Critique : Notre-Dame-des-Hormones (court-métrage)

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notre dame des hormones afficheNotre-Dame-des-Hormones

France, 2015
Titre original : –
Réalisateur : Bertrand Mandinco
Scénario : Bertrand Mandinco
Acteurs : Elina Löwensohn, Nathalie Richard, Michel Piccoli
Distribution : –
Durée : 0h30
Genre : Comédie, Fantastique

Note : 4,5/5

Au programme du nouveau film de Bertrand Mandinco à qui l’on devait l’étonnant Boro in the box (critique) un hommage au cinéma de monstre frappadingue. Le cinéma est riche en grands moments d’actrices au bord de la crise de nerfs, ou sur le point d’être rejetées de l’Histoire, les deux chefs d’oeuvre indépassables étant Sunset Boulevard de Billy Wilder et Eve de Joseph Mankiewicz. Ici l’on pense plus à Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? de Robert Aldrich ou Femmes Femmes de Paul Vecchiali (critique)

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Synopsis : Deux actrices passent un week-end dans une maison de campagne afin de répéter une pièce de théâtre (Oedipe). Lors d’une promenade dans les bois, l’une d’entre elles déterre une créature immonde qui devient un objet de convoitise pour les deux femmes prêtes à tout pour la posséder aux dépends de l’autre.

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Des trésors d’imagination et de créativité artisanale

L’idée de départ qui sera vite expédiée ad patres même si la question du jeu et de la scène sert de cadre à cet étrange objet de cinéma. Deux grandes actrices Elina Löwensohn (révélée par Hal Hartley avec Simple Men et Amateur) et la rivettienne Nathalie Richard (Haut, bas, fragile) sont Lune et Lautre qui s’affrontent, agissent comme des ennemies implacables mais dont la vie dépend de la poursuite de leur duel qui repose sur l’idée de « ni avec toi, ni sans toi », leur rivalité semblant être le moteur de leur vie au quotidien.

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Tout séduit ici, la photo de Pascale Granel, le cadre, la mise en scène et l’imagination de Mandico, son goût pour les filtres. Chaque plan est un tableau qui fait avancer l’histoire grâce au montage de Laure Saint-Marc, aux décors de Astrid Tonnelier, aux costumes de Sarah Topalian, au son et aux effets spéciaux de David Scherer, génie du maquillage et de création de créatures bizarres. Celle du film (à la tête de bite, faut bien le dire), en latex, poils, liquides divers et confiture est championne du monde dans le genre, à la hauteur de son travail sur L’étrange couleur des larmes de ton corps ou Theatre Bizarre. Tourné en dix jours pour des raisons éminemment financières, le film n’est jamais victime de son économie modeste. À l’écran, de la belle image en super 16mm, des trésors d’imagination et de créativité artisanale, sous influence mais trouvant son propre style. Sans que cela soit écrasant, l’on pense à Mario Bava et sa Planète des Vampires, Paul Vecchiali et ses femmes drôlement démentes, Borowczyk lui-même dans son rapport à l’étrange, Jacques Demy avec ce salon de thé en plein air qui est d’une grande normalité dans le contexte tout comme les chandeliers vivants à la Cocteau.

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Un ofni hilarant, crade et beau

Mandico développe pourtant son registre à lui, son travail est artisanal mais précis. La pellicule assume son statut de matière sensible tout comme l’est cet ofni hilarant, crade, cruel, beau, inventif porté par ses deux magnifiques comédiennes soutenues elles-mêmes par la narration bonhomme de Michel Piccoli que l’on est touché de retrouver. La recréation du son en post-synchro crée un détachement, une forme d’hypnose, soulignant par petites touches la dimension hilarante de cette comédie expérimentale et viscéralement drôle avec plans soignés où tout passe, même l’improbable et de l’improbable, on en trouve beaucoup ici ! Comme le dirait Christophe Lemaire, «un film qui commence par la musique de Cannibal Holocaust (du regretté Riz Ortolani) est forcément bon». Bien vu (ou entendu) et bien dit !

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Conclusion

Bravo à Christophe Taudière, de France 2, dont le réalisateur et l’actrice Elina Lowensöhn ont souligné lors de la présentation du film au Festival de Brive le fantastique soutien qui a permis à cette créature étrange qu’est Notre-Dame-Des-Hormones de sortir des bois. Après sa sélection remarquée à Brive en avril dernier, il sera présenté à trois reprises au Festival Côté Court de Pantin, le samedi 13 juin à 18h30, le lundi 15 juin à 22h00 et le jeudi 18 juin à 21h00 en présence de l’équipe.

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