Test Blu-ray : La secrétaire

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La secrétaire

États-Unis : 2002
Titre original : Secretary
Réalisateur : Steven Shainberg
Scénario : Steven Shainberg, Erin Cressida Wilson
Acteurs : Maggie Gyllenhaal, James Spader, Patrick Bauchau, Stephen McHattie
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h46
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 4 juin 2003
Date de sortie BR : 11 février 2015

 

 

Après un court séjour dans un hôpital psychiatrique, Lee Holloway retrouve sa mère envahissante et son père alcoolique. Décidée à fuir cet univers, elle cherche un travail et se fait embaucher comme secrétaire au service d’un avocat renommé. Un jour, en raison d’une erreur mineure, ce dernier décide de la punir et lui donne une fessée. La jeune femme y prend goût et se met à réclamer d’autres punitions…

 

 

Le film

[5/5]

Vu son sujet (l’amour décrit comme une relation domination / soumission), on aurait pu craindre un film complaisant et sordide, avec un discours lourdingue sous-jacent sur la lutte des classes : il n’en est finalement rien – La secrétaire impose rapidement et de lui-même sa nature de love-story un peu branque, évoquant avec une infinie tendresse le rapprochement amoureux déviant de deux paumés murés dans leurs solitudes respectives, et incapables de communiquer avec autrui autrement que par la souffrance physique.

Adapté de la nouvelle de Mary Gaitskill intitulée Mauvaise conduite (Flammarion, 1992), le premier film de Steven Shainberg se révèle néanmoins un vrai film solaire, surprenant, drôle, provoquant l’émotion sans jamais recourir au pathos : le cinéaste parvient à montrer comment des rituels mêlant le désir et l’humiliation, liés à une relation de domination / soumission très forte, libèrent finalement ses deux personnages principaux, leur permettant de laisser derrière eux la honte et le sentiment d’enfermement (social pour l’avocat, familial pour la secrétaire), et même de se lier d’un réel sentiment amoureux. Un temps dépassés par leurs désirs et leurs pulsions, l’avocat et sa secrétaire finissent par se rendre compte que le sadomasochisme est, chez eux, la manifestation physique de leur amour. Une révélation sensuelle prenant place au cœur d’un récit plutôt gonflé quand on considère que généralement, au cinéma comme dans la vie de tous les jours, ces pratiques sont d’avantage associées à des situations d’humiliation et/ou de déchéance morale et physique… La grande force de La secrétaire, c’est de se situer dans l’humain plutôt que dans le jugement, le spectateur évoluant aux côtés de ses personnages fragiles, loin de toute idée de puritanisme hypocrite ou –et c’est encore plus important– de provocation gratuite. Là où de nombreux cinéastes se seraient vautrés dans le glauque et la surenchère, le réalisateur parvient quant à lui à faire exister son couple à l’écran de la façon la plus naturelle qui soit.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le couple créé par Shainberg dans La secrétaire crève l’écran : Maggie Gyllenhaal et James Spader sont littéralement incroyables, tout en fébrilité et en sentiments retenus. Ils apportent la crédibilité et l’émotion nécessaires à un récit pour le moins casse-gueule, et contribuent sans équivoque à faire du premier film de Steven Shainberg un véritable chef d’œuvre, et à n’en point douter un des plus beaux films de la décennie 2000.

Rien à voir avec le film à proprement parler, mais on notera également qu’avec le recul, cette romance sadomasochiste évoque forcément le phénomène littéraire 50 nuances de Grey : il est presque impossible que la britannique E. L. James ne se soit pas inspirée du film (ou de la nouvelle à l’origine du film), étant donné que le maitre dominant s’appelle « Mr. Grey » dans les deux cas. L’adaptation cinématographique du roman d’E. L. James sort d’ailleurs en France le 11 février, soit exactement le même jour que le Blu-ray édité par Metropolitan Vidéo. Il ne serait pas étonnant que l’éditeur français dresse un parallèle entre les deux films sur des stickers collés sur la pochette du Blu-ray (« Avant 50 nuances… Découvrez un autre sulfureux Mr Grey ! » – oui je sais, je devrais me lancer dans la pub). Cependant, et pour avoir lu les trois volumes des aventures de Christian Grey et de sa soumise geignarde et insupportable, il y a peu de chances que ces 50 nuances de Grey version cinéma arrivent à la cheville de La secrétaire. A moins que Sam Taylor-Johnson n’arrive à transcender le matériau d’origine…

 

 

Le Blu-ray

[4/5]

Côté Blu-ray, le boulot effectué par Metropolitan Vidéo nous propose en effet une copie de toute beauté, respectueuse du léger grain d’origine, avec un ensemble très doux mais un piqué gagnant en précision (nettement plus sur les gros plans que sur les nombreux plans d’ensemble) et des couleurs qui marquent également une nette amélioration par rapport au DVD édité en 2004. Côté son, nous avons droit à un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 pour la version française, mais on vous conseillera plutôt de vous pencher sur la version originale – pas tellement pour son encodage en DTS-HD Master Audio 7.1 qui n’apporte que peu de différences acoustiques avec son équivalent francophone, mais bel et bien pour des raisons artistiques, les prestations conjointes de James Spader et Maggi Gyllenhaal valant vraiment la peine d’être découvertes dans la langue où elles ont été tournées.

Dans la section suppléments, pas de surprises : on retrouvera la quasi-intégralité des suppléments déjà présents sur l’édition collector DVD sortie en 2004. Un commentaire audio de Steven Shainberg et sa scénariste Erin Cressida Wilson (VOST), des interviews de James Spader et Maggie Gyllenhaal (le premier s’avérant étonnamment naturel et hors du moule Hollywoodien) et une featurette sur le tournage se succèdent donc devant les yeux du spectateur. Par rapport au DVD sorti il y a plus de dix ans maintenant, on remarque l’absence d’un court module intitulé « L’œil du psy », dans lequel Gilles Rouillet se concentrait sur les relations psychologiques entre les deux personnages principaux. En revanche, nous avons droit à quatre bandes-annonces « thématiques », dont les liens avec le film sont explicités en quelques mots : il s’agit de Fur (deuxième et dernier film à date de la part de Steven Shainberg), Donnie Darko, Yes et du japonais Caresses sous un kimono, faisant partie du coffret « Sex & Fury » sorti chez HK Vidéo.

 

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=rjjBo6ADWs0[/youtube]

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