Test DVD : Tueur à gages + Le dahlia bleu

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Tueur à gages

États-Unis : 1942
Titre original : This gun for hire
Réalisation : Frank Tuttle
Scénario : Albert Maltz, W.R. Burnett
Acteurs : Alan Ladd, Veronica Lake, Robert Preston
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h18
Genre : Policier, Thriller
Date de sortie cinéma : 15 janvier 1947
Date de sortie DVD : 6 mars 2018

Professionnel du meurtre, Phillip Raven abat sur commande d’un industriel en affaire avec l’ennemi nazi, un informateur de la police. Si, de part et d’autre, le contrat semble avoir été « honnêtement » rempli, le tueur se rend vite à l’évidence qu’il a été payé avec de l’argent sale. Traqué par la police, il trouve en Ellen Graham, la fiancée de l’inspecteur sur ses traces, une alliée d’autant plus précieuse qu’elle se produit comme chanteuse dans le cabaret de Willard Gates, justement l’un des commanditaires de Raven…

Le dahlia bleu

États-Unis : 1946
Titre original : The blue dahlia
Réalisation : George Marshall
Scénario : Raymond Chandler
Acteurs : Alan Ladd, Veronica Lake, William Bendix
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h35
Genre : Policier, Thriller
Date de sortie cinéma : 19 mai 1948
Date de sortie DVD : 6 mars 2018

Johnny Morrison, un ancien pilote de l’aéronavale récemment démobilisé, arrive à Los Angeles avec deux amis. Il doit y retrouver son épouse, Helen. Quelle n’est pas sa surprise lorsqu’il découvre que sa compagne est devenue alcoolique et qu’elle le trompe avec Eddie Harwood, le propriétaire d’un night-club qui a pour enseigne « Le Dahlia bleu » ! Johnny fait une scène à Helen et leur dispute ne passe pas inaperçue. Lorsque la police retrouve le corps sans vie de la jeune femme, Johnny est immédiatement interpellé. Il est en effet le premier à être soupçonné du meurtre…

Les films

[4/5]

Ayant récemment récupéré les droits du Dahlia bleu (1946), l’éditeur Sidonis Calysta a tout naturellement décidé d’intégrer le film à sa « collection Film Noir ». Probablement conscient qu’un petit supplément éditorial était nécessaire afin de faire repasser à la caisse les cinéphiles ayant déjà fait l’acquisition, il y a une dizaine d’années, du DVD édité par Bac Films, l’éditeur français fait très fort en proposant non seulement les traditionnels suppléments mis en boite par les trois spécialistes « maison » (Bertrand Tavernier, François Guérif et Patrick Brion), mais également un deuxième film mettant en scène le couple Veronica Lake / Alan Ladd, le très intéressant Tueur à gages (1942).

Excellente série B, d’une efficacité redoutable et proposant une intrigue en forme de course-poursuite sans le moindre temps mort, Tueur à gages est le film qui offrit à Alan Ladd ses galons de vedette. Porté par un scénario sobre allant à l’essentiel et faisant largement évoluer son intrigue par le biais de l’image (plutôt que par les dialogues), le film de Frank Tuttle s’avère un concentré d’action et de tension, d’une modernité qui laisse pantois. En effet, avec son personnage de tueur taciturne qui s’ouvrira peu à peu à la découverte d’une « humanité » qu’il ignorait, le film évoque quelques films beaucoup plus récents, tels que Le samouraï (Jean-Pierre Melville, 1967) ou Le flingueur (Michael Winner, 1972). Nerveux, violent, et tout en retenue quand il s’agit d’évoquer à l’image les liens se créant entre les personnages d’Alan Ladd et de Veronica Lake, Tueur à gages s’impose sans peine comme un formidable « petit » Film Noir, pas de ceux qui révolutionnent le genre ou y apportent des modifications thématiques ou formelles importantes, mais faisant indéniablement partie des films qui recyclent avec soin tous les automatismes d’un genre pour livrer une œuvre quasi-parfaite dans son créneau, et très représentative des qualités du Film Noir durant les années 40/50.

Unique scenario original de la carrière de Raymond Chandler, Le dahlia bleu est également un exemple assez typique de Film Noir carré et réussi ; Veronica Lake et Alan Ladd n’y forcent certes pas leur talent, dans le sens où ils incarnaient toujours à peu près les mêmes personnages, et recyclaient de fait ad vitam leurs postures, gestuelles et autres regards appuyés. Cela dit, il faudra bien admettre que l’ensemble fonctionne parfaitement, surtout dans la description des personnages de Buzz (William Bendix), le soldat diminué par la guerre, et d’Helen (Doris Dowling), femme du personnage principal et garce intégrale. Le tout est signé George Marshall, qui imposa à son film des ruptures de ton qui ne plurent pas du tout à Raymond Chandler mais qui, en toute honnêteté, passent plutôt bien à l’écran pour la plupart d’entre elles. Le dahlia bleu comblera donc à coup sûr les amateurs du genre ; si le tout est certes mis en boite sans génie, l’ensemble dénote tout de même d’une application qui en font une des réussites mineures du genre, toujours aussi efficace soixante-dix ans après sa sortie dans les salles.

Le DVD

[4/5]

Tueur à gages et Le dahlia bleu sont disponibles sous les couleurs de Sidonis Calysta sous la forme d’un bi-pack DVD, les deux galettes proposant une belle image au format 1.33 respecté, exploitant bien le support et ses limites intrinsèques : excellente définition, encodage sans heurt, noir et blanc solide (quoique les contrastes sur Le dahlia bleu semblent un poil trop poussés). Côté son, VF et VO sont disponibles sur Tueur à gages, tandis que seule la version originale du Dahlia bleu est disponible. Toutes sont mixées en Dolby Digital 2.0 mono d’origine ; les V.O sont impeccables, claires et sans souffle ; la version française disponible sur le film de Frank « Ninja » Tuttle parait un peu plus étouffée. On notera bien sûr que le DVD de Tueur à gages était déjà disponible à l’unité depuis 2007.

Dans la section suppléments, l’éditeur nous propose de découvrir sur le DVD de Tueur à gages un documentaire sur Alan Ladd, d’une durée d’un peu moins d’une heure. Intéressant et riche en témoignages de producteurs, d’acteurs ou de membres de sa famille, ce portrait revient sur son enfance difficile, ses débuts dans le cinéma, et la gloire à Hollywood qui sera de courte durée puisque l’acteur s’éteindra en 1964 à l’âge de seulement 50 ans. On poursuivra avec une présentation du film par François Guérif, qui revient sur le contexte de tournage de Tueur à gages et son originalité. Les suppléments disponibles sur le DVD du Dahlia bleu sont beaucoup plus fidèles à la ligne éditoriale de la « collection Film Noir » de Sidonis Calysta : on trouvera donc trois présentations du film, assurées par Bertrand Tavernier, François Guérif et Patrick Brion. C’est Guérif qui s’en sortira le mieux cette fois, en replaçant le film dans son contexte de tournage et en racontant comment la Paramount est parvenue à obtenir de Chandler l’écriture de la fin du film. Peu inspiré, Bertrand Tavernier évoquera quant à lui, avec la verve qu’on lui connaît, avoir mis quelques visionnages avant d’apprécier le film à sa juste valeur ; il revient sur les « ajouts » du réalisateur George Marshall et affirme que ceux-ci respectent tout à fait l’esprit de Chandler, qu’il qualifie de « vieux ronchon ». Enfin, comme à son habitude, Patrick Brion semble ne rien avoir préparé de son intervention et brode sur le film et la personnalité d’Alan Ladd pendant une huitaine de minutes. Il répète environ quarante-huit fois que le personnage de Ladd dans Le dahlia bleu est un « méchant », que Le dahlia bleu est un film formidable et qu’Alan Ladd un des meilleurs acteurs que la terre ait porté. On terminera avec la traditionnelle bande-annonce.

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