Test Blu-ray : Parthenope

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Parthenope

Italie, France : 2024
Titre original : –
Réalisation : Paolo Sorrentino
Scénario : Paolo Sorrentino
Acteurs : Celeste Dalla Porta, Stefania Sandrelli, Gary Oldman
Éditeur : Pathé
Genre : Drame, Érotique
Durée : 2h16
Date de sortie cinéma : 12 mars 2025
Date de sortie DVD/BR : 16 juillet 2025

La vie, tel un long voyage, de Partenope, de sa naissance dans les années 1950 à nos jours. Une épopée féminine sans héroïsme, débordante d’une inexorable passion pour la liberté, pour Naples et les visages de l’amour. Les amours vraies, inutiles et celles indicibles. Le parfait été à Capri d’une jeunesse baignée d’insouciance. Et qui se termine en embuscade. Et puis tous les autres, les Napolitains, hommes et femmes, fréquentés, observés et aimés, désabusés et vitaux, leurs dérives mélancoliques, leurs ironies tragiques et leurs yeux un peu abattus. La vie, mémorable ou ordinaire, sait être très longue. Le cours du temps offre un vaste répertoire de sentiments. Et là, au fond, proche et lointaine, cette ville indéfinissable, Naples, qui ensorcelle, enchante, hurle, rit et sait nous faire mal…

Le film

[3/5]

Dans la mythologie grecque, Parthénope est le nom d’une sirène amoureuse d’Ulysse qui, par désespoir, se serait noyée et aurait échouée près de Naples. Personne ne sait qui l’enterra, et sa tombe ne fut jamais découverte ; certains textes disent que Junon l’aurait transformée en une des pierres sur lesquelles la ville de Naples est fondée. Avec Parthenope, Paolo Sorrentino décide donc de faire de son personnage principal (la jeune Celeste Dalla Porta) une allégorie, une personnification de la ville de Naples dans laquelle il a grandi. C’est en tous cas l’alibi « culturel » utilisé par le cinéaste de 55 ans afin de nous livrer un film érotique centré sur une jeune femme de presque trente ans sa cadette.

A la façon d’un Bernardo Bertolucci qui, à l’aube de ses soixante ans, s’était laissé aller à mettre en images son amour pour les très jeunes femmes avec Innocents : The Dreamers, Paolo Sorrentino a trouvé en Italie et en France des producteurs lui ayant permis de tourner un film érotique enchaînant les scènes d’amour et mettant en scène ses fantasmes de la crise de la cinquantaine, le tout sous couvert de grand geste « artistique » et de déclaration d’amour à la beauté et à la ville de Naples. Comme le film de Bertolucci, Parthenope se déroule à la fin des années 1960, et trace des parallèles entre son héroïne et la ville de Naples : toutes deux sont envoûtantes, séduisantes, chargées d’histoire et empreintes d’un penchant pour l’anthropologie.

En collaboration avec sa directrice de la photo Daria D’Antonio, Paolo Sorrentino poursuit sa quête infatigable de perfection esthétique, nous livrant avec Parthenope un défilé ininterrompu d’images que l’on croirait tirées de pubs pour parfums. Mais Sorrentino n’est pas Terrence Malick, et beaucoup des visuels clinquants complaisamment étalés par le film pendant plus de deux heures cultivent volontiers une certaine vulgarité déviante qui, si elle n’est probablement pas typiquement « italienne », reste tout de même assez marquée dans l’inconscient collectif en raison des dérives racoleuses de la télé italienne depuis plus de trente ans (et pas seulement durant l’ère Silvio Berlusconi). De fait, en dépit d’une poignée de scènes « universitaires » destinées à donner le change, l’essentiel du film se contente de suivre l’héroïne, en bikini, exhibant sans cesse son corps à demi-nu sur la plage, dans la rue et sur les balcons.

Rassurez-vous cela dit : de peur d’être taxé d’être un vieux libidineux filmant, l’écume aux lèvres, de très jeunes femmes se roulant des pelles, Paolo Sorrentino varie un peu les plaisirs au cœur de Parthenope. Soucieux de multiplier à l’écran le plus possible d’idéaux de beauté superficiels et conventionnels, le cinéaste fait également la part belle aux jeunes corps masculins, également tous parfaits. Pourtant, la véritable beauté (des femmes, des hommes, de Naples) ne se situe-t-elle pas dans les imperfections, les cicatrices, les défauts ou les déformations ? La grande question que l’on peut se poser au fur et à mesure qu’évolue l’intrigue de Parthenope est donc de déterminer si Paolo Sorrentino tente de dénoncer par l’exemple la toxicité du regard masculin, où s’il se complait simplement dans une vision voyeuriste et de mauvais goût du corps féminin.

Techniquement, c’est absolument somptueux et parfait, mais la sauce ne prend qu’à moitié : les scènes de sexe sont globalement assez fades, et dénuées de passion. Pour autant, on notera qu’une poignée de personnages effrayants, comme cette femme qui cache son visage déformé, ou la mondaine Greta Cool (Luisa Ranieri), permettent à Parthenope de respirer quelque peu, et lui apportent une petite touche comique. Concernant la représentation de la ville de Naples, elle est élégante et grandiose, même si elle est le plus souvent aperçue de loin, ou à l’intérieur de ses palais somptueux, pleins d’ornements complexes et de meubles coûteux. Mais de la même façon que l’on ne croise au fil du film que de jeunes gens très beaux aux corps parfaits, la beauté urbaine présentée par le film est tout aussi conventionnelle : on ne trouvera dans la ville de Naples aucun signe de pauvreté, ni de l’agitation chaotique généralement associée à la ville.

Enfin, les dialogues creux qui ponctuent cet interminable essai sur la beauté cherchent à donner au film une apparence intellectuelle, mais les platitudes échangées par les personnages ne disent rien d’intéressant sur la culture et l’histoire italiennes. Au final, le film de Paolo Sorrentino s’avère visuellement très impressionnant et techniquement irréprochable, mais il cache mal sa vacuité et le fait qu’il s’agisse au final, ni plus ni moins, que d’un film érotique pour quinquas désireux de se rincer l’œil sur de très jeunes femmes. Bref, si vous voulez mater des culs mais que vous n’osez pas vous brancher sur les téléréalités genre « Les Anges » ou « Les Marseillais », Parthenope vous donnera cet alibi tant attendu d’Art et de culture. Il nous parait certes un peu hypocrite de célébrer Paolo Sorrentino comme un chantre de l’Art contemporain quand on laisse de côté des cinéastes tels que Tinto Brass ou l’américain Russ Meyer, mais soit !

Le Blu-ray

[4/5]

Le Blu-ray de Parthenope édité par Pathé nous propose véritablement une expérience Home Cinéma au taquet : l’image est littéralement superbe, même dans ses nombreux passages nocturnes, et rend parfaitement hommage à la belle photo du film signée Daria D’Antonio. La définition est précise, les couleurs très saturées sont respectées à la lettre, et même durant les séquences les plus chaotiques à l’écran (fumée, couleurs vives qui tranchent net), le master tient toujours parfaitement la route et nous ravit pleinement les mirettes. Niveau son, VF et VO sont proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 5.1 d’une étonnante sobriété. Néanmoins, l’immersion est excellente – la spatialisation joue la carte de l’ambiance, discrète, mais finalement assez efficace. Un superbe boulot.

Dans la section suppléments, on trouvera tout d’abord un entretien avec Paolo Sorrentino (8 minutes). Il y reviendra sur la genèse de son film, et de son aspect très personnel. On poursuivra ensuite avec des entretiens croisés avec Celeste Dalla Porta et Gary Oldman (12 minutes), qui reviendront sur leur attachement au projet, sur leurs personnages ainsi que sur leur relation avec le cinéaste Paolo Sorrentino. Enfin, on terminera avec un intéressant making of (20 minutes), qui s’attardera beaucoup sur les aspects les plus visuels du film, et nous proposera quelques jolis moments pris sur le vif. Sympathique !

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