Critique : Everest

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Everest

Etats-Unis, 2015
Titre original : Everest
Réalisateur : Baltasar Kormakur
Scénario : William Nicholson et Simon Beaufoy
Acteurs : Jason Clarke, Josh Brolin, John Hawkes, Robin Wright
Distribution : Universal Pictures International
Durée : 2h01
Genre : Aventure
Date de sortie : 23 septembre 2015

Note : 3/5

Un aller-retour sur le toit du monde au prix d’une place de cinéma, ça vous dit ? L’effet d’immersion est indéniable dans le nouveau film américain du réalisateur islandais Baltasar Kormakur. Pendant plus d’une heure, le spectateur est invité à accompagner un groupe d’alpinistes téméraires sur leur chemin d’entraînement vers les plus hauts sommets, avant que la catastrophe ne frappe. Cette initiation aux plaisirs et aux dangers de l’escalade en haute montagne est à la limite plus passionnante et instructive que le spectacle tonitruant suivant, qui se conforme davantage aux règles établies depuis longtemps du film catastrophe. Mais dans l’ensemble, Everest est un divertissement techniquement et humainement redoutable, qui démontre sans fioriture pourquoi il vaut mieux ne pas s’aventurer à une altitude nullement adaptée aux capacités physiques de l’homme.

Synopsis : Au printemps 1996, le responsable de l’agence Adventure Consultants Rob Hall amène un groupe de clients au Népal, afin de tenter ensemble l’ascension du Mont Everest. Parmi eux se trouvent le journaliste Jon Krakauer, le facteur Doug Hansen, le Texan Beck Weathers et la Japonaise Yasuko Namba, tous impatients d’atteindre le sommet de la plus haute montagne sur Terre. Alors que les préparatifs au pied de l’Everest se déroulent sans contretemps notable, Hall s’inquiète du nombre élevé d’expéditions cette année-là, qui risque de créer un effet d’embouteillage. Il décide alors de faire équipe avec son ami et concurrent Scott Fischer, pour une ascension prévue le 10 mai. Après une montée déjà assez difficile, la descente devient un véritable cauchemar, quand la météo se dégrade subitement.

Les privations avant l’épreuve

La répartition des dangers au fil du récit de Everest est pour le moins inattendue. La première partie du film s’intéresse ainsi presque exclusivement aux événements qui ont précédé l’ascension fatidique. Or, cette longue exposition suffirait déjà à elle seule à nous couper le souffle, tant les épreuves traversées pour réussir tant soit peu l’acclimatation sont impressionnantes. Plutôt que de prolonger la réputation mythique de la célèbre montagne, comme avait pu le faire indirectement le moyen-métrage plus poétique de Werner Herzog Gasherbrum La Montagne lumineuse, sorti l’année dernière, le regard quasiment documentaire sur les occupations des futurs vainqueurs des sommets leur confère un côté aventurier immédiatement accessible. Rien que le fait de tenter cet exploit insensé, y compris les dépenses financières et physiques nécessaires pour relever le défi, force suffisamment le respect pour que le cataclysme final devienne presque superflu. De même, le scénario de William Nicholson et Simon Beaufoy reste encore assez factuel à ce moment-là, incluant par exemple brièvement les démarches folkloriques de rigueur avant le départ décisif, mais sans en faire une parenthèse à part entière non plus sur l’éveil de l’âme des voyageurs occidentaux grâce à des religions exotiques. Car l’objectif primordial, à la fois des personnages et de la narration, reste tout de même de vaincre les imprévus au cours de l’expédition et côtoyer le ciel au sommet de l’Everest.

Kaboom !

L’accomplissement majeur du film pour rendre tangible cette conquête hors du commun, ainsi que son issue fatale, se situe bien sûr du côté technique, Que ce soit au niveau sonore ou visuel, Everest submerge les sens à un niveau élevé, auquel il ne manque plus que la température baisse dans les salles de cinéma pour rendre parfaite la sensation étouffante d’une nature inhospitalière. Dans cet environnement hostile, les acteurs font de leur mieux pour persister, même s’ils ne réussissent guère à voler la vedette à cette montagne tour à tour majestueuse et diabolique. De toute façon, la distribution de Everest est avant tout truffée d’acteurs solides, comme Jason Clarke, Josh Brolin, John Hawkes et Emily Watson, qui n’ont nullement l’habitude de se mettre en avant au détriment de l’intensité de l’histoire dans son ensemble. D’ailleurs, le seul reproche que l’on puisse faire à la narration, ce serait qu’elle nous sorte du piège mortel de la montagne déchaînée pour un va-et-vient entre les hommes pris dans une situation désespérée et leurs épouses forcément restées à la maison, qui apportent leur soutien moral ou logistique. Même si cette répartition trop traditionnelle des rôles reflète l’histoire vraie à l’origine du scénario, elle participe également à morceler la tension d’une manière pas entièrement concluante. Enfin, l’apparition de la mort dans cet enfer de glace et de neige s’effectue presque doucement, comme si la notion de vie était carrément étrangère à ces hauteurs impressionnantes. Que Baltasar Kormakur ait largement su faire fi du pathos généralement employé en pareille circonstance distingue une fois de plus sa mise en scène sobrement intense.

Conclusion

Se tenir une fois sur le toit du monde et en revenir vivant, quoique passablement lessivé, c’est ce qui promet Everest. Une promesse largement tenue, grâce aux caractéristiques techniques sans faille du film, ainsi qu’à son histoire qui ne cherche qu’accessoirement à rendre les personnages héroïques. La musique de Dario Marianelli est alors le symbole parfait de la facture globale du film : majestueuse et épique, mais en dépit de son attachement aux conventions d’une efficacité impeccable.

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