Critique : Captives

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Canada, 2014
Titre original : The Captive
Réalisateur : Atom Egoyan
Scénario : Atom Egoyan, David Fraser
Acteurs : Ryan Reynolds, Scott Speedman, Rosario Dawson, Mireille Enos, Kevin Durand, Alexia Fast
Distribution : ARP Sélection
Durée : 1h53
Genre : Thriller
Date de sortie : 7 janvier 2015

Note : 4/5

Durant la dernière décennie du 20ème siècle, le réalisateur canadien Atam Egoyan était un invité régulier du Festival de Cannes tout en étant très apprécié par de nombreux cinéphiles. En 1997, De beaux lendemains fut récompensé à Cannes par le Grand Prix du Jury et est généralement considéré comme étant son œuvre la plus aboutie. La première décennie du 21ème siècle fut moins glorieuse avec, par exemple, La vérité nue, un film de commande dans lequel on ne reconnaissait pas la « patte » d’Egoyan. « Patte » qu’on retrouvait, par contre, dans Adoration, en 2009. 2014 : Atom Egoyan était de nouveau impliqué dans la compétition cannoise avec Captives. Dans quelle forme ?

 

Synopsis : Huit ans après la disparition de Cassandra, quelques indices troublants semblent indiquer qu’elle est toujours vivante. La police, ses parents et Cassandra elle-même, vont essayer d’élucider le mystère de sa disparition.

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Cassandra est-elle toujours vivante ? 

Alors qu’elle n’avait que 9 ans, Cassandra a été enlevée, Mathew, son père, l’ayant laissée 2 minutes seule dans sa voiture, le temps d’acheter une tarte et une glace dans une boulangerie. 8 ans se sont écoulés. Tina, la mère de Cassandra, n’a jamais réussi à pardonner à Mathew ce qu’elle considère comme une faute de sa part et le couple s’est séparé. La police n’a jamais cessé de s’intéresser à l’affaire et de nombreux indices tendent à prouver que Cassandra est toujours vivante. Nicole Dunlop est une spécialiste de tout ce qui concerne l’enfance en matière de criminalité : enlèvements, pédophilie, tournages de films dans lesquels des enfants sont torturés et qui sont diffusés sur la toile, etc.. Jeffrey Cornwall, lui, vient de la police criminelle qu’il a quittée à sa demande, ne s’occuper que de morts commençant à le lasser. Quant à Albert, c’est un garçon de l’âge de Cassandra qui patinait en couple avec elle et les 2 enfants s’étaient jurés de ne jamais avoir d’autre partenaire. Tous ces personnages vont s’avérer être, d’une façon ou d’une autre, captifs de quelque chose.

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 Les obsessions d’Atom Egoyan

Captives fait partie d’un genre, le thriller, un genre qui convient parfaitement à Atom Egoyan : il lui permet de glisser sans problème tout ce qui, chez lui, relève presque de l’obsession, son goût pour le voyeurisme, pour le fétichisme, pour les atmosphères troubles, sa passion pour les nouvelles technologies. Ce genre lui permet également d’utiliser au mieux les musiques oppressantes qu’écrit pour lui Mychael Danna, son compositeur attitré depuis son premier long métrage. Concernant la construction de son film, Atom Egoyan a choisi le mode puzzle, ne cessant de passer de l’époque de l’enlèvement à celle du présent, 8 ans plus tard, en passant par des épisodes s’étant déroulés 6 ans après l’enlèvement. Le réalisateur ne faisant guère d’effort pour permettre au spectateur de bien situer chaque scène dans son époque, il n’est pas interdit de faire une petite digression sur l’ « histoire » du retour en arrière. Il y a longtemps, bien longtemps, les réalisateurs annonçaient ostensiblement le début et la fin d’un flash-back par divers artifices, par exemple quelques secondes d’images floues. Puis, ils se sont débarrassés de ces annonces, se contentant, pour dater sans ambiguïté les séquences, de mettre en valeur des détails concernant principalement des vêtements, la couleur ou la longueur des cheveux des personnages, les voitures ou des ustensiles. Dorénavant, il faut croire que les réalisateurs ont une haute opinion concernant l’intelligence des spectateurs : les séquences sont jetées en pâture sans que, bien souvent, aucun détail « accessoire »ne permette de les dater avec certitude. Par contre, Atom Egoyan a soigné les « détails signifiants », histoire de donner des pistes. Par exemple, la musique que l’on entend au début : Mozart, l’air de la Reine de la nuit extrait de La Flûte enchantée, air au cours duquel la Reine de la Nuit donne un couteau à sa fille Pamina qui a été enlevée et lui demande de tuer Sarastro qui est pour elle l’homme des ténèbres. Mika, celui qui a enlevé Cassandra, s’imagine sans doute en Sarastro et le prénom de la mère, Tina, serait un clin d’oeil à la fois à Pamina et à Tamino. Notons à ce sujet que le film a failli avoir pour titre Queen of The Night ! Autre exemple, le prénom de la fillette enlevée : Cassandra, comme ce personnage de la mythologie grecque connu pour ses dons de prophétie et qui s’exprime souvent par énigmes.

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Une démarche artisanale

Comme c’est toujours le cas, Atom Egoyan a choisi de travailler avec son équipe technique habituelle, une équipe qui le connaît bien, ce qui lui permet d’être plus efficace dans son travail et de consacrer davantage de temps au jeu de ses acteurs. C’est Ryan Reynolds qui interprète le rôle de Matthew, Mireille Enos jouant elle celui de Tina. Rosario Dawson, découverte par Larry Clark il y a 20 ans, est une Nicole Dunlop très crédible aux côtés de Scott Speedman dans le rôle de Jeffrey Cornwall. Quant à Mika, c’est Kevin Durand qui l’interprète, un comédien déjà présent dans les 3 crimes de West Memphis, le film précédent d’Atom Egoyan. Ne pas retrouver Arsinée Khanjian, son épouse, au générique d’un film d’Atom Egoyan, eut été étonnant : eh bien, elle n’a certes qu’un tout petit rôle, mais elle est au générique. Sinon, pour trouver les paysages enneigées dans l’action du film se déroule, Atom Egoyan n’a pas eu à aller bien loin : Sudbury et sa région, Niagara Falls, 2 villes de l’Ontario à l’hiver bien rude, bien froid, bien blanc.

Conclusion

Malgré la froidure qui se dégage des images, cela fait chaud au cœur, de retrouver, de nouveau fidèle à lui-même, un réalisateur dont on a beaucoup apprécié des œuvres antérieures et qu’on avait un peu perdu de vie. Totalement passé inaperçu au dernier Festival de Cannes, Captives est un film … captivant qui vient prendre une place importance dans la filmographie d’Atom Egoyan.

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