Trabalhar Cansa
Brésil : 2011
Titre original : Trabalhar Cansa
Réalisateur : Juliana Rojas, Marco Dutra
Scénario : Juliana Rojas
Acteurs : Helena Albergaria, Marat Descartes, Naloana Lima
Distribution : Bodega Films
Durée : 1h39
Genre : Drame
Date de sortie : 11 avril 2012
Globale : [rating:2][five-star-rating]
Franchement, un film ayant pour titre Travailler fatigue, on peut être sûr qu’il vous attirerait davantage qu’avec le titre Trabalhar Cansa ! Et pourtant … Alors qu’à Cannes, où il était présenté dans la sélection Un Certain Regard, ce film brésilien avait été présenté avec le titre en français, plutôt accrocheur, le voici maintenant sur nos écrans avec le titre en portugais. Comprenne qui pourra !
Synopsis : Helena réalise un vieux rêve : ouvrir un petit commerce. Elle loue un local abandonné et monte son affaire. Mais son mari Otávio perd subitement son travail et toute la famille est fragilisée. Au même moment, l’installation de l’épicerie ne se fait pas sans problème : des produits disparaissent, une odeur étrange imprègne le local et une tâche sur le mur ne cesse de grandir. Le local semble prendre vie, dans un climat qui perturbe toutes les personnes présentes, à commencer par Helena et sa famille.
Un film social qui glisse vers le fantastique
Il en est des films comme des relations : ça peut partir tout feu, tout flamme et puis, petit à petit, s’étioler puis se faner. Parfois, on ne sait même pas pourquoi mais, en ce qui concerne Trabalhar Cansa, ce n’est pas le cas et les raisons sont claires. Voyons pourquoi. São Paulo, l’énorme métropole brésilienne. Un couple, ils ont entre 30 et 40 ans. Alors qu’Helena réalise son rêve, ouvrir une supérette, son mari Otávio est licencié de l’entreprise dans laquelle il travaillait depuis 10 ans. OK, on est dans un film social qui va nous raconter le Brésil actuel, un pays émergent dont on parle beaucoup en ce moment, un des pays ayant un des plus fort taux de croissance dans le monde. Intéressant en effet de voir, dans un pays au caractère machiste assez prononcé, un couple dans lequel c’est la femme qui a un travail et pas le mari.
Intéressant de voir les rapports difficiles d’Helena avec ses employés, les rapports du couple avec Paula, la bonne qu’Helena et Otávio ont engagée pour s’occuper de leur maison et de leur fille. N’oublions pas que le Brésil a longtemps été un pays esclavagiste et il en reste peut-être un petit quelque chose dans les relations hiérarchiques. Petite cerise sur le gâteau, il y a aussi la mère d’Helena qui n’apprécie ni son gendre, ni la bonne. Tout cela donne matière à un film de 90 minutes qui pourrait être fort intéressant, d’autant plus que la mise en scène montre certaines qualités chez les réalisateurs. Pas de chance : au bout d’un moment, des événements bizarres interviennent, des produits qui disparaissent, une odeur pestilentielle qui se répand, une grosse tache qui apparait sur un mur. En bref, on glisse vers du fantastique à deux balles et, petit à petit, on s’ennuie. C’est comme ça : il y a des films qui empruntent les codes de deux genres très différents et qui plaisent aux amateurs des deux genres ; il y en a d’autres qui, finalement, ne trouvent grâce chez personne. On peut craindre que cela soit le cas de Trabalhar Cansa, même si la première partie était prometteuse pour les amateurs de films sociaux.
Des comparaisons dangereuses !
Les trentenaires Juliana Rojas et Marco Dutra ont étudié ensemble à l’Ecole de Cinéma de l’Université de São Paulo. Depuis 10 ans, ils ont réalisé, toujours ensemble, de nombreux court-métrages. Travalha Cansa est leur premier long métrage, un film présent l’an dernier dans la sélection Un Certain Regard du Festival de Cannes. On les a souvent comparés à Hitchcock et à Cronenberg. A la vision de Travalha Cansa, on peut se demander si c’était un bon service à leur rendre ! En effet, sans ces comparaisons, peut-être se seraient-ils contentés de poursuivre jusqu’au bout la veine sociale du début et la plupart des spectateurs s’en seraient mieux portés.
Résumé
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