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En mai, le cinéma ne fait pas tant ce qui lui plaît. Plutôt, il se met comme à son habitude à l’heure cannoise. Cette année, ce constat s’avère toujours si vrai, puisque le programme des ressorties reste presque rachitique face à la déferlante à venir des films sélectionnés en festival. Ainsi, ils sont à peine une petite dizaine à s’efforcer de vous faire aimer et redécouvrir le cinéma d’antan et plus précisément celui des années 1980. Aucune rétrospective d’envergure n’est hélas à signaler au cours des quatre mercredis de ce mois-ci. Mais vous aurez quand même le privilège de voir ou revoir sur grand écran les œuvres de Margarethe von Trotta, Claude Lelouch, Michael Mann, Jean Cocteau, Coline Serreau et Rainer Werner Fassbinder.
Côté Cannes, à une dizaine de jours de l’ouverture de la 78ème édition du festival, on est toujours en attente de la sélection de Cannes Classics. La seule information ayant filtré jusqu’à présent, chez nos confrères américains de Variety, est le film d’ouverture de cette section parallèle dédiée depuis 2004 au cinéma de patrimoine. Il s’agit du classique indémodable de Charles Chaplin La Ruée vers l’or, qui fêtera son centenaire avec une restauration en 4K et qui sera distribué en France par MK2 fin juin.

Un printemps français
Au vu du nombre réduit de ressorties, il nous paraît suffisant de les séparer en deux groupes : les films français et les autres. Effectivement, la production nationale est assez joliment représentée, grâce à cinq films ayant remporté soit l’adhésion critique, soit l’engouement public, voire les deux à la fois. Ceci est indiscutable dès mercredi prochain, le 7 mai, grâce à la ressortie un brin opportune chez Metropolitan Filmexport d’Un homme et une femme. Le film de Claude Lelouch, Palme d’or au Festival de Cannes en 1966, y a eu les honneurs cette année de fournir le motif de la double affiche officielle. D’où sans doute cette énième ressortie, seulement six ans après la précédente.
Deux semaines plus tard, le 21 mai, c’est en quelque sorte tout le spectre du cinéma français, du plus artistique au plus populaire, qui est condensé formidablement en trois films. Chez Splendor Films, deux œuvres majeures du poète du cinéma Jean Cocteau (1889-1963) revoient la lumière des projecteurs des salles obscures : le très surréaliste Le Sang d’un poète et le pas moins expérimental Le Testament d’Orphée. Le même jour, Mission Distribution nous permet de revoir enfin au cinéma, après d’innombrables diffusions à la télévision, la comédie champion du box-office en 1985 et César du Meilleur Film l’année suivante, Trois hommes et un couffin de Coline Serreau avec le trio gagnant formé alors par Roland Giraud, André Dussollier et Michel Boujenah.
Enfin, c’est un autre film français césarisé – Meilleur montage en 2002 – qui fera son retour en version 4K restaurée le 28 mai chez Tamasa Distribution, pour le plus grand bonheur des petits et des grands spectateurs. Le Peuple migrateur de Jacques Perrin est le genre d’immense entreprise de documentaire animalier qu’on ne voit plus que sur le petit écran de nos jours. Au tournant du siècle, il a fallu des années de préparation et de tournage pour observer les trajets de migration et les escales saisonnières d’une trentaine de types d’oiseaux. Près d’un quart de siècle après sa sortie initiale, le film nous rappelle également à quel point la sauvegarde de ces espèces et de leurs espaces est vitale et urgente.

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Hanna Schygulla et les autres
Non, ce n’est pas une rétrospective officieuse, d’autant moins que la ressortie de deux films avec l’actrice allemande Hanna Schygulla s’adosse à celle d’autres films de leur cinéaste respectif. La sortie tardive la semaine prochaine chez Splendor Films du magnifique Ingeborg Bachmann de Margarethe von Trotta, découvert au Festival de Berlin en 2023, a dû donner l’idée au distributeur de ressortir par la même occasion L’Amie de la même réalisatrice et donc avec Hanna Schygulla. Cette histoire contée au féminin avait été présentée en compétition au Festival de Berlin en 1983. Puis, trois semaines plus tard, Schygulla brille dans l’un de ses rôles emblématiques, Lili Marleen de Rainer Werner Fassbinder, chez Carlotta Films.
À la fois le génie et l’enfant terrible du cinéma ouest-allemand, ce même Fassbinder aurait eu 80 ans à la fin de ce mois-ci. On reviendra donc sans faute dans notre chronique du mois de juin sur la grande rétrospective en vingt films que Carlotta lui consacrera à partir du 11 juin !
Seuls deux autres films se disputeront les faveurs des cinéphiles nostalgiques en ce mois de mai. Mercredi prochain, DHR Distribution nous sortira un inédit sous la forme de Leila et les loups de Heiny Srour, un brûlot poignant sur l’influence néfaste au fil du temps du patriarcat dans les territoires palestiniens et libanais. Et la semaine suivante, ce sera enfin l’heure d’exhumer grâce à Carlotta La Forteresse noire, le deuxième long-métrage de Michael Mann. Suite à l’échec cuisant de ce film fantastique baroque en 1983, le réalisateur était retourné vers ses premières amours à la télévision, où il avait produit alors les cinq saisons de la série phénomène « Miami Vice ».
