Critique : Things People Do

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Things People Do

États-Unis, 2015
Titre original : –
Réalisateur : Saar Klein
Scénario : –
Acteurs : Wes Bentley, Jason Isaacs, Vinessa Shaw
Distribution : Chrysalis Films
Durée : 1h50
Genre : Thriller, drame
Date de sortie : 18 février 2015

Note : 2/5

Après un rôle dans Interstellar en 2014, Wes Bentley, le voyeur psychopathe d’American Beauty, revient au cœur de ce qui aurait pu être une nouvelle satire mordante de la société américaine. Premier film mis en scène par Saar Klein, Things People Do promet d’ « interroger la place de la morale dans le monde moderne » (dixit le réalisateur) avec Wes Bently mais également Jason Isaacs et Vinessa Shaw.

Synopsis :  Bill, un père de famille dévoué, perd son travail du jour au lendemain. Il n’a alors pas d’autre choix que celui d’entrer, presque à son insu, dans l’illégalité. Quand il se lie d’amitié avec un inspecteur de police, c’est la double vie qui est désormais la sienne qui risque à terme d’être révélée…

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Une satire de la société ?

Se présentant d’abord comme une satire de la société américaine, Things People Do rassemble bien tous les clichés associés à l’American Dream, du moins tel que se l’est appropriée la classe moyenne des banlieues. Mais à mesure que les différentes couches de clichés tombent, on ne découvre pas grand chose d’autres que… de nouveaux clichés.

La vie familiale constitue le cœur de l’existence du héros, vie familiale dont le bonheur dépend essentiellement du confort matériel (grande maison avec piscine, grosse voiture de banlieue, jolie femme au foyer) et suppose donc la stabilité professionnelle du père. Quand Bill apprend par le patron de sa société d’assurance qu’il n’est « plus la bonne personne pour le poste », il ne dit rien à ses proches (pourquoi tourmenter sa femme, créature fragile, avec des problèmes qui la dépassent?) et opte, à l’instar de l’adversaire d’Emmanuel Carrère, pour le crime et le mensonge (si ce n’est le déni). Il descend brutalement la pente du crime, traversant le désert aride qui le mène aux maisons qu’il se met à braquer. Il rencontre alors certaines contradictions, comme le fait de prôner l’existence de valeurs morales auprès de son nouvel ami policier, lequel est incarné par le très charismatique Jason Isaacs qui, heureusement, insuffle un peu de piquant et d’humour par rapport à un Wes Bentley pour le moins insipide.

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Un thriller psychologique ?

Le film tourne alors en un thriller psychologique plus ou moins réussi. Certes, on frissonne parfois face au spectacle de ce monsieur tout-le-monde qui endosse, tant bien que mal, le rôle d’un apprenti braqueur. Certes, on a (parfois) le cœur serré en voyant cet homme que la pression financière pousse à la criminalité. Certaines scènes sont fortes, qui confrontent des plans de braquage avec des plans sur les enfants de Bill.

Toute l’énergie du film s’épuise cependant dans la mise en scène grossière de rapports de force sur-virilisés, les violences commises par Bill étant quasi systématiquement montrées comme un processus de « virilisation » du héros. Violence « virile » qui, tout compte fait, ne semble que l’accomplissement à l’extrême de tout son idéal de vie (à savoir : être un bon mari, un bon père de famille). Les dialogues entre employé et employeur, ou bien entre père et fils, y sont stéréotypés sans jamais de remise en question (« Tu veux devenir un homme, pas vrai?).

Toute les scènes narratives s’épuisent ainsi en démonstrations de pseudo « virilité » dont on ne sait plus vraiment si elles sont satiriques ou simplement faciles. Toute la complexité psychologique qui aurait pu être celle de Bill se délite dans ces scènes maussades et répétitives. A l’image de son héros, le scénario, à son issue, se complaît lui même dans une facilité regrettable.

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Un essai de récit contemplatif ?

Là où le film présente pourtant un intérêt (visuel), c’est dans l’attention portée à une géographie qui fonctionne comme le reflet de l’état moral du héros. À côté de la dimension proprement narrative, toute une trame du film adopte une temporalité plus lente et une dimension à la fois contemplative et symbolique, presque augurale. La maison est enclose par des barrières qui délimitent la frontière entre l’intérieur, domestique, et l’extérieur, désertique. Tout un jeu symbolique s’élabore donc dans le contraste entre la société et le no man’s land, entre l’humain et le sauvage, donc entre le territoire balisé par une supposée morale sociale et un désert moral. La caméra se focalise parfois sur des éléments apparemment annexes – tel ce chien venu du désert qui erre la nuit – qui interagissent de façon significative avec le personnage. La piscine, dont l’évolution est suivie du début à la toute fin (opacification et souillure de l’eau), incarne le parfait reflet de la conscience du héros, ce qui fait d’elle un personnage presque plus intéressant que les êtres de chair.

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Résumé

Que reste-t-il de Things People Do, sinon un sentiment désagréable de longueur et de lourdeur, d’un scénario incomplet qui enchaîne bout à bout des clichés si platement clichés que jamais rien de vraiment comique ni de vraiment piquant n’en sort, et où le héros, insipide, se débat inutilement ? Peut-être reste-t-il seulement la vision, prégnante elle, d’une piscine empoisonnée, intruse de la maison où elle est incrustée, laquelle est de toute façon encerclée par un désert aride…

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