Test DVD : Traquée

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Traquée

 
États-Unis : 1947
Titre original : Framed
Réalisation : Richard Wallace
Scénario : Ben Maddow, John Patrick
Acteurs : Glenn Ford, Janis Carter, Barry Sullivan
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h22
Genre : Policier, Film Noir
Date de sortie cinéma : 6 août 1947
Date de sortie DVD : 17 février 2020

 

La belle Paula Craig persuade son amant Stephen Price de cambrioler la banque pour laquelle il travaille. Paula tue Stephen et réclame l’aide d’un jeune ingénieur, Mike Lambert. Ce dernier apprend que Paula cherche à faire endosser le crime à l’un de ses meilleurs amis…

 


 

Le film

[4/5]

Meurtre, infidélité, machination criminelle, trahisons, jalousie : il n’y a aucun doute, avec Traquée, on nage vraiment en plein Film Noir. Et même s’il n’est certes pas l’artisan le plus connu ni le plus appliqué du genre, Richard Wallace semble avoir compris à la perfection les impératifs formels et thématiques du genre, et nous en propose avec son film un représentant plus que solide, sec, bien ficelé, allant droit au but.

L’intrigue de Traquée est à la fois limpide et complexe : on y suivra un jeune gars (Glenn Ford, parfait) entreprenant, pour des raisons mystérieuses, une espèce de constante fuite en avant. Durant la séquence d’ouverture, le spectateur le découvrira en sueur, l’œil hagard, au volant d’un camion fou, traversant la ville en évitant de peu piétons et automobilistes. S’agit-il d’un évadé de prison ? D’un truand en cavale, venant tout juste par exemple de commettre un braquage ? A l’issue de sa course folle, l’inévitable accident. Et l’on découvrira qu’il s’agit juste d’un coursier, à qui on aura fourni un camion aux freins défectueux. Pour se calmer de ses émotions, direction le bar. La Paloma en l’occurrence, un lieu interlope doté d’une petite salle de jeux clandestine et d’une serveuse semblant un peu trop intéressée par ce nouvel arrivant. Tellement intéressée qu’elle paiera la caution pour lui éviter de faire 10 jours de prison, ce qui lui aurait permis, d’après ses dires, de « découvrir la prison dans cet État ». Une des rares indications que nous donnera le film sur le fait que le personnage donne l’impression de fuir, quelque-chose ou quelqu’un… Le paiement de la caution et le rapprochement entre les deux personnages représente bien sûr le début d’un engrenage maléfique. Mike Lambert (Michel Lambert dans la VF) tombera donc dans les griffes de Paula, interprétée par Janis Carter, Femme Fatale au sens le plus littéral qui soit puisque tous les hommes passant entre ses bras connaîtront un destin funeste.

Le scenario de Traquée est par ailleurs aussi simple que brillant. Si on ignore tout de leur passé, la caractérisation des trois personnages principaux est habile, leurs motivations (crapuleuses pour deux d’entre eux, honorables pour l’autre) passant avant tout le reste et suffisant à expliquer les différents rebondissements de l’intrigue. D’un point de vue formel, la réalisation est élégante, efficace, la lumière en clair-obscurs donne au film un cachet visuel très intéressant, et les décors s’imposant comme des passages obligés du genre sont bien présents (la route escarpée et dangereuse, la banque, le nid douillet du couple illégitime…), de même que les clins d’yeux aux classiques du Film Noir (Le facteur sonne toujours deux fois, Assurance sur la mort…), ce qui fait qu’au final, le film de Richard Wallace se révèle une étonnante série B, rapide, nerveuse et parfaitement rythmée. Le personnage de Paula, à qui Janis Carter parvient à donner une humanité inattendue, s’impose par ailleurs comme l’une des Femmes Fatales les plus marquantes du genre : l’absence d’un background solide qui permettrait d’expliquer les raisons pour lesquelles elle prévoyait, dès le départ, de « doubler » son amant et de disparaître avec le magot, la façon dont elle tente de manipuler le personnage de Lambert – pour, on le suppose, mieux s’en débarrasser par la suite – en font un des personnages féminins les plus impitoyables et les plus détestables dont ait pu accoucher le Film Noir… Et donc paradoxalement l’un des plus réjouissants et mémorables !

 

 

Le DVD

[4/5]

Le DVD de Traquée édité par Sidonis Calysta fait clairement honneur à l’efficacité du petit film signé Richard Wallace : la compression est globalement bien maitrisée et compose sans problème avec les limites d’un encodage en définition standard. Même si la granulation est importante, le piqué est relativement précis, l’étalonnage sans bavure et les beaux plans en noir et blanc photographiés par Burnett Guffey ont fière allure. Bref, c’est du tout bon. Côté son, les deux pistes (VF d’époque / VO) sont proposées Dolby Digital 2.0 mono d’origine : toutes deux sont claires et assez bien équilibrées, aucun souci à déplorer.

Niveau suppléments, nous avons droit à la désormais traditionnelle présentation du film par Patrick Brion (6 minutes), qui s’accompagnera de la présentation par François Guérif (7 minutes). Comme d’habitude, Guérif s’avérera plus complet et plus intéressant que son confrère, revenant notamment sur l’amoralité du scenario ou encore sur les similitudes entre Le facteur sonne toujours deux fois et Traquée.

 

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