Critique : Tout pour être heureux

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Tout pour être heureux

France, 2015
Titre original : –
Réalisateur : Cyril Gelblat
Scénario : Cyril Gelblat, d’après un roman de Xavier De Moulins
Acteurs : Manu Payet, Audrey Lamy, Aure Atika, Pascal Demolon
Distribution : Mars Distribution
Durée : 1h38
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 13 avril 2016

Note : 2,5/5

Les histoires de séparation ne sont jamais très marrantes à raconter. Quand deux êtres humains se séparent, c’est rarement de gaieté de cœur et il y a souvent des dommages collatéraux difficilement prévisibles. Même dans les tentatives plus ou moins désespérées d’en tirer matière à rire, il reste toujours un fond d’amertume et de regrets qui déteint forcément sur la bonne humeur affichée avec ostentation. Dans ce genre de film, il est tôt ou tard question d’équilibre, entre l’optimisme et la dépression, ainsi qu’entre la réalité aux sentiments sinistrés et la fiction qui s’accroche avec insistance au moindre rayon de soleil. Tout pour être heureux contourne en quelque sorte cette problématique à travers une quête de l’authenticité affective pas vraiment plus facile à atteindre. C’est néanmoins le refus du réalisateur Cyril Gelblat de pousser ses personnages à l’effusion excessive de sentiments, qui sauve son deuxième film du naufrage. Il n’en résulte pas moins un film en demi-teinte, qui n’est ni un drame sombre, ni tout à fait une comédie insouciante, mais une proposition assez indécise entre ces deux extrêmes.

Synopsis : Au bout de dix ans de vie commune, Antoine ne tire plus aucune satisfaction du couple qu’il forme avec la juge Alice. Plus préoccupé par son travail d’agent musical que par l’éducation de ses deux filles, il accepte sans trop d’états d’âme la proposition de séparation temporaire de son épouse. La liberté nouvellement gagnée du célibat ne lui réussit pourtant que moyennement. Et il devra enfin assumer ses responsabilités paternelles, lorsque Alice dépose sans prévenir leurs enfants chez lui pour deux semaines.

Et moi, et moi, et moi

Il y a une dizaine d’années, voire plus, la majorité des comédies françaises se penchaient sur un curieux phénomène social : ces trentenaires en panne de maturité, qui se comportaient encore comme des adolescents attardés, au lieu d’avoir pris leurs dispositions pour une existence bien rangée d’adulte. Comme tout sujet à la mode, celui-ci s’est également éclipsé au profit d’une diversité des approches et des univers que l’on aurait d’ailleurs du mal à définir avec précision. Seulement de temps en temps, des répliques tardives nous rappellent ce reflet guère valorisant de notre propre existence, arrivée depuis au stade d’une stagnation malgré tout plaisante. La société française paraît en effet avoir fait le deuil de la perte irrévocable de l’innocence et de l’irresponsabilité pour laisser les générations suivantes vaquer à leurs occupations plus substantielles. Gare alors aux vilains retardataires, qui n’ont toujours pas su s’adapter aux temps qui changent et qui campent par conséquent sur leurs positions, aussi égoïstes et en fin de compte antipathiques soient-elles. Antoine est de ceux-là, ce qui ne rend pas vraiment l’identification avec lui plus aisée. Pire encore, à force d’être témoin de ses frasques laborieuses, nous participons sans un investissement affectif réel à sa rédemption tardive et incomplète.

S’aimer comme on se quitte

Ce qui ne veut pas nécessairement dire que le centre ronchon de l’intrigue gangrène le récit dans son ensemble. L’interprétation de Manu Payet a beau border à la complaisance, son personnage est entouré de femmes qui n’hésitent pas à le remettre à sa place en lui disant leurs quatre vérités. Dans ce contexte, c’est surtout Aure Atika qui surprend agréablement dans le rôle de la sœur solidaire, mais ouvertement critique des erreurs d’appréciation de son frère. Le ton du film peine pourtant à adopter une véritable ironie philosophique, comme on pourrait le supposer à partir du titre à prendre bien entendu au second degré. Aucun élément de l’histoire n’indique clairement où la narration veut en venir avec ce périple rythmé de haut et de bas, dont la seule qualité indéniable serait l’attachement ferme à la nature ordinaire et faillible de tous les participants. Sauf que le coloris un peu trop passe-partout de l’action ne la rend certainement pas plus séduisante ou en tout cas pas plus représentative de l’état d’esprit actuel des ménages français, scènes de ménage comprises.

Conclusion

Pris au piège entre la peine de la séparation soi-disant à l’amiable et les joies tout aussi ambiguës des familles recomposées, ce film éprouve une difficulté certaine à nous convaincre. Il s’inscrit certes dans la lignée des portraits à peine voilés de l’évolution des mœurs au sein de la société française, mais il le fait avec un manque relatif d’adresse formelle et d’entrain moral qui nous a laissés plutôt indifférent.

2 Commentaires

  1. Vu en avant-première, je trouve cette adaptation touchante et drôle à la fois. Une comédie qui rassemble sans nul doute tous les ingrédients d’une belle réussite à l’écran. Pour ma part la note serait plus proche de 5!

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