L’Héritier de la Violence
Hong Kong : 1986
Titre original : Long zai jiang hu
Réalisation : Ronny Yu
Scénario : Clifton Ko, Raymond Fung
Acteurs : Brandon Lee, Michael Wong, Regina Kent
Éditeur : HK Vidéo
Durée : 1h27
Genre : Action
Date de sortie cinéma : 21 juin 1989
Date de sortie DVD/BR : 12 juillet 2025
Brandon mène une vie tranquille entre ses deux emplois et sa fiancée May. Un jour,il est pris au piège par son ami dealer Michael qui le fait accuser du meurtre d’un policier corrompu. Après huit ans de prison, Brandon découvre que sa femme et son fils ont été kidnappés. Il part à la recherche de Michael pour retrouver les siens…
Le film
[3,5/5]
L’Héritier de la Violence est le premier film de Brandon Lee, et le seul film de sa courte carrière à avoir été produit et tourné à Hong Kong, et pour cause : il avait beau être le fils de Bruce Lee, le jeune Brandon était né aux États-Unis et ne parlait pas un mot de cantonais. Pour autant, le film lui servirait de carte de visite afin de trouver des rôles en Occident, et lui permettrait de rentrer au pays et d’enchaîner avec les tournages de Laser Mission (1989), Dans les griffes du dragon rouge (1991), Rapid Fire (1992) et bien sûr The Crow, sur le tournage duquel il perdra la vie en 1994.
Sorti à Hong Kong en 1986, puis en France en 1989 (sous le titre Légitime Vengeance), le projet L’Héritier de la violence a été monté sur le seul nom de Brandon Lee, et sur sa prestigieuse filiation avec le mythique petit dragon. Le film de Ronny Yu marquait également la collaboration, le temps d’une séquence, entre Brandon Lee et Bolo Yeung, futur Chong Li de Bloodsport, mais qui à l’époque était surtout connu en Occident pour son apparition dans Opération Dragon. Pour autant, dans l’absolu, L’Héritier de la violence n’est pas un film de kung fu, mais plutôt un film d’action « hardboiled » s’inscrivant dans la lignée du premiers polar de John Woo, Le Syndicat du Crime, tourné la même année.
D’ailleurs, une partie du casting de L’Héritier de la violence est composé de têtes très connues des amateurs de polars très énervés tournés à Hong Kong à la même époque : impossible de ne pas reconnaître le visage poupon de Mang Hoi (Le Sens du devoir II) dans le rôle du gentil sidekick du héros. Et du côté des méchants, on reverrait la trogne arrogante de Michael Wong dans Fury (1988) et Le Sens du devoir IV (1989), ainsi que celle de son homme de main patibulaire Shing Fui-On, vu entre autres dans Le Syndicat du crime (1986), Le Syndicat du crime 2 (1987), Tiger on the beat (1988), The Killer (1989) ou Les Dieux du jeu (1989). Les plus observateurs pourront également reconnaître Kirk Wong dans la peau de l’inspecteur Lau, le ripou qui fait tomber Brandon au début du film, et on notera que Regina Kent, qui joue la copine du héros, a également connu une mort prématurée, puisqu’elle a été emportée par un cancer du cerveau en 1999.
L’Héritier de la violence s’inscrit donc dans la lignée du polar hardboiled, très populaire à l’époque : les scènes d’arts martiaux sont rares, brèves et plutôt basiques. En revanche, les gunfights sont solides, acrobatiques, moins raffinés et plus bruts que ceux développés par John Woo à la même époque. La réalisation de Ronny Yu (La justice d’un flic, The bride with white hair, La fiancée de Chucky) est punchy et énergique, mais on admettra sans rougir que l’ensemble vaut surtout pour son dernier acte, qui comprend une course-poursuite en voiture et à pied, l’explosion d’un camion-citerne, un passage amusant durant lequel Brandon balance des poulets vivants sur ses poursuivants pour les ralentir, une course-poursuite avec des marches arrière à grande vitesse, des grenades à main, des armes assez puissantes pour faire exploser des voitures, des tirs de mitraillette depuis une Jeep en utilisant son pied pour manier le volant, une statue remplie de tireurs en mode « Cheval de Troie », un homme qui se fait tirer dessus puis dévale une rampe d’escalier avant de se faire fracasser la tête à travers des vitrines, et une maison totalement mise à sac durant la scène finale. A voir !
Le Blu-ray
[4/5]
C’est sous les couleurs de HK Vidéo que vient de débarquer L’Héritier de la violence au format Blu-ray. Côté packaging, on a droit à un superbe Digipack trois volets, et côté master, la copie du film de Ronny Yu s’avère très solide, avec un grain cinéma globalement respecté, et des contrastes finement travaillés. Le master est stable et propre sans la moindre rayure ou autre griffe disgracieuse ; piqué et profondeur de champ répondent également présents à l’appel, bref, c’est du très beau travail. Côté son, l’éditeur nous propose de revoir le film en VF ou VO cantonaise. La VO nous est proposée, au choix, en DTS-HD Master Audio 5.1 ou en DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo, sans souffle ni bruits parasites. Les dialogues sont parfaitement clairs, le rendu acoustique est homogène, et du côté de la piste multicanal, la spatialisation globalement discrète mais sachant se révéler efficace, dynamique et immersive durant les séquences d’action. Du côté de la VF, il faudra se contenter d’un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 mono, globalement satisfaisant mais beaucoup plus fatigué que les deux pistes cantonaises. Dans la section suppléments, on trouvera un entretien avec le réalisateur Ronny Yu (10 minutes). Il y reviendra sur le tournage du film et la personnalité de Brandon Lee, qui refusait les scènes de kung-fu afin de tenter de se démarquer de l’image de son père. On terminera avec la traditionnelle bande-annonce.
