En temps de crise, le moindre aspect de notre vie semble relever de la politique. En France, on attend avec beaucoup d’appréhension les nouvelles annonces du gouvernement pour faire tant soit peu face à la situation sanitaire qui se dégrade de jour en jour. Et aux États-Unis, le cirque électoral qui s’empare du pays tous les quatre ans devrait se terminer dans une semaine avec l’annonce des résultats du scrutin présidentiel. Puisqu’il est plus que probable que les Américains jouent les prolongations – à l’image du cauchemar d’il y a vingt ans – , vous aurez tout loisir de vous plonger dans le cycle mensuel de LaCinetek jusqu’au lundi 9 novembre inclus. Et cette offre de vidéo en ligne tombe de même à point nommé, alors qu’un confinement au moins partiel paraît de plus en plus inévitable.
Comme d’habitude, les programmateurs de LaCinetek ont établi une sélection de dix films à voir, à revoir et à analyser dans tous les sens imaginables pendant les deux semaines qui restent désormais de cette offre mensuelle. Le dispositif demeure inchangé, puisqu’il vous suffira de vous abonner sur le site de LaCinetek pour la modique somme de moins de trois euros par mois ou de trente euros par an.
Six ans après sa création par les réalisateurs Pascale Ferran, Laurent Cantet et Cédric Klapisch, la Cinémathèque des réalisateurs élargit une fois de plus son périmètre géographique. Son catalogue de plus de 800 films en vidéo à la demande est à présent disponible sur les marchés belge et luxembourgeois. Sont concernées pour l’instant uniquement les versions francophones, mais LaCinetek aspire à se rendre disponible en flamand dès que possible. A l’occasion de cet agrandissement, elle a confié la liste mensuelle des films préférés au réalisateur belge Lukas Dhont, découvert en 2018 grâce à Girl.
Il n’y a pas à en douter, la politique est décidément une histoire d’hommes. A tel point que la seule perspective féminine représentée dans la sélection du mois de LaCinetek est le documentaire farouchement féministe Sois belle et tais-toi. L’actrice Delphine Seyrig y interroge ses consœurs sur les discriminations sournoises dont elles ont été victimes dans leur travail. Une situation qui n’a hélas point évolué en quarante ans, ce qui peut expliquer le mauvais datage du film par Agnès Jaoui dans la traditionnelle vidéo de présentation d’un des films disponibles en illimité pendant la durée du cycle.
Sinon, contexte de course à la Maison blanche oblige, on trouve surtout des films américains dans cette liste des plus prestigieuses. Rien que les films de Stanley Kubrick, de Frank Capra et de Otto Preminger, respectivement sur une crise internationale causée par un général devenu fou, un jeune politicien idéaliste qui voit ses ambitions réduites à néant par la classe politique de Washington et le laborieux processus de confirmation d’un nouveau secrétaire d’état, on pourrait les regarder en boucle sans la moindre hésitation ! De même, sans doute, pour le documentaire hautement révélateur de Raymond Depardon sur les coulisses de la campagne présidentielle de Valéry Giscard d’Estaing en 1974. Tellement révélateur, en fait, que sa diffusion a été interdite jusqu’en 2002.
Les autres films proposés valent tout autant le détour, voire la soirée de couvre-feu chez soi. Deux regards français militants à travers le dernier film de Guy Debord et l’un des premiers de Eric Rochant sont ainsi complétés par le meilleur du cinéma transalpin, grâce aux films de Elio Petri et de Nanni Moretti.
La sélection « Politique » du mois d’octobre 2020
1974 Une partie de campagne (France / 1974) de Raymond Depardon
Docteur Folamour (Royaume-Uni / 1964) de Stanley Kubrick, avec Peter Sellers et George C. Scott
Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (Italie / 1970) de Elio Petri, avec Gian Maria Volontè et Florinda Bolkan, Grand Prix au Festival de Cannes en 1970 & Oscar du Meilleur Film étranger en 1971
In girum imus nocte et consumimur igni (France / 1978) de Guy Debord
Mr. Smith au sénat (États-Unis / 1939) de Frank Capra, avec James Stewart et Jean Arthur, Oscar de la Meilleure histoire originale en 1940
Palombella Rossa (Italie / 1989) de Nanni Moretti, avec Nanni Moretti et Silvio Orlando
Les Patriotes (France / 1994) de Eric Rochant, avec Yvan Attal et Richard Masur
Sois belle et tais-toi (France / 1981) de Delphine Seyrig
Tempête à Washington (États-Unis / 1962) de Otto Preminger, avec Henry Fonda et Charles Laughton
Les Trois jours du Condor (États-Unis / 1975) de Sydney Pollack, avec Robert Redford et Faye Dunaway (critique)