Critique : Le processus de paix

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Le processus de paix

France : 2022
Titre original : –
Réalisation : Ilan Klipper
Scénario : Ilan Klipper, Camille Chamoux
Acteurs : Camille Chamoux, Damien Bonnard, Ariane Ascaride
Distribution : Le Pacte
Durée : 1h32
Genre : Romance, comédie dramatique
Date de sortie : 14 juin 2023

3.5/5

Alors qu’il est avant tout documentariste, il arrive de temps en temps à Ilan Klipper de s’aventurer dans des films de fiction. C’est ainsi que ce réalisateur tout aussi discret que talentueux nous présente aujourd’hui son deuxième long métrage de pure fiction, Le processus de paix, dans lequel on retrouve Camille Chamoux, déjà présente dans Le ciel étoilé au dessus de nos têtes, son premier long métrage de fiction, ainsi que dans Funambules, qui avait la particularité d’être un film hybride, à mi-chemin entre documentaire et fiction.

Synopsis : Quand on s’aime mais qu’on ne se supporte plus, qu’est-ce qu’on fait ?
Marie et Simon sont profondément amoureux, malgré les disputes constantes dans leur vie de couple. Pour ne pas se séparer, ils se lancent dans une aventure un peu folle : établir une liste de règles qu’ils devront suivre coûte que coûte. Ils l’appellent la charte Universelle des droits du couple.

Un couple observé à la loupe, un autre vu de loin

Des couples qui passent leur temps à se disputer pour un oui ou pour un non, à s’asticoter, à s’invectiver, et qui, malgré tout, sont toujours ensemble après de longues années, on est certainement nombreux à en connaître. De même, connaît on des couples dont tout porte à croire qu’ils s’entendent à merveille et qui, un beau jour, nous surprennent en nous apprenant qu’ils se séparent. Force est donc de reconnaître que la vie intime d’un couple s’avère être un mystère, même pour ses meilleurs amis, même pour les membres de sa famille. Et si, grâce à un film de cinéma, on était convié à aller voir ce qui se passe auprès de deux couples ! Un couple, surtout, un couple qui appartient à la première catégorie, un couple dans la quarantaine formé de Simon, prof d’histoire à la fac, spécialisé dans le conflit israélo-palestinien, et de Marie, animatrice de l’émission « Point G » sur Radio Active. Entre eux, le conflit est presque permanent, fait de reproches souvent très durs de l’un envers l’autre et de l’autre envers l’un, des reproches très souvent liés à la façon de s’occuper de leurs deux enfants, mais pas seulement. De temps en temps, il leur arrive de chercher un terrain d’entente sur un point particulier, jusqu’au jour où leur rencontre avec Raphaël, vieil ami de Marie et utilisateur d’un site, co-parents.fr, qui prône la distinction entre parentalité et conjugalité, les incite à élaborer une charte, « charte universelle des droits des couples », une charte en 10 points ayant pour buts, si ils sont scrupuleusement respectés, d’obtenir l’apaisement au sein d’un couple. Vaste programme qui risque fort de ne pas aboutir au but recherché, un peu comme le processus de paix entre israéliens et palestiniens dont Simon parle à ses étudiantes et à ses étudiants et qui a patiné durant des années sans jamais aboutir. Quant à l’émission « Point G » de Marie, il s’agit d’une émission féministe qui se risque à parler du plaisir féminin, une émission qui fait de gros scores d’écoute mais qui est très critiquée et très jalousée par ses collègues masculins ainsi que par Bruno, son directeur d’antenne, forçant Marie à la défendre becs et ongles.

Malgré les nombreux accrochages qui peuplent leurs vies de tous les jours, Simon et Marie sont d’une fidélité à toute épreuve et n’ont jamais envisagé de se séparer. Pourquoi ? Sans doute parce que, probablement, ils s’aiment, tout simplement. Cela dit, l’un et l’autre ont du mérite, Marie parce que Nadia, avec qui elle travaille, une femme un peu plus âgée qu’elle, ne cesse de lui faire part du bonheur qu’elle a à s’épanouir dans les bras des hommes qui lui plaisent et qu’elle choisit, des hommes plus jeunes qu’elle si possible, une femme qui la pousse à suivre son exemple, Simon parce que Michèle, sa propre mère, lui raconte combien elle était heureuse du vivant de son mari, partageant sa vie entre ce dernier, son amant régulier et ses amants de passage. L’autre couple, celui qui va annoncer sa séparation alors que tout portait à croire que l’entente entre eux était parfaite, c’est celui formé par Esther, la sœur de Simon, et Jérôme. Ce couple là, quand il débarque chez vous avec leurs 4 enfants, c’est l’enfer : une véritable tornade qui va vous laisser, entre autre, avec un téléphone portable sur le carreau, « complètement cassé ». Mais voilà, comme dit Esther, « quand on est allé au bout de cette saloperie de vie conjugale, mieux vaut un bon divorce qu’un mauvais mariage ! », un avis que ne partage pas du tout Simon pour qui « un couple c’est comme un jardin, ça s’entretient ». En fait, malgré l’apparente entente qui régnait entre eux, ils se sont sentis débordés par le chaos généré par leurs enfants et ont opté pour la séparation, seul moyen pour eux de retrouver le calme et la sérénité.

Le choix de la comédie

C’est d’un commun accord que Camille Chamoux et Ilan Klipper ont décidé d’écrire ensemble un scénario dont le sujet serait le couple, sur ce qui en fait la beauté et sur les difficultés que peut engendrer la vie au sein d’un couple. Chacun de son côté, Camille et Ilan étaient en couple et se posaient le même genre de question, genre « comment fait on quand on s’aime et qu’on ne se supporte plus ? » ou comment peut on supporter de retrouver la guerre à la maison alors que vous aspirez à y retrouver le calme après avoir vécu toute la journée la dureté de la vie du dehors ? Camille et Ilan avaient déjà travaillé ensemble, Camille ayant été comédienne dans 2 films réalisés par Ilan, Le ciel étoilé au dessus de ma tête et Funambules. Ce travail en commun leur avait permis de constater combien étaient proches leur conception de l’humour et leur goût pour des dialogues à la fois percutants et très travaillés. L’envie de traiter le sujet qu’ils avaient choisi sur le ton de la comédie s’est tout de suite imposée et, petit à petit, le scénario s’est construit à partir d’éléments vécus dans leurs vies personnelles ou glanés lors de rencontres avec d’autres personnes. C’est ainsi que l’idée de la « charte universelle des droits des couples » est venue à la suite d’une rencontre avec un ami homosexuel qui leur a parlé du site co-parents.fr, un site de rencontre qui s’adresse surtout à des femmes et à des hommes désirant s’engager dans la parentalité sans pour autant entrer dans la conjugalité.

Un excellent casting

Si Camille Chamoux et Damien Bonnard sont irréprochables dans des rôles difficiles consistant à en faire beaucoup sans en faire trop, que dire des prestations de ces 2 grandes comédiennes que sont Jeanne Balibar et Ariane Ascaride ?!?! La façon dont Nadia, interprétée par Jeanne Balibar, évoque ses aventures sexuelles avec ses jeunes amants est tout bonnement irrésistible, et, Ariane Ascaride ne l’est pas moins lorsque, se glissant dans la peau de Michèle, la mère de Simon, elle désarçonne son fils en lui parlant du bonheur qu’elle avait vécu avec son mari, son amant régulier et ses amants de passage. Dans des rôles d’accompagnement, Sabrina Seyvecou et Sofian Khammes  sont parfaits dans leur interprétation d’Esther et de Jérôme, le couple inverse de celui de Marie et Simon, tout comme Laurent Poitrenaux dans celui de Bruno, le Directeur d’antenne de Marie.

Conclusion

La comédie est un art difficile. Plus habitué au documentaire qu’à la fiction, Ilan Klipper s’était frotté à ce genre il y a 5 ans avec Le ciel étoilé au dessus de nos têtes et c’était loin d’être une réussite. Cette fois ci, bien aidé par une distribution 5 étoiles, il réussit son coup avec Le processus de paix, un film sur les problèmes que peuvent rencontrer les couples, un film qui fait rire mais pas que … !

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