Décès du chef opérateur Douglas Slocombe

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DouglasSlocombe

Le chef opérateur anglais Douglas Slocombe est décédé hier à Londres. Il était âgé de 103 ans. Slocombe était l’un des plus grands chefs opérateurs du cinéma britannique, participant d’abord à de nombreuses productions du studio Ealing avant d’être sollicité par les plus importants réalisateurs de son époque, comme John Huston, Alexander Mackendrick, Roman Polanski, Ken Russell, Norman Jewison et Steven Spielberg. Il avait fait équipe avec ce dernier sur les trois premiers films de Indiana Jones.

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Douglas Slocombe était un témoin privilégié de la montée du nazisme en Europe à la fin des années 1930, qu’il avait notamment filmée lors de l’invasion allemande en Pologne et des grands meetings du parti de Adolf Hitler. Cette expérience lui avait servi de carte de visite pour entrer aux studios Ealing, où il avait participé à des films de propagande, avant de tourner ses premiers films après la guerre. Dès lors, il était l’un des piliers de l’équipe technique du célèbre studio britannique, participant en tant que chef opérateur en 1946 à Au cœur de la nuit de Alberto Cavalcanti, Charles Crichton, Basil Dearden et Robert Harmer. Il allait d’ailleurs retrouver trois de ces réalisateurs vedettes du studio, respectivement pour A cor et à cri, Un autre rivage, Le Démon de la danse, De l’or en barres, Tortillard pour Titfield, La Loterie de l’amour et Flammes dans le ciel (Crichton), J’étais un prisonnier, Sarabande, La Cage d’or et Sous le plus petit chapiteau du monde (Dearden), ainsi que Il pleut toujours le dimanche et Noblesse oblige (Harmer). Douglas Slocombe était aussi responsable de la photo d’autres productions de Michael Balcon, comme L’Homme au complet blanc – projeté à la Cinémathèque Française ce vendredi à 19h30 – et La Merveilleuse histoire de Mandy de Alexander Mackendrick. A la même époque, il lui arrivait également de travailler à l’étranger, comme en Allemagne pour Louis II de Bavière de Helmut Käutner.

Servant

Dans les années 1960, la carrière de Douglas Slocombe n’était pas prête à ralentir, grâce aux films britanniques de plus en plus prestigieux, comme Hurler de peur de Seth Holt, The Mark de Guy Green, Les Jeunes de Sidney J. Furie, La Chambre indiscrète de Bryan Forbes, The Servant et Boom de Joseph Losey, Le Secret du docteur Whitset de Charles Crichton, Les Canons de Batasi et Le Crépuscule des aigles de John Guillermin, Cyclone à la Jamaïque de Alexander Mackendrick, Trois millards d’un coup de Peter Yates, Le Bal des vampires de Roman Polanski, Le Lion en hiver de Anthony Harvey et L’Or se barre de Peter Collinson, de même qu’un premier emploi américain pour Freud Passions secrètes de John Huston.

Julia

Pendant la décennie suivante, Douglas Slocombe avait beau rester fidèle au cinéma britannique à travers Music lovers La Symphonie pathétique de Ken Russell, La Guerre de Murphy de Peter Yates, Drôles de manières de Michael Lindsay-Hogg et Amour sur béquilles de Melvin Frank, l’appel de Hollywood devenait de plus en plus insistant, comme le prouvent Voyages avec ma tante de George Cukor, Jesus Christ Superstar et Rollerball de Norman Jewison, Gatsby le magnifique de Jack Clayton, Julia de Fred Zinnemann et Nijinsky de Herbert Ross.

Aventuriers

A près de 70 ans, Douglas Slocombe aurait pu tranquillement partir à la retraite au début des années 1980, s’il n’avait pas été sollicité par Steven Spielberg. Celui-ci avait déjà fait appel à lui pour tourner les prises indiennes de Rencontres du troisième type. Il allait lui confier la responsabilité visuelle de son nouvel univers à succès autour de l’explorateur et aventurier Indiana Jones. Slocombe a brillamment relevé le défi en tant que chef opérateur de Les Aventuriers de l’arche perdue en ’81, Indiana Jones et le temple maudit en ’84 et Indiana Jones et la dernière croisade en ’89. Entre-temps, il a même trouvé le temps de participer à un James Bond officieux Jamais plus jamais de Irvin Kershner et deux productions britanniques : Ouragan sur l’eau plate de Dick Clement et Lady Jane de Trevor Nunn.

IndianaJones

Douglas Slocombe a été nommé à trois reprises à l’Oscar de la Meilleure photo, pour Voyages avec ma tante, Julia et Les Aventuriers de l’arche perdue. Il a été nommé onze fois au BAFTA de la Meilleure photo et l’a gagné trois fois, pour The Servant, Gatsby le magnifique et Julia. Il avait gagné le prix des critiques de Los Angeles pour ce dernier. Douglas Slocombe était le doyen des professionnels qui ont marqué l’Histoire du cinéma. Désormais, cet honneur ambigu revient a priori à l’acteur américain Norman Lloyd, vu récemment dans Crazy Amy, ou l’actrice française Gisèle Casadesus, tous deux nés en 1914.

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