Test Blu-ray : Innocence + Evolution

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Potemkine Films est un éditeur rare et précieux, surtout sur le front de la Haute-Définition. Finalement, il semble presque couler de source qu’aujourd’hui, l’éditeur français s’associe à la réalisatrice Lucile Hadzihalilovic, tout aussi rare et précieuse dans le paysage cinématographique français, afin de nous proposer de (re)découvrir ses deux longs-métrages, Innocence et Evolution, respectivement sortis en 2005 et 2016 dans les salles françaises.

Si les films de Lucile Hadzihalilovic ne déplacent pas les foules comme ceux de son complice Gaspar Noé, ils font en revanche souvent l’unanimité du côté de ceux qui osent se lancer dans l’aventure, et leurs qualités plastiques indéniables font qu’ils méritaient amplement une sortie en Haute-Définition. Celle-ci se sera faite désirer, mais se présentera finalement sous la forme d’un coffret « combo » Blu-ray + DVD comprenant les deux longs-métrages de la cinéaste.

 

 

Innocence


France : 2005
Titre original : –
Réalisateur : Lucile Hadzihalilovic
Scénario : Lucile Hadzihalilovic
Acteurs : Zoé Auclair, Marion Cotillard, Hélène de Fougerolles
Éditeur : Potemkine Films
Durée : 2h00
Genre : Fantastique
Date de sortie cinéma : 12 janvier 2005
Date de sortie Blu-ray : 6 septembre 2016

 

 

Quelque part, dans une forêt, une école. Là, isolées du monde, de très jeunes filles apprennent la danse et les sciences naturelles…

 

 

Evolution


France : 2016
Titre original : –
Réalisateur : Lucile Hadzihalilovic
Scénario : Lucile Hadzihalilovic, Alanté Kavaïté
Acteurs : Max Brébant, Julie-Marie Parmentier, Roxane Duran
Éditeur : Potemkine Films
Durée : 1h21
Genre : Fantastique
Date de sortie cinéma : 16 mars 2016
Date de sortie DVD/BR : 6 septembre 2016

 

 

Nicolas, onze ans, vit avec sa mère dans un village isolé au bord de l’océan, peuplé uniquement de femmes et de garçons de son âge. Dans un hôpital qui surplombe la mer, tous les enfants reçoivent un mystérieux traitement. Nicolas est le seul à se questionner. Au cours des étranges et inquiétantes découvertes qu’il fera, Nicolas trouvera une alliée inattendue en la personne d’une jeune infirmière de l’hôpital

 

 

« Aucun lieu de tergiverser, Lucile Hadzihalilovic est présentement l’une des réalisatrices les plus intéressantes en France. Il suffit de se souvenir d’Innocence, son premier long-métrage, sorti en 2004, où l’on suivait un récit d’initiation se déroulant dans une école coupée du monde. Ce film attestait déjà à l’époque d’une maîtrise formelle poussée ainsi que d’un imaginaire hétéroclite puisant dans diverses influences telles le conte de fées, le manga ou encore le cinéma-bis transalpin. Film unique, à l’atmosphère intrigante, Innocence avait considérablement marqué les esprits. Ryan Gosling ne s’en est d’ailleurs toujours pas remis au point d’embaucher le chef-opérateur, Benoît Debie, pour son Lost River. Après un tel film, l’on aurait pu penser qu’un deuxième allait rapidement suivre. Cependant, au regard de la singularité du projet, allié à la frivolité des distributeurs actuels, la genèse d’Evolution fut, aux dires de quelques-uns, plus compliquée que prévue. (…)

Visuellement, le film est extraordinaire. Le travail du chef-opérateur Manuel Dacosse est tout bonnement fabuleux. Témoin ces plans liminaires où le jeune Nicolas, accompagné de sa mère, se dirige vers l’hôpital : images aux teintes clairs-obscures splendides «colorées» d’une mélancolie et d’une tristesse proche des œuvres d’un Giorgio di Chirico, ce dernier étant par ailleurs une référence avouée de la réalisatrice. Avec son atmosphère étrange, son lieu reclus, et la présence d’enfants disposant de leurs propres règles, Evolution s’inscrit également dans la filiation du cinéma d’horreur ibérique, à l’image de l’excellent film de Narciso Ibanez Serrador, Les révoltés de l’an 2000, autre référence reconnue par Lucile Hadzihalilovic dans divers entretiens. Evolution est surtout une expérience visuelle et sensorielle incroyablement belle malheureusement desservie par des personnages trop désincarnés et une inertie dans le rythme peinant à trouver l’élan salvateur qui aurait pu élever le film au rang des chefs-d’œuvre du cinéma fantastique.

En dépit de quelques notes d’intention maladroites, Evolution est une alternative bienvenue, malheureusement trop rare, à la production uniforme du cinéma français contemporain. Raison pour laquelle le film se doit d’être soutenu car il constitue une approche poétique décidément trop rare dans le cinéma hexagonal, hormis chez quelques francs-tireurs épars. »

Extrait de la critique de Valentin Buchens. Retrouvez-en l’intégralité en cliquant sur ce lien.

 

 

Le Blu-ray

[5/5]

Le Blu-ray édité par Potemkine Films est proposé dans une édition « combo » digipack au visuel assez époustouflant, proposant également les DVD unitaires des deux films. Côté encodage, les deux films sont bien traités : la galette s’avère techniquement irréprochable, rendant vraiment justice à la photo des deux films (signées Benoit Debie et Manuel Dacosse). Encodé en 1080p et au format scope respecté, les deux masters en envoient littéralement plein les mirettes. Proposant un piqué d’une précision époustouflante, sans baisse de régime même durant les scènes nocturnes, la galette affiche un niveau de détail élevé, tout en respectant la granulation d’origine : le pied pour découvrir ou redécouvrir Innocence et Evolution dans les meilleures conditions possibles. Côté son, les pistes en version française sont proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 5.1, à la spatialisation discrète mais très efficace.

Rayon suppléments, le Blu-ray édité par Potemkine Films nous propose uniquement de découvrir en HD Nectar, court-métrage de Lucile Hadzihalilovic étrange et pénétrant tourné en 2014. Pour le reste des suppléments, il faudra se tourner vers les DVD des deux films : on y trouvera un entretien avec Lucile Hadzihalilovic et Manuel Dacosse sur la galette d’Evolution, tandis que celle d’Innocence recycle les suppléments déjà présents sur le DVD édité par Wild Side en 2005, c’est à dire une présentation du film par Lucile Hadzihalilovic, ainsi qu’un entretien avec la petite Zoé Auclair, âgée de 10 ans à l’époque. Une édition très soignée et très complète – autant dire tout simplement indispensable.

 

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