été d’un parti politique croquées avec intelligence et subtilité), Nicolas Pariser signe un film noir paranoïaque porté par deux grandes prestations, celles de Melvil Poupaud en quadragénaire lassé et d’André Dussolier en homme de l’ombre d’autant plus inquiétant qu’il adopte une attitude sympathique mais non moins inquiétante, n’hésitant pas à révéler ses sombres intentions. Un long-métrage d’une grande originalité, porté par un sens de la mise en scène et un art rare du dialogue finement ciselé.

Les autres premiers films en compétition étaient Bébé tigre de Cyprien Vial, Mustang de Deniz Gamze Erguven, Ni le ciel ni la terre de Clément Cogitore et Vincent n’a pas d’écailles de Thomas Salvador.

Nous ne pouvons espérer que ce prix prestigieux, souvent surnommé le «Goncourt du cinéma», inspire les votants des César. Espérons retrouver le premier dans les catégories film, réalisateur, adaptation (d’après l’oeuvre de autobiographique de Fatima Elayoubi), actrice (Soria Zeroual), espoir féminin (Zita Hanrot voire Kenza Noah Aïche si les votants ne se limitent pas à la liste de «suggestions») et le deuxième au moins dans celles du premier film, scénario original, acteur (Melvil Poupaud), second rôle (André Dussolier), montage, photo et musique. On croise les doigts pour eux !

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