Test Blu-ray : Mortelles confessions

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Mortelles confessions

 
Royaume-Uni : 1976
Titre original : The confessional
Réalisation : Pete Walker
Scénario : David McGillivray, Pete Walker
Acteurs : Anthony Sharp, Susan Penhaligon, Stephanie Beacham
Éditeur : Artus Films
Durée : 1h44
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : décembre 1979
Date de sortie DVD/BR : 6 mars 2018

 

 

Jenny Welch vit avec sa soeur Vanessa, et mène une vie amoureuse instable après qu’elle s’est faite quitter par son amant. Elle se met alors à fréquenter un vieil ami d’enfance, Bernard, devenu prêtre. Devant la faiblesse de la jeune femme, il l’invite à aller en confessions avec le père Meldrum, un prêtre acariâtre et frustré. Ce dernier va alors prendre pour mission divine de « purifier » Jenny et de préserver leur étrange relation…

 

 

Le film

[4,5/5]

Après Flagellations (lire notre article) et Frightmare en 1974, le duo composé par Pete Walker et le scénariste David McGillivray poursuit sur sa brillante lancée en continuant d’explorer les arcanes du cinéma de « terreur » britannique en 1976, avec l’épatant Mortelles confessions, plus connu sous ses titres anglais The confessional et House of mortal sin.

Avec ce troisième film horrifique qu’ils signent en duo, Walker et McGillivray prennent à nouveau le parti de situer leur intrigue dans un univers très contemporain et réaliste, ce qui, mine de rien, n’était pas très courant à l’époque dans le cinéma fantastique – on en veut pour preuve les propos souvent relayés par David Cronenberg au sujet de son premier film Frissons (1975), au sujet duquel il semble profondément convaincu d’avoir signé le tout premier film d’horreur se déroulant à une époque contemporaine, après des décennies de règne de l’épouvante gothique. Bien sûr, si brillant soit-il, le cinéaste canadien est dans l’erreur, puisque quelques-uns s’étaient frottés aux affres de leur propre époque avant lui. Mortelles confessions se déroule donc dans les années 70, et s’attaque de front à l’hypocrisie de l’église catholique. En effet, si le film nous donne à voir deux représentants du « clergé » en la personne des pères Meldrum et Cutler, la vision de l’église que nous propose le film n’a rien de très reluisante : l’un est un psychopathe enchainant les meurtres et séquestrant sa propre mère avec l’aide d’une dévote tortionnaire, et l’autre envisage de quitter la défroque de curé pour l’amour d’une femme.

Refusant à nouveau tout recours au surnaturel et au fantastique, le film de Pete Walker n’en demeure pas moins un très efficace film d’horreur, proposant quelques dérives gore et une ambiance bien déviante, et opposant la jeunesse libertaire post-68 à une ancienne garde prête à tout pour faire régner les bonnes mœurs. Tout comme dans Flagellations, Pete Walker et David McGillivray ne semblent prendre parti pour aucun « camp », se posant juste en observateurs impartiaux des dérives des uns comme des autres – même si bien sûr, on ne pourra réellement justifier les méthodes employées par l’ancienne génération afin de remettre la jeunesse au pas.

Au-delà des meurtres en tous genres, Mortelles confessions aborde donc quelques douloureux sujets de société (frustration sexuelle, amour libre, avortement) sans pour autant « juger » ses personnages, qui s’avèrent tous attachants, pour diverses raisons. Mais l’immense réussite du film ne serait pas ce qu’elle est sans l’appui d’un casting impeccable. Du côté des « méchants », ou du moins des personnages les plus troubles du récit, on trouvera dans le rôle du père Meldrum un Anthony Sharp absolument grandiose, nous livrant une prestation fiévreuse, angoissante et hallucinée. Dans le rôle de son assistance transie d’amour et de ressentiment, on retrouvera avec grand plaisir l’allure sévère de Sheila Keith, déjà vue en matonne sadique dans Flagellations deux ans auparavant. Du côté des « victimes », on trouvera dans la peau du père Cutler le plutôt rare Norman Eshley, déjà vu en amoureux transi de Mia Farrow dans l’épatant Terreur aveugle de Richard Fleischer (1971). On n’oubliera pas non plus Susan Penhaligon dans le rôle de la jeune héroïne qui, par son jeu et son physique, s’impose comme une espèce de Mylène Demongeot britannique. Enfin, les amateurs de séries TV et de bandes déviantes seront également ravis de retrouver Stephanie Beacham, et dont la filmographie contient des films tels que Dracula 73 ou Inseminoïd, mais également des rôles récurrents dans Dynastie ou Beverly Hills.

Humour noir, frissons, rebondissements, le tout emballé avec une rigueur formelle rare : Mortelles confessions s’impose comme un excellent représentant du cinéma d’horreur indépendant des années 70. Du grand Art !

 

 

Le Blu-ray

[4,5/5]

Parallèlement à la sortie en Blu-ray de Flagellations, Artus Films nous propose également de découvrir ou redécouvrir Mortelles confessions sur support Haute Définition, et l’éditeur a, à l’occasion de la sortie de ces deux premiers Blu-ray (L’enfer des zombies de Lucio Fulci suivra le 2 mai 2018, dans une édition s’annonçant comme assez monumentale), vraiment soigné sa copie, avec deux galettes qui devraient satisfaire les afficionados de cinéma de genre autant que les maniaques de la technique. La définition est précise, les couleurs riches et bien saturées, les noirs sont profonds, et la restauration a pris soin de préserver le grain argentique d’origine. Bien sûr, les plans « à effets » (générique, mentions écrites, fondus enchainés) accusent des effets du temps, mais le reste est d’une propreté et d’une stabilité tout à fait étonnantes. Au petit jeu des comparaisons, et puisque nous disposions pour ce titre du Blu-ray édité par Kino Lorber / Redemption aux Etats-Unis en 2014, on notera que le grain d’origine est un peu plus présent sur la galette américaine, et que la colorimétrie diffère également légèrement, le Blu-ray édité par Artus tirant un peu plus sur le jaune que son équivalent US. Rien de dramatique cela dit, l’éditeur français n’ayant à rougir ni de son master, ni de son encodage. Côté son, seule la version originale est proposée en DTS-HD Master Audio 2.0, au niveau un poil bas mais propre et toujours parfaitement clair.

Côté suppléments, Artus Films nous propose une présentation du film par Alain Petit, qui complète plutôt bien la longue présentation de l’œuvre de Pete Walker découverte sur le Blu-ray de Flagellations. Il ne faudra cependant pas être bien fin psychologue pour se rendre compte qu’Alain Petit ne partage pas forcément l’enthousiasme immodéré de son confrère David Didelot concernant le cinéma de Walker. Cela dit, il fait preuve d’un réel intérêt pour ce qu’il appelle la « trilogie du troisième âge », trilogie composée par Flagellations, Frightmare et Mortelles confessions ; il reviendra également assez longuement sur le casting du film, et terminera son intervention en un peu moins de vingt minutes.

 

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