Test Blu-ray : Peppermint

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Peppermint

 
États-Unis, Hong Kong : 2018
Titre original : –
Réalisation : Pierre Morel
Scénario : Chad St. John
Acteurs : Jennifer Garner, John Gallagher Jr., John Ortiz
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h41
Genre : Thriller, Action
Date de sortie cinéma : 12 septembre 2018
Date de sortie DVD/BR : 19 janvier 2019

 

Riley North est une jeune mère de famille dont le mari et la petite fille viennent d’être assassinés par un gang. Face à un système judiciaire corrompu qui remet en liberté les meurtriers qu’elle avait pourtant formellement identifiés, Riley décide de prendre les armes pour faire payer tous ceux qui, de près ou de loin, sont impliqués…

 


 

Le film

[3,5/5]

Pierre Morel est un des plus célèbres cinéastes français ayant réussi à faire son trou à l’international dans le petit monde du cinéma d’action. Ainsi, on le compare régulièrement à Jean-François Richet, Louis Leterrier, Florent Emilio Siri, Fabrice du Welz, Xavier Gens ou encore Jan Kounen. Mais à vrai dire, Morel possède tout de même un petit « truc en plus » qui le différencie de ses confrères : déjà, on pourra remarquer qu’il n’a pour le moment jamais dévié de sa trajectoire, restant à ce jour véritablement cramponné au cinéma de genre. Mais ce qui attire sur lui une immédiate sympathie est finalement, et de façon assez paradoxale, assez éloigné de son œuvre en tant que metteur en scène, et trouve en vérité sa place dans une des péripéties ayant animé, il y a un peu moins de dix ans, sa carrière de cinéaste. En effet, la plupart des cinéphiles éprouvent à son encontre un attachement particulier parce que Pierre Morel est un des seuls cinéastes issus de ce qu’on appellera « l’écurie Besson » à s’être, de façon frontale et définitive, opposé au diktat à la vision artistique de Luc Besson, ce qui a provoqué entre les deux hommes une brouille franche et définitive. Par conséquent, Pierre Morel est donc « LE » cinéaste qui a envoyé chier sévère le mogul du cinéma français ; et au lieu d’en ressortir brisé et de pointer derechef au Pôle Emploi le plus proche de chez lui, Morel a bel et bien réussi à s’imposer aux États-Unis de façon durable. On applaudit donc l’exploit des deux mains.

Peppermint est donc le dernier thriller en date de Pierre Morel, et comme tous ses films, il comporte ses qualités et ses défauts, mais vaut sans le moindre problème le déplacement. S’il s’en défend un peu dans les bonus du Blu-ray, avec son héroïne badass bien déterminée à buter tous les responsables de la mort de sa famille, Peppermint s’impose néanmoins comme se posant à la frontière entre le « revenge movie » et le « vigilante movie » pur et dur. Le « revenge movie », également appelé film de vengeance, est un sous-genre cinématographique qui, tout comme son cousin germain le « vigilante » (ou film d’auto-défense), met le doigt sur certaines questions sensibles, et prônant la plupart du temps le règlement immédiat de certains problèmes sociétaux par les citoyens eux-mêmes, usant de méthodes pour le moins directes à l’écart de la police et de la justice. Difficulté de faire le deuil d’un proche, inertie ou incapacité d’agir de la part des autorités, peine de mort et loi du talion, sentiment d’injustice, préméditation sans pitié… Ces thèmes délicats à aborder sont au centre de ces deux sous-genres du polar souvent considéré comme réactionnaires, voire même d’extrême-droite. Mais les différents changements de la société et la métamorphose de l’environnement urbain à travers le monde entier nous ont offert des exemples de « revenge movies » et de « vigilantes » en provenance de très nombreux pays depuis les années 70. Un justicier dans la ville (Michael Winner, 1974), Vigilante (William Lustig, 1983) ou À vif (Neil Jordan, 2007) s’imposent donc comme d’efficaces représentants du « vigilante movie ». En France, le dernier « revenge movie » notable était le très intéressant Contre-enquête (2007), qui marquait les débuts (autant que les limites) de Jean Dujardin en tant qu’acteur « sérieux » ; on pense également à La colère d’un homme patient (Raúl Arévalo, 2016).

Autant dire que l’on n’a pas grand chose à reprocher à Peppermint en termes d’efficacité. Le film de Pierre Morel est extrêmement bien torché, les scènes d’action sont intenses et bien découpées, et l’ensemble se laisse suivre sans le moindre problème ; c’est même avec même un certain plaisir que l’on contemplera Jennifer Garner envoyer ad patres tout ce que Los Angeles compte de dealers. Violente et jusqu’au-boutiste, la vengeance de l’héroïne sera extrêmement expéditive, ce qui devrait ravir les fans de revenge movies autant que les amateurs de vigilante. Néanmoins, et malgré toutes ses qualités, le film de Pierre Morel a la malchance de sortir quelques années après ce qui s’imposera probablement encore durant de longues années comme le film le plus ultime et définitif du genre : le sublime et extraordinaire Death Sentence, réalisé par James Wan en 2007 (également disponible en DVD et Blu-ray chez Metropolitan Vidéo, pour ceux qui ne l’auraient pas encore vu).

 

 

Le Blu-ray

[4,5/5]

Alors même que Metropolitan Vidéo nous avait déjà littéralement troué le cul avec la parfaite démo son et image que proposait le Blu-ray de Hell fest (lire notre article), la galette haute définition de Peppermint en remet à nouveau un grand coup dans l’excellence technique. La définition, le piqué et le niveau de détail sont au top niveau. Les couleurs sont éclatantes et naturelles, bien saturées, les contrastes sont au taquet, les (nombreuses) scènes nocturnes sont bien gérées et il n’y a pas le moindre souci de compression à l’horizon. Côté son, c’est également un festival avec deux pistes encodées DTS-HD Master Audio 7.1 (VF/VO) aux rendus très similaires, qui prennent toute leur ampleur dans la dernière partie du film et sur les différentes scènes d’action, qui défouraillent dans tous les sens. La spatialisation est intense, les basses se déchaînent, et les nombreux effets multi-canaux permettent une immersion totale dans la vengeance sanglante de Jennifer Garner.

La section suppléments est également d’une richesse étonnante. Outre le commentaire audio de Pierre Morel enregistré en anglais et malheureusement non sous-titré, on trouvera tout d’abord une courte featurette qui reviendra très rapidement sur l’intrigue et sur le personnage principal. Mais le bonus le plus passionnant est en réalité un entretien inédit avec Pierre Morel, d’une durée d’environ 30 minutes et enregistré en français. Le cinéaste y reviendra sur le scénario du film, la construction du récit, la performance de Jennifer Garner, etc, etc. Le tout sans la moindre langue de bois ! Quelques bandes-annonces de chez Metropolitan ferment le bal.

 

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