Test DVD : Le maître du gang

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Le maître du gang

 
États-Unis : 1949
Titre original : The undercover man
Réalisation : Joseph H. Lewis
Scénario : Jack Rubin, Sydney Boehm
Acteurs : Glenn Ford, Nina Foch, James Whitmore
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h22
Genre : Policier
Date de sortie cinéma : 6 août 1947
Date de sortie DVD : 17 février 2020

 

Agents du Trésor américain, Frank Warren et George Pappas se lancent dans une mission sous couverture afin de confondre un parrain de la mafia de Chicago. Frank n’hésite pas à mettre en péril son mariage, et même sa vie, dans l’espoir de faire tomber pour fraude fiscale celui qui, jusqu’alors, a toujours échappé à toute poursuite…

 


 

Le film

[4/5]

Inspiré de l’histoire de Frank J. Wilson, le comptable et agent fédéral qui a fait tomber Al Capone, Le maître du gang est un film policier d’un genre assez nouveau, un hommage aux flics « de l’ombre », refusant la description héroïque et les arrestations filmées comme autant d’actes de bravoure après la poursuite effrénée ou la scène d’action spectaculaire de rigueur. Ici, le choix est fait d’immerger le spectateur aux côtés d’un groupe d’agents fédéraux travaillant telles des fourmis dans leur bureau, passant un temps infini à éplucher des livres de comptes afin de pouvoir coincer des truands régnant littéralement sur Chicago en toute impunité.

Témoins abattus, policiers passés à tabac, familles menacées : la pression mise sur la police par les mafieux de Chicago semble ne pas avoir de limites. Dans la peau de l’agent du trésor tentant de prouver que « The big fellow », le truand intouchable à la tête de ce syndicat du crime tentaculaire corrompant également en masse les services de police, on trouvera le toujours parfait Glenn Ford, forcément inquiet pour sa femme (Nina Foch), même s’il l’a volontairement éloigné de lui pour tenter de la protéger… Si Le maître du gang n’est pas à proprement parler un Film Noir – on navigue d’avantage dans le classique film policier, avec des flics d’un côté et des truands de l’autre – le film n’en impose pas moins une tonalité extrêmement sombre et défaitiste, même si bien sûr une lueur d’espoir subsiste tout de même à la fin du film.

Mis en scène par Joseph H. Lewis, un des plus grands artisans de la série B américaine de l’époque – et accessoirement un des cinéastes qui marqueront le Film Noir de leur empreinte indélébile avec Le démon des armes en 1950 – ce polar de première bourre alterne donc les séquences « posées », destinées à montrer au spectateur que le boulot de flic ne repose pas uniquement sur l’action, et les séquences plus trépidantes, telles que la course-poursuite du personnage de Rocco, la « balance » de la famille, qui finira par se faire tirer dans le dos en pleine rue, sans que personne n’ose témoigner par la suite. On notera également un attachement tout particulier de la part de Lewis et de son scénariste Sydney Boehm à proposer des personnages féminins solides et extrêmement positifs, qui tranchent avec la « Femme Fatale » typique du genre, et à mettre en lumière l’évolution, lente mais décisive, d’une enquête qui mènera à l’arrestation d’un caïd à priori intouchable. Une belle réussite.

 

 

Le DVD

[4,5/5]

C’est Sidonis Calysta qui nous propose aujourd’hui de (re)découvrir Le maître du gang en DVD, au sein de sa nouvelle vague de la collection « Film Noir ». La galette proposée par l’éditeur nous offre le film au format 1.37 respecté, le master du film affiche une très bonne forme, la définition et le piqué sont appréciables, et rendent justice à la photo du film, jouant énormément sur les contrastes fort et soutenus. La granulation d’origine est respectée à la lettre, et le master s’avère propre et stable : aucune mauvaise surprise n’est à déplorer. Côté son, le film est mixé en Dolby Digital 2.0 mono d’origine, en VF et en VO. La version originale est d’une belle clarté, sans souffle ni craquements disgracieux, la version française d’époque accuse quant à elle un peu plus le poids des années, et s’avère un peu plus nasillarde, voire même difficilement intelligible durant une poignée de séquences, heureusement rares.

Du côté des suppléments, ce ne sont pas une, ni deux, mais carrément trois présentations du film que nous propose Sidonis Calysta sur ce titre : tous les experts « maison » de l’éditeur y vont donc de leur analyse du film, qu’ils couplent d’ailleurs avec des souvenirs de rencontres avec Joseph H. Lewis. La première présentation, signée Bertrand Tavernier, sera bien entendu de loin la plus longue (31 minutes) et la plus passionnante. Il y reviendra sur les qualités du casting et l’apport au film de Sydney Boehm (scénariste) et de Burnett Guffey (directeur de la photo), mais également sur la carrière de Joseph H. Lewis, qu’il abordera d’ailleurs sans complaisance, dénotant ses qualités comme ses défauts en tant que cinéaste. Il se lancera également dans l’analyse, fine et passionnante, d’une poignée de scènes du film. On continuera ensuite avec une présentation signée François Guérif (11 minutes) qui, malgré quelques inévitables redondances, reviendra également à sa manière sur le style de Joseph H. Lewis et sur sa carrière, en agrémentant le tout de quelques souvenirs de sa rencontre avec le cinéaste. Enfin, la dernière présentation sera signée Patrick Brion (9 minutes), qui évoquera Les incorruptibles avant de s’attarder sur les deux réussites majeures de la carrière de Lewis, Le démon des armes (Gun crazy, 1950) et Association criminelle (The big combo, 1955). Il terminera en abordant les liens entre Joseph H. Lewis et Robert Rossen.

 

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