NIFFF 2016 compte-rendu 1/2 : la compétition

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Deuxième partie du compte-rendu ici.

Palmarès .

Le NIFFF s’est terminé le samedi 9 Juillet, il est donc temps de passer en revue les films projetés. Afin d’organiser la liste des films vus au cours du festival, je les ai classés dans les catégories auxquels ils correspondent : Compétition internationale, New cinema from Asia, Films of the third kind, Ultra movies, Amazing Switzerland, Carte blanche à une personnalité suisse, El dorado, Tribute to John Carpenter.

nifff-2016 AFFICHE

COMPETITION INTERNATIONALE

Girl Asleep

Nous commençons cette catégorie avec Girl Asleep de Rosemary Myers. Une fille, obligée par sa mère à fêter ses 15 ans, se retrouve emportée dans un voyage initiatique. Par des chorégraphies et une musique directement sorties des années 70, la réalisatrice parvient à décrire le mal-être d’un enfant qui ne veut pas grandir. L’humour fonctionne et les personnages sont attachants et bien construits. Les cadrages sont toujours pensés, ainsi on se surprend à rigoler de plusieurs petits détails qui sont au second plan. Cette relecture d’Alice au pays des merveilles se retrouve malheureusement entachée par son monde imaginaire qui semble bien moins travaillé en comparaison avec le monde réel.

https://youtu.be/6oQOgdGe7gE

Trash Fire

Trash Fire quant à lui est moins enfantin. Ce film parle des excès et de l’hypocrisie de la religion. Une jeune femme, suite à un chantage, réussit à rencontrer la famille de son copain (la grand-mère et la petite sœur). Une histoire qui nous tient en haleine et des situations qui sont constamment en train de basculer de l’humour noir à l’horreur, cela résume bien l’œuvre de Benjamin Bates. Presque tous ses champs contre-champs se font en face à face (sur la ligne des 180 degrés) comme si les personnages étaient dans un duel perpétuel. Les cadres sont symétriques et tendent à augmenter le sentiment d’étrangeté par rapport aux situations. La grand-mère, une femme exécrable et pratiquante, m’a fait penser au film Meet the parents en version trash. Mais, malheureusement, le film peine à tenir ses promesses vers la fin et on se retrouve avec une œuvre pas assez poussive (à mon goût). Une sorte de Grand huit qui finit sur un duvet. Cela dit ça reste violent, mais trop peu recherché.

Creative Control

Lors de la projection de son film, Benjamin Dickinson n’a pas pu être présent dû à une dépression qu’il traverse et après avoir vu son travail…on comprend pourquoi. Cette œuvre se rapprochant de Her (Spike Jonze) relève tous les déboires que pourrait apporter la réalité augmentée dans un futur proche. On y voit un homme, chargé de faire la promo d’un nouveau dispositif appelé Augmenta, qui projette ses fantasmes vis-à-vis d’une de ses collègues. Cette descente aux enfers nous montre comment on se retrouve emprisonné de ses propres agissements. On pense avoir le contrôle alors que non. Prenons l’exemple de la communication, notre personnage principal parle de moins en moins physiquement avec son entourage préférant l’utilisation du « smartphone ». Il finit par croire qu’il a réellement passé une nuit avec son égérie, alors qu’il s’est masturbé avec le dispositif Augmenta. Oui le film est cru mais c’est dans un but de dénonciation. La drogue, l’alcool, l’objectivation de la femme, l’adultère, beaucoup de sujets sont traités, sans doute trop. Mais ils sont tous reliés au thème de la technologie. Ils montrent comment, par un but d’efficacité, d’immédiateté nous tuons ce qu’il reste d’humain en nous. Je vais m’arrêter là pour ce film mais sachez qu’il n’est pas mal du tout, l’univers futuriste dépeint n’est pas exagéré et reste sobre ce qui le rend palpable.

Détour (PRIX DE LA JEUNESSE DENIS-DE-ROUGEMONT)

Christopher Smith est un très bon réalisateur (oui c’est comme ça que je commence ce paragraphe). Sa filmographie contient des œuvres de genres très différents. Cette année au NIFFF il est venu montrer en première européenne Détour, un film noir où un certain Harper (référence à un film avec Paul Newman) désire tuer son beau-père et fait appel à un malfrat. Avec cette histoire plutôt classique, Smith s’amuse à travailler la structure au moyen de split screen et d’un splendide montage. Ainsi, plusieurs versions de l’intrigue nous sont montrées et finissent par se rejoindre. Avec sa déstructuration, le réalisateur réussit à créer de purs moments de suspense. On peut rapprocher cette œuvre de Triangle, d’ailleurs Christopher Smith a pensé à l’histoire de Détour après le tournage de ce film.

Swiss army man (PRIX NIFFF DE LA CRITIQUE INTERNATIONALE & PRIX IMAGING THE FUTUR DU MEILLEUR PRODUCTION DESIGN & PRIX RTS DU PUBLIC)

Le dernier (mais pas des moindres) film en compétition internationale que je présenterai est Swiss army man (titre étrange). Un homme perdu dans la nature survit grâce à l’aide d’un macchabée qui lui sert de jet-sky, de fontaine ou encore de briquet, un véritable couteau suisse humain (haaaa voilà pourquoi). Cette « bromance » jubilatoire avec un Daniel Radcliffe au meilleur de sa forme (le macchabée) fait partie de mes coups de cœur du NIFFF. Maintenant que je passe pour un fou qui invente des scénarios loufoques, je peux vous affirmer que cette œuvre grotesque reste extrêmement touchante. Le thème de la solitude est abordé avec intelligence. Daniel Kwan et Daniel Scheinert (alias les Daniels) réalisent ici une œuvre bariolée où se dégage une furieuse envie de vivre. Ils convoquent Michel Gondry à travers les bricolages que construit notre Robinson Crusoe, ce qui amène beaucoup de poésie. Les musiques A capella permettent aussi de faire ressortir le beau du monde terne et dégoûtant dans lequel évolue les deux amis. Mais faire ressortir le beau du monde réel, ce ne serait pas ça faire du cinéma ? Vous l’aurez compris, ce film m’a plu, je noterai toutefois une fin peu investie qui aurait gagnée à être plus réfléchie.

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