Test DVD : Pénélope mon amour

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Pénélope mon amour

France : 2021
Titre original : –
Réalisation : Claire Doyon
Scénario : Claire Doyon
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h28
Genre : Documentaire
Date de sortie cinéma : 21 juillet 2021
Date de sortie DVD : 2 mai 2023

Depuis 18 ans, je filme Pénélope, jeune adulte porteuse d’autisme. Un jour j’ai ouvert le placard qui contenait des cassettes DV et des bobines super 8. Ça m’a presque crevé les yeux. Il fallait rassembler toutes ces images. Pénélope mon amour trace le parcours d’une mère et de sa fille à travers les années. Il raconte différentes étapes : le choc du diagnostic, la déclaration de guerre, l’abdication des armes, pour finalement accepter et découvrir un mode d’existence autre. Pénélope ne cesse d’acclamer ce qu’elle est, je ne cesse de questionner qui elle est. La réponse à la question est précisément dans cette quête infinie. Tout m’est renvoyé en miroir. Ainsi, n’est-ce pas Pénélope qui, par ricochet, me dit qui je suis ?

Le film

[4/5]

L’avancée insidieuse du « Wokisme » au sein des sociétés occidentales depuis quelques années a bien sûr amené énormément de dérives et d’excès, mais il faut également admettre qu’elle n’aura pas forcément eu que des effets négatifs, surtout en ce qui concerne certaines maladies et pathologies mal connues du public il y a quelques années, et qui aujourd’hui en revanche ne semblent plus avoir de secret pour personne. C’est le cas des troubles du spectre de l’autisme, qui à force d’avoir été abordées en long, en large et en travers par le biais de documentaires annonçant quasi-systématiquement au public qu’ils allaient « changer leur regard sur l’autisme », ont fini par définitivement installer cette pathologie dans l’esprit des français.

Ainsi, tout le monde a dorénavant un autiste ou un HPI dans son entourage, ayant été diagnostiqué comme tel par la boulangère, la voisine ou les parents soucieux de fuir leurs responsabilités éducatives. Qu’il s’agisse de petits premiers de la classe ayant aligné dans le calme trois boites de conserves ou ayant retenu deux numéros de téléphone (« c’est sûr, il doit être Asperger ») ou à l’inverse de petits cancres incapables ou non désireux d’apprendre leurs leçons (« oui, il s’ennuie à l’école »), les diagnostics vont bon train, tout le monde s’improvisant médecin. En vérité, il s’agirait aujourd’hui de « rechanger notre regard sur l’autisme », afin de recentrer le débat et de faire comprendre au public, que l’autisme n’est pas une « mode » au cœur de la Hype du moment, mais bel et bien un handicap, faisant réellement souffrir celui qui en est victime ainsi que son entourage.

Monté par Claire Doyon à partir de dix-huit années d’archives vidéo familiales, Pénélope mon amour permet de remettre cette notion de handicap au cœur de la problématique, ce qui est d’autant plus spectaculaire ici que la petite Pénélope souffre du syndrome de Rett, qui provoque non seulement un handicap mental mais également des atteintes motrices sévères. Si bien sûr le spectateur ne pourra évidemment que s’attacher à Pénélope, la propre fille de la cinéaste, que l’on suivra ici en un éclair depuis naissance jusqu’à sa majorité, le film de Claire Doyon est néanmoins tourné vers une obsession : la guérison. A travers les différents traitements que la petite Pénélope a tentés au fil des années, des plus traditionnels au plus singuliers (ils ont carrément fait appel à un shaman), la mère de la jeune fille embarque le spectateur dans ces combats familiaux extrêmement éprouvants, avec tout ce que cela implique d’espoirs déçus et d’inévitables périodes d’abattement.

Pour autant, Pénélope mon amour est également un film sur l’espoir et la résilience, dans le sens où finalement, en dépit des rapports parfois compliqués et abrupts entre la mère et la fille, le film finit par nous montrer que la seule « solution » à l’heure actuelle réside dans l’acceptation du handicap, ce qui n’est à priori évident ni pour le malade, ni pour son entourage proche. Et en mettant « à plat » dix-huit ans de la vie de Pénélope, Pénélope mon amour tient également dans un sens de la tentative d’auto-thérapie, familiale et introspective, qui permettra finalement à Claire Doyon d’accepter la pathologie de son enfant, et le fait qu’aucune guérison n’est possible. Un témoignage assez poignant.

Le DVD

[4/5]

Si on ne trouve le DVD sur aucune plateforme de vente en ligne à ce jour, Pénélope mon amour est à priori pourtant bien sorti sur support physique le 2 mai, sous les couleurs de Blaq Out. Le check-disc que nous avons reçu nous propose une image très satisfaisante, composant d’autant mieux avec les limites d’un encodage en définition standard que le film est composé à partir d’archives aux formats très différents (Super 8, 16MM, photos, DV numérique…), ce qui explique les variations en terme de grain argentique ou tout simplement de précision. Même constat côté son, avec un mixage Dolby Digital 5.1 bien enveloppant mais manquant de dynamisme, avec néanmoins un excellent placement des voix. Blaq Out nous propose également un mixage Dolby Digital 2.0 sobre et absolument cohérent avec l’esprit du film.

Du côté des suppléments, on notera la présence du court-métrage It’s raining cats and dogs (26 minutes), au cœur duquel Claire Doyon s’entretient avec Isabelle C, autiste Asperger. Un complément idéal à Pénélope mon amour dans le sens où il met en lumière le fonctionnement des autistes et leur perception particulière du monde.

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