Test Blu-ray : Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin

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Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin

 
États-Unis : 1986
Titre original : Big trouble in Little China
Réalisation : John Carpenter
Scénario : Gary Goldman, David Z. Weinstein, W.D. Richter
Acteurs : Kurt Russell, Kim Cattrall, Dennis Dun
Éditeur : L’atelier d’images
Durée : 1h40
Genre : Fantastique, Action
Date de sortie cinéma : 3 septembre 1986
Date de sortie DVD/BR : 16 octobre 2018

 

 

Jack Burton, aventurier des temps modernes, a roulé sa bosse à travers toute l’Amérique. Il s’est battu dans les quartiers les plus mal famés et croit connaître tous les dangers de la terre. Pourtant, lorsqu’il part à la recherche de la belle Miao Yin, la fiancée de son ami Wang Chi, il va aller de surprises en surprises au cœur de Chinatown, au beau milieu d’une lutte surnaturelle entre les puissances du Bien et du Mal orientales…

 

 

Le film

[5/5]

Nombre de réalisateurs ont donné leur vision du « serial » avec des bandes d’action/aventure décomplexées, avec leur lot de malédictions pirates, de triades chinoises, de revenants momifiés, de serpents venimeux, de rayons laser, de mines abandonnées, de tombeaux profanés, de tribus cannibales ou encore de diamants dérobés, mais aucun d’entre eux n’avait osé, avant John Carpenter, osé placer l’exotisme littéralement au coin de la rue, dans le San Francisco des années 80.

Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin est donc un sublime hommage au cinéma de la Shaw Brothers des années 70/80 (encore relativement peu connus en Occident à l’époque) doublé d’une ode vibrante au carton-pâte, un film hommage au serial grâce auquel Big John peut, avec sa maestria habituelle et, surtout, avec une sincérité désarmante, à loisir déclarer son amour immodéré à la fois pour les aventures exotiques d’un Allan Quatermain, pour le machisme affiché des héros de western et pour la fantaisie débridée (si l’on peut dire !) du cinéma Hongkongais.

Faisant s’opposer un camionneur un peu beauf à un bad guy quasi-invincible et millénaire (schéma narratif que Carpenter reprendrait dans Vampires un peu moins de 15 ans plus tard), Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin ne recule devant aucune outrance, devant aucune idée barge (fut-elle cartoonesque au possible), le génial cinéaste s’amusant à mêler allégrement éléments de SF, fantastique, aventures et pur action-flick dans son récit. En résulte donc un film hétérogène, bien barré, ultra-référentiel mais 100% jouissif, au sein duquel se croisent des personnages surréalistes (les guerriers chinois maîtrisant les éléments) et s’enchaînent des séquences énormes au cœur d’un Chinatown de dessin animé. Il n’est d’ailleurs pas étonnant de retrouver au scénario W.D. Richter, réalisateur deux ans plus tôt des formidables Aventures de Buckaroo Banzaï à travers la 8e dimension.

 

 

Au final, ouvertement comique et à contre-courant du style habituel déployé par John Carpenter, le film s’avère certes peut-être un peu bancal et imparfait, mais constamment inventif, attachant et cool, un peu comme un gamin obèse avec un œil crevé qui serait obligé de redoubler de cabrioles et de bons mots pour séduire l’élue de son cœur. Bien sûr, le « love object » de Carpenter et Kurt Russell, c’est le public, et au final, il s’avère littéralement impossible ne pas se laisser aller aux facéties de ce petit gros traversé par des éclairs de génie. En résulte même une espèce de devoir moral d’écarter les jambes vite fait, afin de s’abandonner aux coups de reins du petit priapique : peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ! Comment résister de toutes façons à l’énergie des Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin, chef d’œuvre absolu porté par un Kurt Russell se régalant de sa composition de beauf anti-Snake Plissken

A noter également qu’un joli tribut au film a été rendu par un autre priapique adepte des filles faciles, Quentin Tarantino, le (génial) marcel de Jack Burton trônant dans le bar au début de Boulevard de la mort.

 

 

Le Blu-ray

[5/5]

Bien sûr, les fans de John Carpenter et des Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin savent pertinemment que le film était déjà sorti sur support Blu-ray en 2010, sous les couleurs de 20th Century Fox. Mais cette nouvelle édition du film, aujourd’hui éditée par L’atelier d’images, mettra à priori tout le monde d’accord à tous les niveaux. Déjà, on saluera bien bas l’initiative de l’éditeur de nous proposer le film dans un superbe Steelbook (ou métalliboite) aux couleurs du film : un packaging qui impose d’entrée de jeu une édition de grande classe, d’autant qu’il propose deux visuels (recto et verso), dont une illustration originale du légendaire Paul Shipper.

Ensuite, on ne pourra que s’incliner devant le nouveau master 2K du film, littéralement superbe. Ce master Haute Définition, naturellement proposé en 1080p, a en effet une sacrée patate. Riche, précis, proposant une gestion des couleurs et surtout des noirs assez bluffante tout en respectant scrupuleusement la granulation argentique d’origine, le Blu-ray édité par L’atelier d’images affiche un beau piqué et une belle stabilité. La galette rend donc justice à la belle photo du film signée Dean Cundey. Les pistes VF/VO, toutes deux disponibles en DTS-HD Master Audio 5.1, s’imposent sans peine dans des mixages amples et d’un dynamisme littéralement bluffant ; on notera que si bien sûr rien n’est meilleur que la VO, la nostalgie nous attire toujours vers ces VF ayant bercé notre enfance, d’autant que cette dernière fait preuve d’autant d’efficacité que sa grande sœur, s’exprimant dans la langue de Shakespeare.

 

 

Du côté des suppléments, le Blu-ray édité par L’atelier d’images reprend tout d’abord les bonus déjà disponibles sur l’édition précédente du film : outre un commentaire audio de John Carpenter et Kurt Russell, on trouvera donc une série de scènes coupées, une « fin alternative » faisant à nouveau intervenir le gang des « Seigneurs de la mort », une featurette vintage proposant des propos de divers membres de l’équipe ainsi que des images du tournage, un clip vidéo de John Carpenter pour la musique du film (très très daté et très amusant dans son genre). On terminera le tour des bonus « connus » avec un entretien avec Richard Edlund durant lequel le responsable des effets spéciaux se remémore comment certains masques et effets spéciaux du film ont été fabriqués, ainsi qu’avec une sélection de bandes-annonces. Tout ça en définition standard et VOST.

Mais la galette éditée par L’atelier d’images nous propose également presque une heure et demie de suppléments inédits, en Haute Définition et VOST : on commencera avec un passionnant entretien avec John Carpenter (« Retour à Little China », 13 minutes). Détendu et franc, le cinéaste évoque avec beaucoup d’humour le plaisir qu’il a pris durant le tournage, mais n’élude pas les difficultés rencontrées avec les équipes de 20th Century Fox, qui semblent avoir tout fait pour saborder le film au box-office. Ces propos seront d’ailleurs confirmés par un entretien avec Kurt Russell (« Dans la peau de Jack Burton », 21 minutes), au cours duquel l’acteur, après avoir abordé sa relation professionnelle et amicale avec John Carpenter ainsi que son affection pour le personnage de Jack Burton, reviendra sur le drôle de destin du film, échec en salles mais gros succès en vidéo lui ayant finalement offert une véritable aura de film « culte ». On continuera ensuite avec un très intéressant entretien avec Dean Cundey (« Carpenter et moi », 16 minutes). Ce dernier y revient sur sa collaboration de longue date avec Carpenter, et l’importance que sa direction photo a pu avoir sur des réussites telles que Halloween et New York 1997. Si bien sûr, cela fait un poil prétentieux de le souligner, on ne pourra que lui donner raison sur l’impact visuel qu’ont pu avoir les films sur lesquels Cundey et Carpenter ont collaboré. Concernant Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin, il évoque le production design du film, à la fois fou et foisonnant de détails, les différentes ambiances qu’il a voulu créer concernant le quartier chinois et des mystères qu’il abrite, et revient sur la manière dont ils ont été conçus. On poursuivra notre voyage au cœur des arcanes du film avec un entretien avec Larry J. Franco (« Produire Les aventures de Jack Burton », 16 minutes) au cours duquel le producteur et premier assistant réalisateur évoque sa longue collaboration avec John Carpenter, mais également du casting du film (en particulier de Kurt Russell et des acteurs incarnant les « trois trombes »), et du mécontentement de Carpenter vis à vis du travail au cœur d’un grand studio. Enfin, on terminera avec un entretien avec Jeff Imada (« Mettre en scène Les aventures de Jack Burton », 13 minutes), durant lequel l’acteur / cascadeur évoque sa contribution aux scènes d’action du film (dans lesquelles il incarnait plusieurs personnages différents). Une édition indispensable pour un film qui l’est tout autant !

 

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