Test Blu-ray : Les voyages de Gulliver

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Les voyages de Gulliver

 
États-Unis, Royaume-Uni : 1960
Titre original : The 3 worlds of Gulliver
Réalisation : Jack Sher
Scénario : Arthur A. Ross, Jack Sher
Acteurs : Kerwin Mathews, Jo Morrow, June Thorburn
Editeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h39
Genre : Fantastique
Date de sortie cinéma : 23 décembre 1960
Date de sortie BR/DVD : 8 novembre 2019

 

Humble médecin dans une petite ville d’Angleterre, Gulliver rêve de découvrir le vaste monde. Quand, enfin, il peut le faire en embarquant sur un bateau à destination des Indes, une tempête le jette par dessus bord. Quand il se réveille, c’est dans un étrange royaume, Lilliput, dont les habitants sont si petits qu’il pourrait leur marcher dessus. Petits, mais toujours prêts à en découdre avec leurs voisins de Blefuscu…

 


 

Le film

[4/5]

Publié au XVIIIème siècle un peu partout dans le monde, « Les voyages de Gulliver » de Jonathan Swift était une satire assez féroce, qui utilisait un ton humoristique et très fantaisiste afin de livrer ce qui s’impose encore trois siècles plus tard comme un sommet du pamphlet social, politique et philosophique, dont le regard était d’une telle acuité que sa portée reste quasiment intacte aujourd’hui. La popularité du roman n’a d’ailleurs cessé de grandir au fil des siècles, si bien qu’il fut adapté au cinéma dès 1902 par Georges Méliès dans Le voyage de Gulliver à Lilliput et chez les géants.

Dans cette première adaptation, Méliès n’adaptait qu’une partie du roman de Swift : il ne s’intéressait en effet qu’aux voyages vers Lilliput et Brobdingnag, délaissant en revanche les voyages à Laputa et au pays des Houyhnhnms, les chevaux intelligents qui inspireraient sans doute en partie Pierre Boulle pour sa « Planète des singes ». C’est très intéressant, dans le sens où dans la grande majorité des adaptations cinématographiques qui suivraient, les voyages de Gulliver se verraient également réduits à un voyage chez les Lilliputiens, puis chez les Géants. Le plus souvent d’ailleurs en privilégiant un récit familial, voire même enfantin, aux allures de conte qui gommeraient un peu la portée du discours de Jonathan Swift sur l’homme, la politique, la guerre, etc. C’est dommage, car les deux derniers voyages du roman abordaient des thèmes universels tel que l’immortalité, la notions de Bien et de Mal, ou le statut même d’être humain…

Mais le Cinéma aime la légèreté, et Les voyages de Gulliver version Jack Sher / Ray Harryhausen (1960) ne dérogera pas à la règle, s’attardant uniquement sur les deux premiers voyages de Gulliver, de façon à permettre à Ray Harryhausen d’en mettre à nouveau plein la vue du public avec ses effets spéciaux épatants. Marquant les retrouvailles entre Ray Harryhausen, son producteur Charles Schneer, le compositeur Bernard Herrmann et l’acteur Kerwin Mathews – toute la fine équipe du formidable Septième Voyage de Sinbad (lire notre article) – cette nouvelle version version des aventures du Gulliver permettra à Ray Harryhausen de multiplier les plans à effets et les incrustations qu’on adore. Bien sûr, étant donné le sujet, il se verra obligé de lever un peu le pied concernant les monstres et autres créatures géantes animées image par image : tout juste aura-t-on droit à un crocodile et à un écureuil.

Pour le reste, et même s’il n’aborde finalement que la moitié du roman de Jonathan Swift, Les voyages de Gulliver délivre une poignée d’excellentes répliques, très drôles et plutôt bien vues, renouant avec la portée sociale de l’œuvre originale (« Of course I don’t need a prime minister to fight a war, but I need one to blame in case we lose it ») tout en l’agrémentant de sublimes images ayant traversé les décennies avec toujours le même panache et le même charme, malgré les inévitables défauts liés à l’âge du film, qui tendent à faire ricaner les habitués du tout-en-CGI (détourage des personnages parfois un peu approximatif, problèmes d’homogénéité de la lumière et du grain lors des plans superposés…). Du grand cinéma de divertissement, féerique pour petits et grands.

 

 

Le Blu-ray

[4,5/5]

Pour le plus grand bonheur des cinéphiles, Sidonis Calysta continue sur sa lancée entamée il y a quelques mois avec Les voyages de Gulliver, un nouveau film estampillé « Ray Harryhausen » que l’on est heureux de voir sortir sur support Blu-ray. Et dès les premiers plans, on constatera que le boulot de restauration Haute Définition a été fait avec soin, et que le bond qualitatif par rapport à ce que l’on se souvenait du film est vraiment saisissant. Le grain d’origine est bien là, le piqué est d’une belle précision, et les couleurs sont naturelles et profondes. Bref, on est en présence d’un très beau Blu-ray. Côté son, c’est la classe également : la VO et la VF d’origine sont proposées dans les mixages DTS-HD Master Audio 2.0 qui satisferont clairement les amateurs, le résultat est vraiment très sympathique même si la version française semble un peu artificiellement boostée et frôle de peu la saturation.

Du côté des de suppléments, on trouvera, outre le livret de 24 pages dont la rédaction a été confiée à Marc Toullec, décidément intarissable quel que soit le sujet abordé (nous n’avons malheureusement pas eu l’occasion de le lire), on trouvera rien de moins que le célèbre film d’animation Les voyages de Gulliver (Dave Fleischer, 1939). Sacré événement que de voir débarquer ce classique en Haute-Définition ! Le film est non seulement proposé en HD, mais au format et à la fois en VF et en VO . Malgré les rayures régulières qui trahissent une absence de restauration, le master affiche une plutôt bonne forme : le rendu visuel n’est certes pas irréprochable mais vraiment tout à fait satisfaisant. Le film est qui plus est proposé en VF et VO (avec les indispensables sous-titres français) en DTS-HD Master Audio 2.0. Du beau travail pour une édition qui devrait ravir à la fois les fans de Ray Harryhausen et les fans de cinéma d’animation.

 

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