Test Blu-ray : Planète B

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Planète B

France, Belgique : 2024
Titre original : –
Réalisation : Aude Léa Rapin
Scénario : Aude Léa Rapin
Acteurs : Adèle Exarchopoulos, Souheila Yacoub, Eliane Umuhire
Éditeur : Le Pacte
Genre : Science-Fiction
Durée : 1h59
Date de sortie cinéma : 25 décembre 2024
Date de sortie DVD/BR : 7 mai 2025

France, 2039. Une nuit, des activistes traqués par l’État, disparaissent sans laisser aucune trace. Julia Bombarth se trouve parmi eux. A son réveil, elle se découvre enfermée dans un monde totalement inconnu : la Planète B…

Le film

[3/5]

Pour imaginer le futur dystopique de Planète B, la scénariste / réalisatrice Aude Léa Rapin n’a probablement pas eu besoin d’aller bien loin : il semble en effet qu’elle ait été puiser son inspiration du côté de l’atmosphère de crise, de montée des extrêmes et des mouvements de protestation qui grondent et explosent un peu partout en Europe depuis quelques années. Ainsi, si l’avenir sombre que la cinéaste nous donne à voir pourra finalement nous sembler proche de la réalité d’aujourd’hui, c’est parce que le scénario ne fait que de légères extrapolations par rapport à ce qui existe et/ou se fait déjà.

Planète B est donc un film de science-fiction français, coproduit par Netflix. Très politisé, le film d’Aude Léa Rapin s’échine à illustrer les méthodes qu’un système pourrait adopter pour étouffer toute contestation qui pourrait menacer la préservation d’un statu quo. Au début de l’intrigue, Julia (Adèle Exarchopoulos), membre du groupe écoterroriste « ®≠ », est abattue lors d’un affrontement avec les autorités, et se réveille dans un monde parallèle, la Planète B, où elle et d’autres prisonniers doivent attendre leur procès. Mais quitteront-ils un jour réellement ce monde ?

Planète B bénéficie d’un décor assez fascinant, qui évoque néanmoins beaucoup l’île-prison de Double Team (Tsui Hark, 1997), sauf que, hey, Adèle Exarchopoulos n’est pas Jean-Claude Van Damme. D’une façon assez intéressante, la scénariste / réalisatrice Aude Léa Rapin dresse un parallèle entre les espaces de cloisonnement et d’exclusion – la prison – et le virtuel : une façon habile de démontrer au spectateur que les nouvelles technologies créent une « bulle » autour des individus qui s’apparente à une prison, coupant tout un chacun du monde qui l’entoure.

Au premier abord, les prisonniers de Planète B évoluent dans un monde qui ressemble à un paradis de vacances posté sur Instagram : la plage, le soleil, l’eau scintillante, des plantes d’un vert éclatant, des oiseaux qui chantent. Pour autant, cet environnement idyllique n’est ni plus ni moins qu’une nouvelle forme d’enfer. On ne peut s’en échapper, et les journées ne sont que de boucles répétitives au cœur desquelles les traumatismes des détenus refont surface – ce qui vaudra au spectateur une poignée de scènes à la violence surprenante, flirtant même parfois avec l’horreur.

Outre la question de la torture et de l’isolement des opposants politiques, le scénario de Planète B s’attache également à montrer ce moment de bascule durant lesquels des mouvements contestataires – voire même migratoires – deviennent des espèces de fantasmes médiatiques, des objets de haine violemment stigmatisés. Le film mélange ainsi science-fiction et thriller politique, et se retrouve au final le cul entre deux chaises, les idées et les questions soulevées par l’intrigue étant finalement plus passionnantes que le traitement qui leur est accordé, un peu lourd, répétitif et mal rythmé, l’intrigue suivant l’enquête de Nour (Souheila Yacoub) n’étant franchement pas la plus réussie du métrage.

Par ailleurs, on apprécie le fait que le cinéma français affiche une volonté de s’internationaliser, mais les passages en anglais au cœur de Planète B sonnent un peu bizarre – ainsi, la traduction littérale de « Tu es dans la merde » qui nous est proposée ici, à savoir « You’re in the shit », a tout particulièrement attiré notre attention, pour ne pas dire qu’elle a vaguement choqué nos oreilles. Si bien sûr la tournure est grammaticalement correcte, et qu’on comprend aisément l’image à laquelle renvoie, on avoue n’avoir jamais entendu pareille expression sortir de la bouche de quelqu’un. On aurait plutôt opté pour « You’re in trouble », « You’re in deep shit », voire même pour « You’re in the shit up to your neck ».

Le Blu-ray

[4/5]

Comme la plupart du temps avec les films édités par Le Pacte, le Blu-ray de Planète B s’avère assez superbe. La définition est au taquet, sans défaut, les couleurs respectent à la lettre la photo sombre de Jeanne Lapoirie, et le piqué révèle rapidement une jolie précision. Le master s’avère propre, les contrastes et la gestion des noirs ont été tout particulièrement soignés, les scènes nocturnes affichant une forme redoutable. En deux mots comme en cent, c’est du tout bon. Côté son, le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 se révèle rapidement très dynamique, et compose avec le rythme, les ambiances du film, ainsi qu’avec la musique de Bertrand Bonello : l’immersion est assurée. On notera également que Le Pacte n’oublie pas les cinéphiles qui visionnent leurs films à domicile sans utiliser de Home Cinema, puisque l’éditeur nous propose également un mixage DTS-HD Master Audio 2.0, qui s’avérera plus cohérent si vous visionnez Planète B sur un « simple » téléviseur.

Côté suppléments, Le Pacte nous propose de nous plonger dans un entretien avec la réalisatrice Aude Léa Rapin et les actrices Adèle Exarchopoulos et Souheila Yacoub (17 minutes). Elles y reviendront, entre autres, sur la genèse du film et sur leur désir de faire de la SF en France et au féminin. Elles évoqueront également les thématiques du film (peur de l’avenir, etc) ainsi que le processus de casting et sur le tournage. Enfin, on terminera avec le court-métrage Que vive l’Empereur (26 minutes), réalisé par Aude Léa Rapin en 2016.

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