Test Blu-ray 4K Ultra HD : Vampires – Édition Limitée Cult’Edition

0
217

Vampires

États-Unis : 1998
Titre original : –
Réalisation : John Carpenter
Scénario : Don Jakoby
Acteurs : James Woods, Daniel Baldwin, Sheryl Lee
Éditeur : ESC Films
Durée : 1h48
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 15 avril 1998
Date de sortie BR/4K : 17 décembre 2025

À l’aube du 21ème siècle, les vampires ne craignent ni les gousses d’ail, ni les crucifix. Un homme, Jack Crow, accompagné d’une poignée de mercenaires, les traque impitoyablement et détruit leurs nids jusqu’à l’éradication totale. Il doit gagner la guerre avant qu’ils ne mettent la main sur la croix de Berziers qui leur assurerait de régner à jamais sur la Terre…

Le film

[5/5]

Vampires n’a pas besoin de se cacher derrière des capes gothiques ou des châteaux poussiéreux pour exister. Ici, le vampire sort du placard et se retrouve projeté en plein désert américain, sous un soleil qui brûle les yeux autant que les peaux. John Carpenter, qui n’a jamais eu peur de mélanger les genres comme un DJ ivre au mariage de sa cousine, transforme le film d’horreur en western crépusculaire. Les chasseurs de vampires ressemblent à des cow-boys fatigués, et James Woods, en Jack Crow, incarne un héros qui n’a plus grand-chose à perdre, sinon ses lunettes de soleil et son vocabulaire pour le moins fleuri. Vampires devient ainsi une réflexion sur la fin des mythes : le vampire n’est plus une figure romantique, mais une bête à abattre, et le chasseur n’est plus un chevalier, mais un mercenaire payé par le Vatican.

Dans Vampires, la violence est sèche, brutale, presque mécanique. John Carpenter filme les exterminations vampiriques comme des opérations militaires, avec des câbles, des treuils et des pick-ups. Le rituel sacré se transforme en bricolage de garage, et c’est précisément là que le film trouve sa force : l’horreur devient une routine, une sale besogne. Ce n’est pas un hasard si Carpenter, grand amateur de Howard Hawks, injecte dans Vampires une énergie de film de commando, où l’équipe est plus importante que l’individu. Les dialogues claquent comme des balles, et les silences pèsent comme des pierres tombales. On est loin des vampires aristocrates de la Hammer ou des créatures adolescentes de Buffy contre les vampires (dont la diffusion a commencé quelques mois auparavant à la télévision), et c’est tant mieux : Carpenter refuse la séduction pour privilégier la sueur et la poussière.

Vampires joue aussi sur une esthétique paradoxale : le soleil, habituellement absent des films de vampires, devient ici l’allié des chasseurs. La lumière écrase les corps, blanchit les paysages, et transforme le film en western solaire. « Big John » Carpenter détourne les codes du genre pour mieux les dynamiter : le vampire n’est plus une ombre, mais une menace visible, tangible, presque vulgaire. Cette frontalité visuelle correspond à la brutalité des personnages, qui ne s’embarrassent pas de métaphores. James Woods balance ses répliques comme des gifles, et Daniel Baldwin, en sidekick fatigué, incarne une masculinité cabossée, loin des héros glamour. Vampires devient ainsi une méditation sur la fin des illusions : le mal est là, brut, sans fioritures, et le bien n’a plus de panache. On retrouve également cet aspect dans la misogynie galopante des dialogues du film, la maltraitance systématique des personnages féminins étant un moyen pour Carpenter de nous livrer un discours très pointu sur le western de l’Âge d’Or.

Mais cette rugosité fait partie du projet : Vampires ne cherche pas à plaire ou à provoquer chez le spectateur le grand frisson vampirique, il cherche au contraire à le cogner, à le secouer dans son fauteuil. Dans un monde où les vampires ne craignent ni l’ail ni les crucifix, les chasseurs doivent inventer de nouvelles armes, et Carpenter invente un nouveau langage cinématographique. Et si le film de Big John peut, par certains aspects, rappeler Une Nuit en Enfer (Robert Rodriguez, 1996), qui mélangeait déjà western et horreur, il choisit néanmoins une voie plus sèche, moins baroque, moins ouvertement comique et plus désespérée. Là où Rodriguez et sa clique s’amusaient, Carpenter semble quant à lui vouloir exorciser ses propres démons.

La musique de Vampires, comme souvent composée par John Carpenter lui-même, ajoute une dimension supplémentaire à l’ensemble. Les riffs de guitare électrique résonnent comme des échos de western moderne, et la bande-son devient un personnage à part entière. On sent que Carpenter, fatigué par les échecs commerciaux de ses films précédents, met ici toute son énergie dans une œuvre qui lui ressemble : rugueuse, directe, sans compromis. Vampires est un film qui refuse la séduction pour mieux imposer sa vérité : le mal est banal, et le combat contre lui est une corvée. C’est peut-être là la leçon la plus philosophique du film : la lutte contre les ténèbres n’a rien de glorieux, mais elle est nécessaire. En élargissant la réflexion, Vampires peut être vu comme une espèce de film-testament pour John Carpenter. Les vampires, figures du passé, y sont traqués par des chasseurs modernes ; le cinéma de Carpenter, héritier des westerns et des films de Hawks, se confronte de fait également à la modernité et à ses désillusions. Il n’y a ainsi rien d’étonnant à ce que Vampires prenne les atours d’une œuvre crépusculaire, où le mythe s’effondre et où ne reste que la poussière. Et si certains spectateurs trouvent le film trop brutal ou trop cynique, il faut reconnaître à John Carpenter l’audace d’avoir voulu déranger, provoquer, afin de rappeler que le cinéma est aussi une arme.

Le coffret Blu-ray 4K Ultra HD

[5/5]

Le Blu-ray 4K Ultra HD de Vampires, édité par ESC Films, se présente dans un boîtier avec fourreau élégant : le packaging est sobre, élégant efficace, et le superbe artwork du fourreau signé Colin Murdoch ajoute à cette édition une touche « Collector » absolument superbe. Le film de Carpenter nous est proposé au sein de la prestigieuse collection « Cult’Edition », et s’impose de fait dans un gros coffret de type « luxe ». Proposé dans un tirage limité, le coffret contient donc non seulement le Blu-ray 4K Ultra HD du film dans un sublime Digipack 3 volets, mais également le Blu-ray du film, un Blu-ray de bonus et tout un tas de « goodies » réunis pour l’occasion : un livret inédit de 52 pages, l’affiche du film et dix photos du film. On a donc entre les mains un véritable et bel objet de collection…

Côté galette Katka, l’image bénéficie d’un master solide : les contrastes sont renforcés, les noirs sont profonds, et les séquences en plein soleil gagnent en intensité. L’étalonnage HDR10 met en valeur la poussière du désert et les flammes des exterminations, donnant au film une dimension presque tactile. Quelques défauts subsistent, notamment dans certaines scènes nocturnes où le grain devient parfois envahissant, mais l’ensemble reste extrêmement convaincant : on n’avait jamais vu le film dans de telles conditions depuis sa sortie dans les salles obscures. Côté son, les mixages VF et VO sont proposés en DTS-HD Master Audio 5.1, et nous offrent une spatialisation efficace : les dialogues claquent, les riffs de guitare résonnent avec puissance, et les effets sonores (explosions, cris, coups de feu) enveloppent le spectateur. La version originale reste plus équilibrée, mais la version française conserve un charme rugueux et des dialogues trash qui correspondent parfaitement à l’esprit du film.

Côté suppléments, le Blu-ray 4K Ultra HD de Vampires ne contient que la traditionnelle bande-annonce et un commentaire audio de John Carpenter (VOST), qui s’avère un document précieux : Carpenter y évoque son amour des westerns, ses choix de mise en scène, et ses doutes sur sa carrière. On notera également la présence de la piste musicale isolée, qui permettra de savourer les compositions de Carpenter sans distraction. Sur le Blu-ray, on trouvera également un making of d’époque (24 minutes), qui compile des interviews et des images de tournage, offrant un aperçu savoureux de l’ambiance sur le plateau. On continuera ensuite avec une présentation du film par Jean-Baptiste Thoret (29 minutes), qui replace le film dans l’œuvre du cinéaste. Il reviendra sur l’alternance entre les films de studio et les films indépendants, Vampires ayant été tourné juste après Los Angeles 2013, qu’il avait accepté par amitié pour « Kourte Roussel ». Selon lui, depuis L’Antre de la folie en 1994, le cinéaste se sentait dépassé par la nouvelle génération de films d’horreur représentés par le « méta-slasher » à la Scream, et Vampires avait entièrement été conçu « en réaction », pour être l’anti-Scream., old school, avec effets spéciaux à l’ancienne, personnages borderline, etc. Intéressant. On terminera avec une analyse de séquences par Frédéric Mercier (25 minutes), qui nous propose une lecture assez fine et intéressante des choix de mise en scène sur trois séquences du film – le générique, l’attaque du motel et la séquence de la prison. Ces suppléments, bien équilibrés entre documents d’époque et analyses contemporaines, donnent au Blu-ray 4K Ultra HD une vraie valeur ajoutée.

Sur le Blu-ray Bonus, on trouvera un entretien avec Olivier Desbrosses consacré aux musiques originales signées John Carpenter (19 minutes), un documentaire sur John Carpenter (59 minutes) tiré de la série « Les réalisateurs », produit par l’American Film Institute dans les années 90 et multi-diffusé sur les chaînes cinéma à l’époque du câble et du satellite, et une section « entretiens divers » (c’est de saison). Ces entretiens sont tous liés au tournage de Vampires. On trouvera tout d’abord un entretien avec John Carpenter, la productrice Sandy King et le directeur de la photographie Garry B. Kibbe (12 minutes). Le cinéaste et son épouse y évoquent l’adaptation du roman de John Steakley (disponible en France chez Pocket), le casting et la musique. Le chef op revient quant à lui sur les défis liés à un film de vampires tourné en plein jour. On enchaînera avec un entretien avec James Woods (22 minutes) qui revient sur son personnage ainsi que sur la liberté que John Carpenter lui a accordée, notamment pour improviser ses dialogues. On aura ensuite droit à un entretien avec Thomas Ian Griffith (10 minutes), qui revient sur ses compétences en arts martiaux (il a joué dans Karaté Kid 3), sur sa première rencontre avec Sandy King lors d’une audition, sur ses cascades et sur le plaisir qu’il a eu à incarner Valek. On terminera le tour des acteurs avec un entretien avec Tim Guinee (13 minutes), qui joue le fameux « Padre » du film. Et puisqu’il avait tourné dans Blade avant de jouer dans Vampires, l’acteur évoquera son expérience sur deux films de vampires consécutifs. Enfin, les entretiens divers se termineront avec un entretien avec Greg Nicotero (10 minutes), véritable légende des effets spéciaux, qui reviendra sur son travail sur le film de Carpenter. En deux mots comme en cent, ESC Films signe ici une édition qui respecte le film et son auteur, tout en offrant aux spectateurs les outils pour mieux comprendre son importance. On applaudit des deux mains !

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici