Critique Express : To kill the beast

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To kill the beast

Argentine, Brésil, Chili : 2021
Titre original : Matar a la bestia
Réalisation : Agustina San Martin
Scénario : Agustina San Martin
Interprètes : Tamara Rocca, Ana Brun, Julieth Micolta
Distribution : Jour2fête
Durée : 1h20
Genre : Drame, Fantastique
Date de sortie : 13 juillet 2022

3/5

Synopsis : A la frontière de l’Argentine et du Brésil, Emilia, 17 ans, recherche ardemment son frère disparu. Son périple la mène dans l’hôtel de sa tante au coeur de la jungle tropicale, hanté par une bête monstrueuse, qui, selon les mythes et croyances locales, serait l’incarnation protéiforme d’un esprit diabolique. Entre réalité et mythe, culpabilité et éveil de sa sexualité, Emilia va devoir affronter son passé.

La recherche d’un frère, la recherche d’une bête, la découverte de l’amour

Emilia est tenace ! En effet, cette jeune fille de 17 ans essaye désespérément de rentrer en contact téléphonique avec Mateo, son frère, qu’elle n’a pas revu depuis la mort de leur mère, mais le résultat est toujours le même : « Votre correspondant n’est pas disponible. Laissez un message après le signal sonore ». Malgré la désapprobation d’une telle visite de la part d’Helena, une sœur d’Emilia et de Mateo, cette recherche amène Emilia à se rendre chez leur tante Inès qui tient un hôtel dans la province argentine de Misiones, à proximité du río Paraná, en aval des chutes d‘Iguazú. Cette tante entretenait de mauvais rapports avec sa sœur, la mère d’Emilia et de Mateo, et ce n’est pas avec un large sourire qu’elle accueille sa nièce  qu’elle met aussitôt au travail dans son établissement. Très vite, Emilia va s’apercevoir que les habitants de la bourgade alentour vivent dans la peur d’une bête qui serait le fantôme d’un homme maléfique. La nuit, ces habitants, munis de lampes électriques, partent dans la forêt tropicale à la recherche de la bête.

S’agissant du cinéma sud-américain, on parle souvent à son sujet de « réalisme magique », avec l’apparition de phénomènes surnaturels, irrationnels, dans un contexte réaliste. En réunissant dans son film la recherche d’un frère par une jeune fille et celle d’une bête maléfique par les habitants d’une bourgade, en entremêlant le réel et l’imaginaire, c’est dans ce courant que la jeune réalisatrice argentine Agustina San Martin vient placer To kill the beast, son premier long métrage. La forêt tropicale vient apporter sa contribution à cette appartenance au « réalisme magique », avec ses bruits nocturnes caractéristiques, avec la moiteur que la réalisatrice arrive à nous faire sentir. Toutefois, in fine, le film s’avère plus réaliste que magique lorsqu’on prend conscience qu’Emilia n’est pas seulement à la recherche de son frère mais également à la recherche d’elle-même, à la recherche de sa sexualité, une recherche qui va se concrétiser avec l’arrivée de Julieth, une cliente noire arrivant à l’hôtel pour un séjour d’un mois.

A 30 ans, Agustina San Martin a déjà pratiqué de nombreux métiers du cinéma : cheffe opératrice, coloriste, scénariste et, avec To kill the beast, elle est devenue réalisatrice d’un long métrage de fiction. Comme elle, Tamara Rocca, l’interprète d’Emilia, a plusieurs cordes à son arc : elle est bien sûr comédienne, mais elle est également danseuse et performeuse. Egalement danseuse et comédienne, Julieth Micolta, l’interprète de Julieth, est une afro-colombienne très impliquée dans les combats contre le racisme. Quant à Ana Brun, l’interprète de la tante Inès, sa carrière est très courte malgré les 40 ans qu’elle aura en septembre. En effet, cette paraguayenne, avocate de profession, a tourné son premier film, Les héritières de son compatriote Marcelo Martinessi, alors qu’elle avait déjà 36 ans. Un début en fanfare puisqu’elle a remporté l’Ours d’argent de la meilleure actrice lors de la Berlinade de 2018 pour son interprétation de Chela dans ce film.

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