Test Blu-ray : L’île sanglante

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L’île sanglante

États-Unis : 1980
Titre original : The island
Réalisation : Michael Ritchie
Scénario : Peter Benchley
Acteurs : Michael Caine, David Warner, Frank Middlemass
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h54
Genre : Fantastique
Date de sortie cinéma : 8 octobre 1980
Date de sortie DVD/BR : 21 novembre 2018

Le journaliste Blair Maynard enquête sur les mystérieuses disparitions de bateaux dans le célèbre triangle des Bermudes. Assurant le garde de son fils lors d’un week-end, il se rend à bord d’un vieux coucou sur l’île de Navidad, lieu proche des derniers signes de vie des navires disparus. Ils font la connaissance du docteur Windsor qui leur offre l’hospitalité…

Le film

[3/5]

Surtout connu en France pour être le réalisateur, dans les années 80, de l’excellent Fletch aux trousses et de Golden child – L’enfant sacré du Tibet, Michael Ritchie a pourtant signé une belle série de films très intéressants tout au long des années 70 : on pense notamment à Carnage (1972), avec Lee Marvin et Sissy Spacek, à la satire politique Votez McKay (1972 également) avec Robert Redford, ou encore aux sympathiques comédies sportives La chouette équipe (1976) et Les faux durs (1977). Ritchie n’était donc pas uniquement l’homme à qui l’on doit les deux aventures de Chevy Chase dans la peau de Fletch : son œuvre s’impose comme à redécouvrir et à réhabiliter au plus vite.

Sorti sur les écrans en 1980, L’île sanglante apparaît avec le recul comme le seul film fantastique de sa carrière ; mais on notera cependant pour tempérer nos ardeurs qu’il s’agit en réalité d’un « faux » film fantastique, n’assumant pas à 100% son postulat de départ, et bifurquant brutalement à mi-parcours vers un déroulement nettement plus classique. Bien sûr, les cinéphiles ayant fantasmé depuis des années sur la sublime affiche du film risquent par conséquent de déchanter légèrement à la découverte de cet état de fait, mais la vie de tout amoureux du cinéma est pavée de ce genre de déconvenues. L’affiche de L’île sanglante, dans le plus pur style des affiches de l’époque, montrait une main armée d’un couteau sortant de l’eau afin de menacer une petite île isolée en arrière-plan. La présence au générique des noms de Michael Caine, d’Ennio Morricone à la musique et de Peter Benchley (Les dents de la mer) au scénario achevait de nous mettre l’eau à la bouche.

Et le fait est que durant sa première partie, nimbée de mystère autour de disparitions au cœur du tristement célèbre « Triangle des Bermudes », L’île sanglante se révèle un solide film fantastique. D’un point de vue purement formel, le film de Michael Ritchie évoque bien sûr Les dents de la mer de Steven Spielberg, non seulement parce qu’il se déroule en mer, mais également par sa gestion des effets et son utilisation de la musique. On pourra également voir dans les premières séquences du film, proposant de nombreux plans en caméra subjective, les prémices du genre « slasher » qui exploserait dans les mois et les années qui suivraient – en effet, L’île sanglante est sorti un mois à peine après le premier Vendredi 13, et on ne pourrait pas sérieusement avancer que le style de Ritchie ait subi l’influence consciente du film de Sean S. Cunningham. Peut-être cette influence est-elle à aller chercher du côté de chez Bob Clark (Black christmas, 1974), ou plus probablement de chez Mario Bava (La baie sanglante, 1971), d’autant que L’île sanglante se laisse volontiers aller à de bonnes grosses et réjouissantes dérives dans le « gore » – on comprend dès lors que le titre français n’avait rien d’innocent et cherchait à surfer sur le succès rencontré par le film de Bava.

En revanche, on avouera sans détour que le virage qu’opère le récit dans sa deuxième partie nous laisse d’avantage perplexe même si on devra bien admettre, après coup, qu’un des éléments graphiques de l’affiche originale prend tout son sens à la découverte de ce revirement inattendu. Finies la tension et l’ambiance violente et surnaturelle, l’histoire prend en effet dès la découverte du pot aux roses des allures de bouffonnerie un poil grotesque, dont les passages humoristiques annihilent finalement tous les efforts effectués par Michael Ritchie et son équipe sur la première moitié du film. Un problème de tonalité donc, d’autant plus regrettable que le début était réellement de haute tenue… Pour l’anecdote, on notera que le site de référence IMDb.com nous apprend que L’île sanglante est tout de même un cas à part dans la filmographie de Michael Caine, dans le sens où il s’agit du seul film au sujet duquel l’acteur britannique refuse de s’exprimer. On n’ira pas jusqu’à dire qu’on le comprend – premièrement, il n’a aucunement à rougir de sa prestation, qui s’avère assez réjouissante dans son genre, et deuxièmement, les qualités de la première partie du film méritent sans conteste un coup d’œil appuyé !

Le Blu-ray

[4,5/5]

Béni soit Elephant Films, qui nous propose de redécouvrir en Haute Définition quelques pépites de l’horreur au sein d’une vague de sorties étalées sur les mois de novembre / décembre 2018 ! L’occasion pour La sentinelle des maudits, L’île sanglante, La nurse, Enfer mécanique, Le fantôme de Milburn et Enterré vivant de s’offrir un très attendu lifting HD sur galette Blu-ray, et aux nouvelles générations de découvrir quelques classiques oubliés.

Elephant Films nous propose donc de découvrir ou redécouvrir L’île sanglante dans un beau master qui devrait à priori mettre tout le monde d’accord, d’autant plus que le film était jusqu’ici inédit en DVD. L’image du Blu-ray du film de Michael Ritchie est donc assez belle et lumineuse, le piqué est relativement précis, les couleurs équilibrées, et la gestion des contrastes ne semble pas poser de problème particulier, même si bien sûr la copie n’est probablement pas de première jeunesse. Le grain d’époque est globalement respecté, et le rendu est somme toute absolument honorable. Côté son, l’éditeur nous propose deux mixages en DTS-HD Master Audio 2.0 ; le mono est très diffus en VF, avec des dialogues qui ne ressortent pas forcément toujours parfaitement du reste de la bande son. La VOSTF passe mieux sur un plan vocal, plus distincte, mais le mono d’origine reste tout aussi limité dans ses possibilités. Néanmoins, l’éditeur nous propose également une piste VO dans un remixage DTS-HD Master Audio 5.1, essentiellement frontal, préservant bien heureusement l’esprit du film, et offrant contre toute attente un meilleur équilibrage dialogues / effets sonores / musique. Aucun défaut majeur n’est donc à déplorer : du bon travail technique.

Côté suppléments, outre les bandes-annonces non restaurées de quelques films de cette vague horrifique, Elephant Films nous propose une intéressante présentation du film par Julien Comelli et Erwan Le Gac. S’il s’avère assez passionnant, ce sujet enlevé et amusant révèle en revanche un élément clé de l’intrigue que l’on a quant à nous pris soin de vous cacher pour ne pas vous [SPOILER] le plaisir, en modifiant même le résumé de l’intrigue disponible en tête d’article pour ne pas vous gâcher la surprise. On terminera le tour des bonus avec le générique du film en français (début et fin), probablement issu d’une antique copie VHS du film, et permettant de constater le bond qualitatif proposé par cette édition.

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