Babygirl
États-Unis : 2024
Titre original : –
Réalisation : Halina Reijn
Scénario : Halina Reijn
Acteurs : Nicole Kidman, Harris Dickinson, Antonio Banderas
Éditeur : M6 Vidéo
Durée : 1h54
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 15 janvier 2025
Date de sortie DVD/BR : 15 mai 2025
Romy, PDG d’une grande entreprise, a tout pour être heureuse : un mari aimant, deux filles épanouies et une carrière réussie. Mais un jour, elle rencontre un jeune stagiaire dans la société qu’elle dirige à New York. Elle entame avec lui une liaison torride, quitte à tout risquer pour réaliser ses fantasmes les plus enfouis ?
Le film
[3/5]
Babygirl est une romance érotique teintée de sadomasochisme, s’inscrivant à priori dans l’héritage de la saga 50 nuances de Grey. Pour nos lecteurs les plus jeunes, rappelons que cette saga littéraire créée par E.L. James – qui, au départ, était une simple fanfiction se déroulant dans l’univers de Twilight – fut un véritable « phénomène littéraire » en 2012/2013, qui mettait en scène une relation dominant / dominé et les jeux sexuels entre un puissant homme d’affaires et une jeune ingénue. Malheureusement pour la romancière britannique, le mouvement #MeToo est ensuite passé par là, mettant en évidence le message sous-jacent de banalisation de la violence conjugale au centre de la série de romans.
La grande question qu’a dû se poser la scénariste / réalisatrice Halina Reijn en s’attaquant au projet Babygirl, c’était probablement comment adapter le concept de romance érotique SM à l’ère post-#MeToo. Et comme pour dresser une note d’intention, elle déclarera : « On peut être femme, se projeter dans des carrières comme des hommes, se sentir forte, tout en assumant des désirs qui semblent contradictoires, comme avoir envie de se faire humilier pendant le sexe ». De fait, le personnage au centre du récit ne sera plus ici une jeune ingénue attendant le prince charmant qui se retrouvera forcée de se plier aux désirs d’un homme puissant, mais au contraire, une riche femme d’affaires d’âge mûr (Nicole Kidman, 57 ans), qui entame une liaison avec un stagiaire beaucoup plus jeune qu’elle et qui répond à son désir longtemps refoulé d’une relation sadomasochiste.
Le personnage incarné à l’écran par Nicole Kidman, Romy, est donc sexuellement frustré. Dans les premiers instants du film, on la découvrira à califourchon sur son mari (Antonio Banderas), simulant le plaisir de façon outrancière. Le cœur de Babygirl sera donc la trajectoire de cette femme vieillissante, qui trouvera enfin le courage de renoncer à ce que la société attend d’elle pour prendre en main sa sexualité et assumer le fait de vouloir être dominée, voire avilie dans des « jeux amoureux » dont elle n’ose pas parler à son mari. La rencontre de Romy et Samuel (Harris Dickinson) se fait autour d’un chien méchant, Samuel venant au secours de Romy qui allait se faire attaquer par un chien enragé. D’une façon assez amusante, le jeune homme deviendra ensuite à son tour l’animal sauvage.
Cela dit, si l’idée selon laquelle Romy prend en main sa vie en assumant ses désirs, après avoir connu un orgasme réel et bouleversant avec Samuel, Babygirl semble faire machine arrière, le personnage de Nicole Kidman cédant presque instantanément à ce qui s’apparente à de la culpabilité et à de la honte. Rapidement, le sentiment d’excitation laissera la place à des frissons de peur, les choses envahissant l’environnement familial de Romy, puis se muant en jeux de pouvoir et autres menaces de chantage qui évoqueront finalement les mécanismes narratifs éculés de films tels que Liaison Fatale (1987) ou Harcèlement (1994). Ce revirement dans l’intrigue tend à brouiller le message et à en amoindrir la portée, dans le sens où il sous-tend que le personnage de Nicole Kidman est puni pour avoir cédé à ses désirs. Dommage.
Le Blu-ray
[4/5]
Le Blu-ray de Babygirl édité par M6 Vidéo s’impose comme un fier représentant du support Haute-Définition : le transfert 1080p du film d’Halina Reijn est en effet bluffant de précision, avec un piqué, un niveau de détail et une profondeur de champ assez époustouflants ; les couleurs sont naturelles et les noirs sans faille, qu’il s’agisse des plans d’ensemble ou de détail, tout est parfait. Le transfert est par ailleurs exempt de toute trace de bruit, fourmillements, banding ou tout autre écueil numérique : un sans-faute donc ! Côté bande sonore, VF et VO sont toute deux proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 5.1 de haute volée, naturellement riches en basses et en effets d’ambiance multidirectionnels, permettant une immersion optimale au cœur de ce récit horrifique de haute volée. Les dialogues sont par ailleurs toujours clairs ; on privilégiera la version originale, plus convaincante pour de simples raisons artistiques. Du côté des suppléments, M6 Vidéo nous propose de prolonger le plaisir à travers une sélection de scènes coupées (8 minutes).