Back To The Past #29

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Amis cinéphiles, bienvenue ! Ton site préféré te propose les Madeleines de Proust de David : par moult souvenirs et autres petites anecdotes, notre rédacteur te racontera comment s’est forgée sa cinéphilie durant sa prime jeunesse, laquelle a considérablement évolué durant son adolescence et son entrée dans l’âge adulte. Cela s’appelle « Back To The Past »…

– Qu’est-ce que tu fais ?

– Je rédige un nouveau texte, pour ma rubrique.

– Ta rubrique où tu racontes nos souvenirs par rapport au cinoche ?

– Eh oh ! MES souvenirs ! Toi, tu n’existes pas, t’es juste un interlocuteur imaginaire pour mon texte…

– Ah ouais, c’est vrai… Dis donc, y’a un souci ?…

– Comment ça ?

– Bin, ça fait déjà plusieurs jours que t’as commencé, t’as pas écrit grand-chose…

– Eh ouais…

– Qu’est-ce qui se passe ?…

– Bin, plus motivé… Plus d’inspiration…

– C’est-à-dire ?…

– Je sais plus du tout quoi écrire, quoi raconter…

– Et tu vas parler de quel film ?

– T’as pas vu l’affiche au-dessus du texte ?

– Ah ouais… Et t’es pas inspiré ? Sinon, tu choisis un autre film, si tu sais pas quoi dire sur celui-là.

– Oui, je pourrai faire ça. Mais j’ai vraiment d’évoquer ce film, même brièvement.

– Pourquoi ?

– Ce n’est pas un film essentiel dans mon parcours cinéphile. D’ailleurs, je ne l’ai pas revu depuis très longtemps, et j’avoue en avoir un souvenir assez flou, à part bien sûr quelques images. Mais c’est le premier film que j’ai possédé et choisi.

– Comment ça ?

– Eh bien, j’étais minot à l’époque, 8-9 ans, quelque chose comme ça ; je regardais déjà pas mal de films, malgré le maigre choix qui m’était donné : 3 chaînes de télé en tout et pour tout, pas internet, le ciné loin du domicile familial, pas de vidéo-club… Mais bon, c’était mieux que rien, et j’avais quand même du choix, on passait beaucoup de films à la télé, plus qu’aujourd’hui. Et ma maman, que j’embrasse très fort si elle lit ces lignes, était abonné à un magazine de VPC.

– Pardon ?…

– Ah oui, c’est vrai, internet, tout ça… Vente Par Correspondance ; en gros, c’est l’ancêtre de la FNAC et autres Amazon. Tu t’abonnais à un service, genre France Loisirs qui existe toujours, et tu recevais un catalogue tous les 3-4 mois environ, où tu pouvais commander des produits culturels, genre livres prioritairement, mais aussi CD, des jouets aussi, et…

– des DVD ?

– Mais non, voyons ! Le DVD est apparu bien plus tard. Là, c’était de la VHS. Un format aujourd’hui mythifié par une poignée de cinéphiles en mode « c’était mieux avant » mais qui était quand même un peu pourri : on avait les films en VF obligatoirement, au format recadré, et ça s’usait plus vite que la machine à coudre de ma grand-mère !

Et donc, pour je ne sais plus quelle occasion, j’avais peut-être bien travaillé à l’école ou autre, j’avais la possibilité de choisir un film en VHS. Choisir un film que je posséderai, une vraie copie, pas un enregistrement télé sur une cassette qui a déjà servi maintes et maintes fois, avec une vraie jaquette. Et j’avais le choix parmi pleins de titres différents, dans tous les genres.

– Et donc, pourquoi ce film ?

– C’était une nouveauté importante du catalogue pour ce trimestre, un titre en tête de gondole comme on dirait aujourd’hui. La cassette était mise en avant, pleine page, avec des accroches vantant les qualités du film, de quoi attirer le chaland, quoi ! Et tu vois, j’avais déjà vu Rencontres du Troisième Type, E.T., Ben-Hur, Roger Rabbit, et d’autres films populaires, donc j’étais attiré par tous les titres qui titillent l’imaginaire, te font voyager… Et comme j’avais 7-8 ans à l’époque, forcément, c’était comme le jouet à Noël qui clignote et fait plein de bruits, ça m’intéressait, d’autant plus qu’il y avait un détail très intriguant…

– Quoi donc ?

– Il n’y avait pas d’acteurs connus ou inconnus, et c’était pas non plus un dessin animé, ou un mélange prises de vue réelles/dessin animé, comme Roger Rabbit. C’était des marionnettes ! Des putain de marionnettes. Du jamais vu pour moi alors ! Un long-métrage entier, dans un univers fantastique, entièrement joué par des marionnettes ! J’étais complètement fasciné par le concept, alors ça plus la mise en avant par le service de VPC… J’ai foncé, j’ai choisi cette cassette !

– Et tu l’as reçu.

– Ouais, et bien sûr j’ai dû directement la visionner. Déjà, le fait de recevoir un film chez soi, c’était fou ! J’étais gamin, je voyais surtout des films sur le petit écran, un peu au ciné quand mes parents m’y emmenaient, mais c’est tout. Là, un film QUE J’AVAIS CHOISI arrive chez moi, en colis livré par la Poste ! Ça paraît con aujourd’hui, on commande par Amazon, on va au cinoche, on télécharge, on streame des films, des épisodes de séries, ça fait presque partie de ma vie quotidienne ; mais là, ce jour-ci, c’était grisant à un point… J’en avais presque pété un câble.

– Hou, la belle touche de nostalgie ! Mais c’est pas contradictoire par rapport à ce que t’as écrit avant ?…

– Au sujet de la VHS ? Ah mais oui, clairement, je comprends pas ce culte autour de la VHS aujourd’hui, tous ces blogs, sites internet, documentaires… D’accord, la VHS était un bel objet esthétiquement parlant, avec ce gros boîtier, ces jaquettes parfois très jolies, mais techniquement, c’était un format pas terrible, et c’était hyper restrictif ; seulement la VF, des masters parfois limites, l’image recadrée. Franchement, ce fétichisme de la VHS, je ne comprends pas… Le DVD, quand c’est arrivé, c’était méga cher, j’ai dû attendre plusieurs années avant de m’offrir un lecteur, mais ça a été la révolution ! Le choix VO/VF, au bon format (normalement !), avec des suppléments comme la bande-annonce, ou un making of ou autre… C’était génial, t’avais vraiment l’impression de te constituer une bibliothèque de films, comme une bibliothèque de livres. C’était pas le cas avec la VHS, même si j’en possédais beaucoup, ça faisait pas collection, ça faisait plus empilement de grosses boîtes, tu empilais des cassettes.

– Et le film ?…

– Bin, superbe, double claque en pleine face : déjà recevoir un film chez soi, et en plus un film magnifique comme celui-là, voir ça à 8 piges, tu ne t’y remets pas vraiment. Après, je t’avoue, j’ai pas revu le film depuis très longtemps, et j’ai peur qu’il ai un peu vieilli, j’ai pas envie d’écorner le souvenir de la découverte du métrage.

– Et bin voilà !

– Quoi ?…

– Ça y est, tu l’as, ton article ! Ça devrait suffire, non ?

– Ouais, je crois… En tous cas, c’est le dernier !

– Quoi ? Tu vas plus écrire !?

– Non, le dernier Back To The Past. J’ai fait le tour du concept, de mes souvenirs de cinéphile, maintenant il est temps de passer à autre chose et de trouver une autre thématique.

– Et tu as réfléchi ?

– Bin, pas trop. J’ai même longtemps hésité à continuer ; on est maintenant trop nombreux à écrire sur le cinéma, et puis reste à voir si les gens veulent encore du texte. Ils regardent maintenant de la vidéo sur YouTube, ou des podcasts audio. Mais bon, je vais quand même continuer dans mon coin, à mon rythme, et si ça plaît, tant mieux, sinon que les gens aillent se faire voir ! Et puis, j’ai une vie de famille, ça prend du temps et de l’énergie.

– Papa, tu parles à qui ?

– A personne, bonhomme, t’inquiète. Tu joues bien ?

– Oui, papa. On va voir quand, Ready Player One ?

Bonus : un texte sur le film par Jean-Noël Nicolau sur son indispensable « Web’s Worst Page »

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