De retour en salles au mois d’avril 2024

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Bushman © 1971 American Film Institute / Malavida Films Tous droits réservés

En avril, ne te découvre pas d’un film. C’est bien comme ça qu’on dit ? Évidemment que non. Permettez-nous néanmoins ce détournement du conseil vestimentaire proverbial pour caractériser le programme des ressorties de ce mois printanier 2024. Car une fois de plus, ces dernières ne sont pas à un nombre suffisant pour pouvoir parler de profusion. Tout juste une dizaine, répartie en ordre dispersé sur les quatre mercredis du mois. Toutefois, les distributeurs spécialisés dans le cinéma de patrimoine se surpassent encore et toujours en termes de qualité et de rareté.

Ainsi, ils nous ont préparé un cocktail cinématographique des plus complémentaires, allant du plus beau du cinéma asiatique au plus populaire du cinéma français, en passant par des pépites et autres inédits venus du continent américain. Et si vous y retrouverez les suspects habituels du cinéma d’antan de qualité aux noms de Wong Kar-Wai et Paul Verhoeven, il est de même à nouveau temps de garder l’esprit et la mémoires ouverts pour les noms de cinéastes trop longtemps ignorés ou tombés dans l’oubli tels que Rogelio A. Gonzalez, Robert Harmon, David Schickele et surtout Stanley Kwan.

Rouge © 1987 Golden Way Films / Golden Harvest Company / Carlotta Films Tous droits réservés

En ce triste jour d’anniversaire de la disparition du chanteur et acteur hong-kongais Leslie Cheung, qui s’était donné la mort le 1er avril 2003, le fait que deux de ses films ressortiront ce mois-ci a de quoi nous réconforter. En plus de la reprise le 17 avril chez Les Bookmakers de Les Cendres du temps de Wong Kar-Wai, présenté en compétition au Festival de Venise en 1994 et dont la version redux était initialement sortie en France en septembre 2008, Cheung sera surtout à l’affiche de l’un des films les plus emblématiques de son compatriote Stanley Kwan. Rouge fera partie d’une rétrospective en quatre films, inédits pour deux d’entre eux ou de retour en salles pour les autres, qui constituera la pièce maîtresse de ce mois de reprises à partir du 10 avril chez Carlotta Films.

Membre de la troisième Nouvelle vague du cinéma de Hong Kong au même titre que ses contemporains Wong Kar-Wai et Fruit Chan, Stanley Kwan (* 1957) a su attirer les plus grandes actrices et les acteurs les plus populaires de son temps, grâce à ses mélodrames flamboyants, quoique toujours empreints d’une atmosphère intimiste.

Avant de réaliser au tournant du siècle une belle histoire d’amour gay avec Lan Yu, Kwan s’était illustré dix, voire quinze ans plus tôt à travers des productions au prestige commercial plus marqué. Dans le mélodrame entre potes en quête de célébrité Amours déchus, les jeunes Tony Leung et Chow Yun-Fat donnent la réplique à Irene Wan, tandis que Rouge, donc, réunit Leslie Cheung et Anita Mui dans une histoire de fantômes envoûtante. Le réalisateur avait signé son chef-d’œuvre avec Center Stage – Ours d’argent de la Meilleure actrice à Maggie Cheung au Festival de Berlin en 1992 – qui ressortira dans sa version director’s cut, plus longue d’une demi-heure que celle qui était sortie tardivement sur les écrans français fin 1999.

Les Maîtres du temps © 1982 Télécip / TF1 Films Production / Westdeutscher Rundfunk / SSR / BBC / Tamasa Distribution
Tous droits réservés

Seuls trois films français sont prévus de ressortir en salles ce mois-ci. Avec de surcroît la sortie-événement ponctuelle de Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ? le dimanche 14 avril, à l’occasion des dix ans de sa sortie initiale. La comédie familiale de Philippe De Chauveron avait conquis alors plus de douze millions de spectateurs et avait connu deux suites à ce jour : Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon dieu ? en 2019 et Qu’est-ce qu’on a tous fait au bon dieu ? en 2022.

Le succès impressionnant de Les Choristes de Christophe Barratier, à « seulement » sept millions d’entrées, remonte encore dix ans plus tôt, au mois de mars 2004. Accompagné de huit nominations aux César l’année suivante et deux trophées de la Meilleure musique originale et du Meilleur son, ainsi que de deux nominations aux Oscars comme Meilleur Film étranger et pour la Meilleure chanson « Vois sur ton chemin », interprétée à l’époque – et de sinistre mémoire – lors de la cérémonie à Hollywood par une Beyoncé ne maîtrisant guère la langue de Molière. Si vous avez donc envie de pousser à nouveau la chansonnette sous la baguette de Gérard Jugnot en prof bienveillant, ce sera à partir du 10 avril chez Pathé.

Deux semaines plus tard, ce sera au tour de la pépite du cinéma d’animation à la française Les Maîtres du temps de René Laloux de revoir la lumière des projecteurs numériques ou laser grâce à Tamasa Distribution. La pièce centrale de la filmographie de son réalisateur, composée de trois longs-métrages, Les Maîtres du temps et son imagination visuelle hors pair content, après La Planète sauvage et avant Gandahar, les aventures d’un petit garçon dans des univers futuristes inquiétants.

Le Squelette de Madame Morales © 1960 Manuel Alvarez Bravo / Alfa Film / Les Films du Camélia Tous droits réservés

Enfin, la répartition assez équitable entre régions du monde où l’on produit un cinéma de qualité s’achève outre-Atlantique avec trois films produits aux États-Unis et un autre au Mexique. Pour ce dernier, il s’agit de la comédie macabre Le Squelette de Madame Morales de Rogelio A. Gonzalez, qui ressortira dès mercredi prochain, le 3 avril, chez Les Films du Camélia. Ce distributeur œuvre depuis un certain temps en faveur de la redécouverte du cinéma mexicain. Notamment à travers son cycle de cinq films noirs de l’âge d’or du cinéma mexicain en juin dernier et la rétrospective en cinq films du réalisateur Roberto Gavaldon en décembre 2021. Cette farce déjà passée par la case Cannes Classics et Festival Lumière en 2023 est un nouvel exemple de cette cinématographie nationale à découvrir sans tarder.

Rien de hollywoodien n’est à signaler du côté de Bushman de David Schickele, un inédit du début des années 1970, déterré lui aussi à Lyon l’année dernière et sorti par Malavida Films dès le dernier mercredi du mois, le 24 avril. Dans cette perle du cinéma indépendant américain sous sa forme la plus pure, il est question d’intégration ou plutôt de rejet d’un refugié nigérian dans le climat politique et social agité qui régnait aux États-Unis à la fin des années ’60. Puis le cinéma de genre des années ’80 sera au programme des ressorties avec The Hitcher de Robert Harmon le 10 avril chez Tamasa Distribution avec Rutger Hauer en terreur des grandes espaces américains, suivi deux semaines plus tard par Peter Weller dans la peau métallique de Robocop de Paul Verhoeven chez Splendor Films, en version restaurée 4K et director’s cut, s’il vous plaît.

Les Cendres du temps Redux © 1994 Chi Hung Lai / Jet Tone Production / Block 2 Pictures / Fortissimo Films /
ARP Sélection / Les Bookmakers / The Jokers Tous droits réservés

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