Cine+ Classic rend hommage à Jean-Jacques Bernard

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L’éminent critique de cinéma Jean-Jacques Bernard est décédé d’une crise cardiaque ce jeudi soir, 12 novembre, à l’âge de 64 ans, juste après une rencontre avec des étudiants et des cinéphiles autour de la critique de film lors du Festival de Sarlat, qui devrait lui rendre hommage lors de l’annonce du palmarès ce soir. On se souvient notamment de lui pour sa voix chaude que l’on pouvait entendre sur France Inter ou pour les plus «âgés» de l’émission d’extraits de films sur Canal + sur les sorties de la semaine dans les années 80-90. Il fut président du Syndicat de la Critique de 2007 à 2013.

Il était avec quelques autres (dont Jean Ollé-Laprune pour n’en citer qu’un) l’un des visages de Ciné Cinéma Classic, empêchant la chaîne de n’être qu’un robinet à films d’avant mais aussi d’être un lieu de vie d’aujourd’hui. Il a aussi été l’animateur de la radio du Festival Lumière à Lyon (où il avait fait ses études, licencié en Droit et diplômé de Sciences Politiques) où il rencontrait les multiples personnalités invitées qu’il faisait parler avec bienveillance et pertinence. Il avait reçu en 2011 dans ce festival le premier prix Bernard-Chardère pour sa « contribution au métier de journaliste et critique de cinéma, et pour sa cinéphilie, son style, sa curiosité et son humour». Il fut éditorialiste pour le magazine Première de 1979 à 2003.

Il était l’auteur d’ouvrages sur le cinéma (dont l’essai Petit Éloge du cinéma d’aujourd’hui en 2011, son «autocinébiographie ») et avait réalisé des documentaires sur des grands cinéastes (André Téchiné, Bertrand Blier, Francesco Rosi, Stanley Donen, Arthur Penn, Alfred Hitchcock, Ernst Lubitsch) dont certains seront présentés ce week-end sur Ciné+ qui lui rend hommage ce week-end avec une programmation spéciale. On lui devait encore la case Histoires courtes créée en 1978 et toujours présente à l’écran sur France 2.

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L’hommage sur la chaîne Cine + Classic :

Samedi, 11h45 : Le Club, émission animée par Jean-Jacques Bernard avec Elia Kazan (1995)

Samedi, 12h50 : Le dernier numéro de l’émission Viva Cinema enregistré cette semaine par Jean-Jacques Bernard

Dimanche, 14h40 : Tous Critiques (2001) documentaire réalisé par Jean-Jacques Bernard et Julien Sauvadon en autour de la critique cinéma à l’ère d’internet

Dimanche, 15h30 : Lubitsch, le Patron (2010) documentaire réalisé par Jean-Jacques Bernard et NT Bihn

Dimanche, 16h25 : Tati … par le geste (2013) documentaire réalisé par Jean-Jacques Bernard

Dimanche, 17h20 : Hitchcock et La Nouvelle Vague (2006) documentaire réalisé par Jean-Jacques Bernard

Dimanche, 18h20 : Welles Angels (2007) documentaire réalisé par Jean-Jacques Bernard

Dimanche, 19h10 : Le Club numéro anniversaire de la 100èm animé par Jean-Jacques Bernard avec Robert Wise

L’ensemble de ces programmes seront disponibles sur Ciné + à la demande dans la foulée de leur diffusion. Un clip Hommage à Jean-Jacques Bernard, tout en image des différentes émissions réalisées pour Ciné + Classic, sur un texte dit par Pierre Zéni sera également diffusé sur les différentes antennes de Ciné + à compter de ce week-end.

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Bruno Deloye, le directeur de la chaîne, lui a rendu hommage avec un texte à découvrir ci-dessous, où il évoque sa personnalité chaleureuse (le croiser était toujours un moment agréable) et sa carrière :

«Notre cher Jean-Jacques Bernard est parti hier tragiquement lors du Festival de Sarlat, ou le colporteur de cinéma qu’était Jean-Jacques avait tout au long de cette ultime journée animé tables rondes et rencontres auprès du jeune public.

Journaliste, chroniqueur, réalisateur, écrivain et critique , Jean-Jacques était une figure incontournable de nos antennes depuis près de 25 ans que ce soit à l’époque de Ciné Cinéfil, de Ciné Classic puis aujourd’hui de Ciné + Classic, une figure enthousiaste, une des plumes les plus brillantes que je connaisse et une voix à nulle autre pareil.

Il avait ce talent de rendre passionnant certes un chef d’œuvre ultime du cinéma mais aussi et surtout ces petits films qui font aussi partie de l’histoire populaire du cinéma. Une comédie pompière de Fernandel même mineure trouvait toujours sous sa plume une résonnance positive qu’il communiquait à nos abonnés d’une manière savante mais surtout vivante, tant la passion du cinéma le chevillait au corps.

Homme multifacettes, Jean-Jacques Bernard excellait tout aussi bien sur des programmes courts, notre homme au « chapeau » qui nous contait l’histoire de chaque film que dans l’art du documentariste qui de d’Hitchcock et la nouvelle vague à Orson Welles et Paris savait écrire des histoires de cinéma des plus exaltantes, son amour de Tati et de Lubitsch nous avait offert deux très beaux portraits de ces cinéastes.

Jean-Jacques n’était pas l’homme du passé, ni le prisonnier d’une école de pensée, ce qui est tellement rare dans le monde des guerres de chapelles de la critique cinématographique, je me rappelle son livre « petit éloge du cinéma d’aujourd’hui », un petit livre par la taille mais costaud et roboratif en idée(s) comme Jean-Jacques savait les exprimer avec force et conviction, je me rappelle de son documentaire « tous critique » ou lui le thuriféraire d’André Bazin sur lequel il était en train d’écrire un projet documentaire, partait à la rencontre de la nouvelle critique 2.0 qui avec internet et ses blogs rendaient chacun critique de sa propre cinéphilie. Je me rappelle enfin ses discours de Président du syndicat de la critique qu’il fût si longtemps, des discours si brillamment écrit ; lui, l’élève de l’école de la république de Bourg en Bresse et de la faculté de droit de Lyon.

Aujourd’hui Ciné + Classic est orphelin de ce compagnon de route, son supplément d’âme nous manquera et sa prodigalité digne de Rabelais le consacrait comme un passeur d’excellence.

Je pense à sa femme et ses filles.

Je pense à Daniel et Jérôme chez Caïmans Productions qui avec lui se sont accompagnés mutuellement pour nous produire deux émissions hebdomadaires depuis plus de 10 ans ce « Boulevard du Classic » d’anthologie et plus récemment « Viva Cinéma »
Je pense à Pierre Zéni et aux équipes de la rédaction Ciné + qui perdent aujourd’hui un collègue, une pensée particulière pour Monique Mikaélian qui accompagnait Jean Jacques depuis Le club, la première émission de Ciné Cinéfil du début des années 90.

Un des derniers chapeaux que Jean Jacques aura fait pour nous était autour d’un film d’Ernst Lubitsch : le ciel peut attendre, un film tout en cynisme et raffinement, un film qui exalte la vie et le bonheur dans un au-delà que chacun remplira à sa convenance, mais je ne peux pas m’empêcher d’y voir une résonnance et un hommage prophétique entre amoureux du septième art.

Adieu l’ami»

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