Chevalier
États-Unis, France : 2001
Titre original : A Knight’s Tale
Réalisation : Brian Helgeland
Scénario : Brian Helgeland
Acteurs : Heath Ledger, Rufus Sewell, Shannyn Sossamon
Éditeur : Sony Pictures
Durée : 2h12
Genre : Aventures, Historique
Date de sortie cinéma : 14 novembre 2001
Date de sortie BR/4K : 28 mai 2025
Au Moyen Age, on ne peut devenir chevalier que si l’on est né noble… William le sait, mais il rêve quand même. Lorsque le seigneur dont il est l’écuyer décède, le jeune homme y voit comme un signe. Il enfile l’armure, s’invente un passé et devient le très titré Ulrich Von Lichtenstein de Gerlderland…
Le film
[4/5]
Les premières minutes de Chevalier promettaient au public l’ayant découvert en 2001 un spectacle dans la grande tradition du film médiéval grand public, tel que l’on avait pu en voir tout au long des années 90 avec des films tels que Robin des Bois, prince des voleurs (1991), Lancelot (1995), Cœur de Dragon (1996), Prince Valiant (1997), Le 13ème guerrier (1999)… De fait, si le film s’ouvrait de façon relativement légère, voire même un peu humoristique, on voyait bien dès le début du film que le tout bénéficiait d’une reconstitution d’époque bien ficelée, d’une production solide et d’une poignée d’acteurs pour le moins solide. Tout se déroulait donc sans accroc, jusqu’à ce qu’au bout d’environ dix minutes de métrage, le morceau « We Will Rock You » de Queen commence à retentir dans les enceintes. Il ne se contentait d’ailleurs pas de se superposer au film, puisque les images et la musique se répondaient : la foule impatiente d’assister au spectacle de la joute se met à danser, frappant des mains en rythme sur la chanson de Queen.
Pour qui se serait lancé dans le visionnage de Chevalier sans rien connaître du film, la surprise est de taille, dans le sens où elle nous propose un renversement total de ce que à quoi on pouvait s’attendre, et le fait est que le film tiendra ses promesses tout au long de sa durée, en équilibre constant entre la reconstitution historique et le moderne. Le mérite de cette réussite éclatante est assurément à mettre au crédit du scénariste / réalisateur Brian Helgeland. Ce dernier s’était connaître en 1988 en signant le scénario du Cauchemar de Freddy, le quatrième opus de la franchise Les Griffes de la Nuit, mais son talent fut véritablement reconnu dans le monde entier dix ans plus tard, lorsqu’il obtint l’Oscar du meilleur scénario adapté pour L.A. Confidential. Son premier film en tant que réalisateur, Payback (1999), fut marqué par de nombreux problèmes de production, qui l’empêchèrent même d’en terminer le tournage. Comme pour se remettre le pied à l’étrier, il enchaînerait rapidement avec son deuxième film, Chevalier, à l’atmosphère diamétralement opposée à celle de son film précédent, puisqu’il s’agit d’une comédie médiévale volontairement anachronique et rock n’ roll.
Et même s’il s’agit d’un pur film de divertissement, Chevalier n’empêche pas Brian Helgeland de faire preuve d’un esprit créatif certain. Mettant en scène le regretté Heath Ledger (The Dark Knight), le film s’avère encore aujourd’hui une curiosité relativement unique dans son approche de la reconstitution historique, proche de la bande dessinée. Bien sûr, on assiste ici à une écrasante victoire de la forme sur le fond, dans le sens où l’intrigue du film, montrant comment un individu d’extraction modeste peut être anobli pour son courage et sa générosité, est quant à elle assez éculée. Pour autant, c’est vraiment son style qui fait de Chevalier une réussite, et le fait est qu’il faut vraiment rendre hommage à Brian Helgeland pour avoir choisi de rompre avec la monotonie Hollywoodienne en tentant d’insuffler une touche d’originalité et de vie à un genre qui commençait franchement à s’encroûter. C’est d’autant plus remarquable que le film ne verse jamais dans la parodie ou le ridicule : la sélection musicale « moderne » du film (« Low Rider » de War, « Golden Years » de David Bowie, « The Boys are Back in Town » de Thin Lizzy…), s’intègre finalement si bien aux thèmes et au style du film qu’ils ne font jamais décrocher le spectateur.
Chevalier tire son titre original du Conte du chevalier, faisant partie du recueil « Les Contes de Canterbury » de Geoffrey Chaucer, écrivain et poète des années 1340 que l’on retrouve parmi les personnages du film sous les traits de Paul Bettany. Classique récit de résilience, le film est construit en trois parties, qui suivent l’ascension, la chute et la victoire du héros, un paysan qui finira par être anobli grâce à sa grandeur d’âme. Fidèle au mantra de Louis XV (qui était, pour mémoire, « XV en vos rêves »), l’intrigue de Chevalier invite également le public à poursuivre ses rêves, en nous montrant que la véritable noblesse – celle de l’âme – n’a finalement rien à voir avec le sang ou un quelconque « titre ». Brian Helgeland parvient à tirer le meilleur de son histoire, et sa capacité à l’étirer tout en gardant un rythme absolument parfait – surtout compte tenu de sa durée relativement longue – témoigne de son talent de conteur et de cinéaste. Du côté des acteurs, l’affrontement entre Heath Ledger et Rufus Sewell est assez réjouissant, mais c’est surtout à travers ses nombreux seconds-rôles que Chevalier touchera le cœur du public, chaque acteur apportant un petit plus à l’intrigue. Un grand bravo donc à Alan Tudyk, Mark Addy, Paul Bettany, Laura Fraser, Shannyn Sossamon et Bérénice Bejo, qui donnent au film encore un peu plus de classe.
Le Blu-ray 4K Ultra HD
[4,5/5]
S’il n’avait attiré qu’un peu plus de 330.000 français dans les salles en 2001, Chevalier s’était en revanche offert un confortable succès à l’international (117 millions de dollars), et la disparition dramatique de Heath Ledger en 2008 finirait par faire du film de Brian Helgeland un véritable film « culte », dont le Blu-ray s’échangeait à prix d’or sur le marché de l’occasion depuis quelques années. La sortie de Chevalier au format Blu-ray 4K Ultra HD sous les couleurs de Sony Pictures est donc un petit événement, et sans surprise, le film s’offre une très belle présentation 2160p, disposant qui plus est à la fois des options HDR10 et Dolby Vision. La restauration 4K du film a fait des merveilles, l’impact en termes de définition est immédiatement perceptible sur les plans larges faisant la part belle à la photo de Richard Greatrex (Shakespeare in love). Le piqué est précis, mais cela n’affecte en rien le grain 35 mm, qui est restitué avec une fidélité palpable, et l’ensemble est porté par une compression excellente. Les contrastes sont solidement marqués, et la plage dynamique s’avère étendue, avec des hautes lumières intenses et des couleurs – en particulier les rouges et les verts – qui affichent une brillance absolument remarquable. Du très beau boulot !
Côté son, Chevalier nous proposé en Dolby Atmos en VO, et cet impressionnant mixage nous garantit une immersion totale au cœur du film. La spatialisation est malicieuse et excellente, l’activité Surround s’avère particulièrement efficace lors des scènes les plus spectaculaires du film, et la musique de Carter Burwell est restituée avec justesse, s’intégrant parfaitement à la narration et renforçant l’impact général. La VF est quant à elle proposée en DTS-HD Master Audio 5.1 : le rendu acoustique est certes en deçà de celui de la VO, mais l’immersion demeure solide, très dynamique et riche en détails de toutes sortes, s’imposant tout particulièrement durant les séquences de joutes. Le plaisir de revoir le film est toujours aussi intense. Pas de bonus sur la galette 4K, mais le film nous est proposé, au choix, dans sa « version cinéma » (2h12) ou dans sa « version longue » (2h24). Parmi les ajouts les plus notables de la version longue, on fera la connaissance avec l’épouse de Geoffrey (Paul Bettany). On notera par ailleurs que le Blu-ray 4K Ultra HD de Chevalier édité par Sony Pictures est présenté dans un superbe SteelBook aux couleurs du film.