Test Blu-ray : In Bed with Madonna

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In Bed with Madonna

États-Unis : 1991
Titre original : Madonna – Truth or Dare
Réalisation : Alek Keshishian
Acteurs : Madonna, Kevin Costner, Warren Beatty
Éditeur : Bubbel Pop’ Édition
Durée : 1h59
Genre : Documentaire
Date de sortie cinéma : 15 mai 1991
Date de sortie DVD/BR : 14 mai 2025

En 1990, pendant le « Blond Ambition Tour », Alek Keshishian suit Madonna du début de la tournée à Tokyo jusqu’au dernier concert à Nice en passant par les Etats-Unis. Le réalisateur filme tout. Toute la vie de l’artiste que ce soit sur scène, en répétition et en coulisses. Madonna se livre comme elle est, à la fois chanteuse et danseuse, femmes d’affaires, figure de mère, enfant inconsolable, mais aussi bourreau de travail et icone glamour… Un documentaire incontournable pour cerner la personnalité de la plus grande star de la musique…

Le film

[4/5]

La mode est au biopic, et Madonna finira probablement par avoir le sien un de ces jours, mais en attendant, on ne peut pas dire qu’on n’ait jamais vu la chanteuse sur le grand écran : depuis Recherche Susan désespérément en 1985, on a pu voir Madonna en tant qu’actrice dans un peu plus de 15 films de cinéma. Les films dans lesquels elle est apparue physiquement entre 1985 et 2002 ont cumulé plus de dix millions de spectateurs en France et engrangé plus de 900 millions de dollars au box-office international, mais le plus marquant d’entre eux s’avère sans aucun doute le documentaire In bed with Madonna, qui fit l’événement en son temps, et s’est rapidement imposé à l’époque comme le documentaire le plus rentable de tous les temps.

Filmé pendant la tournée « Blonde Ambition Tour » de 1990, In bed with Madonna nous donne à voir d’incroyables séquences de concert, entrecoupées d’images dans les coulisses et de séquences censées faire découvrir au public la vie privée de la Reine de la Pop, en allant, comme l’indique le titre du film, jusque dans son lit. L’ensemble est extrêmement divertissant, et s’avère un « must » pour tous les fans de Madonna depuis plus de 40 ans, tout simplement parce qu’il a été tourné à l’époque où Madonna était au sommet de sa gloire. D’ailleurs, à ce sujet, ne pensez-vous pas que Madonna est la dernière « Superstar » ? On entend par là que tout le monde connaît Madonna. De votre grand-mère à votre petite voisine de cinq ans, que vous habitiez en milieu urbain dans une grande ville ou au fin-fond de la campagne, que vous soyez au top de la Hype ou que vos références musicales soient André Rieu ou Stéphane et Christian Kubiak, tout le monde connaît Madonna. Avant que le concept de Superstar disparaisse suite à l’explosion des réseaux, il y avait deux Superstars dans le monde occidental au vingtième Siècle : elle et Michael Jackson. Elle est donc la dernière Superstar.

Mais revenons à In bed with Madonna : les fans de Madonna adorent ce film donc, car il a été tourné à une époque où la superstar était au top de sa folie, de sa provocation et de son ambition de dominer le monde. A 32 ans, la Material Girl était une bad bitch, imprévisible et dangereuse, et le film d’Alek Keshishian nous propose une description glorieuse de la Madone, doublé d’un aperçu amusant et fascinant du glamour superficiel de la vie des célébrités des années 90. Pour autant, s’agit-il là d’une représentation de la « réalité » ? Absolument pas. Quelques années avant Big Brother (1999) et Loft Story (2001), Alek Keshishian et Madonna nous donnaient déjà à voir une réalité biaisée par la caméra, alternant les confessions intimes, ici tournées en noir et blanc, et les séquences de performance sur scène, qui sont proposées en couleurs. Quel est le message qu’Alek Keshishian essaie de faire passer au public avec In bed with Madonna ? Sous-entend il que dans le monde agité de la Superstar Madonna, la vie n’éclate vraiment en Technicolor que lorsqu’elle est sur scène ? Tout le reste de son existence est-il plus terne ?

Et si on évoque le côté « biaisé » des programmes de télé-réalité qui inondent nos petits écrans depuis plus de vingt ans, c’est parce que In bed with Madonna utilise les mêmes codes, simplement parce que Madonna et tous les autres intervenants présents à l’écran sont parfaitement conscients que les caméras tournent. Tout le monde joue avec l’objectif, en fait des caisses pour se faire remarquer, ce qui tend à former un vernis au-dessus de la portée documentaire du projet, qu’il faudrait être en mesure de pouvoir gratter pour atteindre la vérité, et par conséquent la « vraie Madonna ». Un exemple flagrant de cette complaisance vis à vis de la représentation de la réalité est présent au début du film, lorsque Madonna va chez le kiné. « Alek, non », se plaint-elle auprès du réalisateur. Bien sûr, la séquence suivante nous montre la chanteuse en train d’être manipulée par son kiné….

Pour autant, au milieu de cette représentation déformée de la réalité (constituée de fêtes, d’excès et de pas mal d’autopromotion), ce qui ressort aussi et surtout à la découverte de In bed with Madonna, c’est le professionnalisme à toute épreuve de Madonna, particulièrement évident dans les fantastiques séquences de concert. Madonna est montrée comme une personnalité incroyablement motivée et exigeante, qui sait ce qu’elle veut et qui est prête à l’obtenir, quel qu’en soit le prix. Et pour quelqu’un qui découvrirait le film aujourd’hui, dans l’ère post-Lady Gaga, il faut garder à l’esprit que le contexte a son importance, et que Madonna était absolument unique à l’époque, et n’avait pas encore la proie des multiples tentatives par la nouvelle génération afin d’imiter son style et son image iconique.

Le Blu-ray

[5/5]

Alors que les amoureux de Madonna devaient se contenter depuis une vingtaine d’années de DVD au rabais remontant littéralement à la préhistoire du support, Bubbel Pop Édition vient coup sur coup de nous proposer deux films mettant en scène la chanteuse / actrice en Haute-Définition en France : Recherche Susan désespérément et In bed with Madonna. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces deux éditions Combo Blu-ray + DVD en imposent d’entrée de jeu grâce à leurs visuels classieux mais également au soin apporté au packaging. Côté technique, Bubbel Pop Édition nous délivre un sans-faute absolu avec cette édition Blu-ray de In bed with Madonna : définition précise, couleurs littéralement explosives, piqué à tomber, aucun souci d’encodage à déplorer. En dépit des séquences « intimes » tournées en noir et blanc et en 16MM, le rendu Haute-Définition de l’ensemble est sublime, et les inconditionnels de cette curiosité filmique des années 90 seront absolument ravis de redécouvrir le film dans des conditions inédites et absolument superbes : on tire à nouveau notre chapeau à l’éditeur pour cette merveilleuse présentation, d’autant que la rugueuse patine argentique d’origine a été pleinement respectée. Si comme l’auteur de ces lignes vous aviez découvert le film en VHS, puis en LaserDisc avant de le revoir quelques années plus tard en DVD, cette édition estampillée Bubbel Pop enterre définitivement toutes les précédentes. Côté son, le spectacle acoustique est également d’un excellent niveau : le film d’Alek Keshishian (qu’est pas shi chiant que ça dans la vie d’après les infos que l’on a pu avoir) est proposé dans un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 en VO anglaise comme en VF (à fuir), fidèle aux intentions d’origine des auteurs du film, le tout étant disponibles avec des sous-titres français clairs et sans fautes. Le rendu acoustique est essentiellement frontal durant les scènes dialoguées, mais proposant une très intéressante et efficace spatialisation de la musique de Mado sur les scènes de concerts. Bref, on peut y aller les yeux fermés.

Du côté des suppléments, on commencera avec un livret de 28 pages intitulé « En Attendant Madonna » écrit par Rania Griffete et Valérie Etter. Sur la galette à proprement parler, ce sont deux heures de bonus qui nous attendent. On commencera par les commentaires éclairés de deux intervenants s’étant déjà exprimé dans les suppléments du Blu-ray de Recherche Susan désespérément. Le premier est donc un entretien avec Samuel Blumenfeld (23 minutes), qui reviendra tout d’abord par la découverte du film à Cannes, chose assez inhabituelle à l’époque. Il évoquera la volonté de Madonna de passer au grand écran, à travers des films médiocres et/ou peu satisfaisants, et reviendra dans les grandes lignes sur la genèse du film, qui devait, à l’origine, être un « concert filmé » mis en scène par David Fincher. Il notera que les scènes en noir et blanc créent une espèce de filiation avec le Film Noir, et terminera sur une anecdote cannoise concernant la projection du premier long-métrage de Sean Penn, The Indian Runner. On continuera ensuite avec un entretien avec Olivier Cachin (31 minutes). Ce dernier commencera par remettre le film dans son contexte de tournage : la rencontre avec Alek Keshishian, les 200 heures de rushes, le côté « téléréalité » avant l’heure, les conflits avec Warren Beatty, la fameuse scène du « action ou vérité » (qui donne son titre au film en VO), la proximité avec ses danseurs, l’incroyable notoriété de la chanteuse dans les années 90, le livre « Sex », etc.

On embrayera ensuite avec un entretien avec Michel Burstein (33 minutes), attaché de presse ayant assuré les relations presse pour la sortie du film en France. La sortie étant particulièrement attendue en raison de la sélection du film à Cannes, et bien sûr de la présence à l’écran de Madonna. Il reviendra sur la rencontre de Michel Drucker avec Madonna à Los Angeles, et l’exclusivité donnée au magazine Premiere. Il se remémorera le dispositif de sécurité ayant accompagné sa visite à Cannes (à l’occasion de laquelle elle était arrivée brune et non blonde comme tout le monde s’attendait à la voir), et se souviendra de l’avoir trouvée intelligente et d’un grand professionnalisme. Il évoquera également la fête organisée après la projection cannoise, à laquelle avait participé Eddie Murphy. Enfin, on terminera avec un entretien avec Jérôme Brucker (33 minutes). Attaché de presse chez Warner, il a travaillé sur différentes sorties de disques de Madonna au début des années 2000, et expliquera comment les choses marchaient à l’époque. Comme Michel Burstein, il évoquera la grande ponctualité de l’artiste. Passionné, il reviendra sur tous les albums de la Madone avant de s’attarder un peu plus longuement sur In bed with Madonna, qu’il considère comme un moment-charnière dans sa carrière. Il soulignera également que le film parle ouvertement d’homosexualité et du Sida, chose extrêmement rare dans un documentaire « grand public ».

En plus de l’édition « Essentielle » que nous évoquons ici, on notera que In bed with Madonna est également disponible dans une belle édition exclusive Fnac, limitée à 2000 exemplaires, comprenant également plusieurs goodies : une reproduction du dossier de presse, quatre cartes postales, quatre croquis offerts par Jean-Paul Gaultier et une affiche.

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