Vol à haut risque
États-Unis, Canada : 2025
Titre original : Flight Risk
Réalisation : Mel Gibson
Scénario : Jared Rosenberg
Acteurs : Mark Wahlberg, Michelle Dockery, Topher Grace
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h31
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 22 janvier 2025
Date de sortie DVD/BR/4K : 6 juin 2025
L’US Marshal Madelyn Harris est chargée d’escorter Winston, criminel et informateur, qui va témoigner contre un parrain de la mafia. Pendant leur voyage en avion, elle se méfie rapidement du pilote, Daryl Booth, qui ne semble pas être l’homme qu’il prétend…
Le film
[3,5/5]
On ne va pas ici chercher à nier l’évidence : Vol à haut risque est une série B d’action – un film de divertissement extrêmement solide qui, en dépit de son intrigue de gros n’avion survolant les montagnes de l’Alaska, ne semble avoir aucune prétention à atteindre de quelconques cimes cinématographiques. Mais il y a un « MAIS », et pas des moindres : il s’agit d’une série B réalisée par Mel Gibson. Alors bien sûr, Mel Gibson, c’est une personnalité clivante, pour utiliser un terme à la mode. Sans aucun jugement de valeur politique, on peut affirmer qu’il s’agit d’un homme que l’on qualifierait chez nous de beaucoup plus « Europe 1 » que « France Inter ». On entend par là que ses valeurs – qui imprégnaient jusqu’ici profondément son cinéma – sont davantage ancrées dans la droite catholique et traditionaliste, même si certains scandales ayant émaillé sa vie personnelle il y a quelques années le rapprocheraient sans aucun doute des idées véhiculées ces derniers temps par la France Insoumise.
Mais clivant ou pas, Mel Gibson s’est imposé au fil des années comme un putain de réalisateur. Sa première incursion dans le domaine de la réalisation, L’Homme sans visage (1993), fut plutôt bien accueilli en son temps. Quelques années plus tard, Braveheart (1995) lui vaudrait deux Oscars et reporterait un immense succès public. S’ensuivit La Passion du Christ (2004), un film qui divisa radicalement le public à sa sortie (Europe 1 vs. France Inter toujours) et qui continue, encore de nos jours, de susciter une certaine controverse. Vint ensuite son chef d’œuvre absolu, Apocalypto (2006), qui confirmait l’appétence du cinéaste pour les langues mortes et la reconstitution historique baignée d’ultra-violence. Il faudrait ensuite attendre dix ans pour revoir Gibson passer derrière la caméra avec Tu ne tueras point (2016), mais l’attente en valait la chandelle. En dira-t-on de même pour Vol à haut risque, qui débarque sur les écrans neuf ans plus tard ?
Bah, vous savez ce que c’est, en France, il y a ce que François Truffaut appelait la « Politique des Auteurs », et pour les amoureux de la carrière de Mel Gibson, automatiquement, on va se montrer plus indulgent avec Vol à haut risque. Même si on s’accordera à parler d’un Gibson « mineur », on va s’échiner à lui trouver des qualités, et peut-être même une filiation avec d’illustres modèles venus du passé, tels que Lifeboat : Les Naufragés d’Alfred Hitchcock, avec qui il partage un casting réduit évoluant dans un décor très exigu, le canot de sauvetage du film de 1944 laissant ici la place à un petit avion. Le scénario du film de Mel Gibson est d’ailleurs plutôt solide : on en veut pour preuve qu’en 2020, il faisait partie de la fameuse « Black List » recensant les meilleurs scénarios n’ayant pas encore été « greenlightés » par un studio. Cela dit, si réussi soit-il, le scénario du film avait été un peu éventé par sa bande-annonce, qui révélait d’entrée de jeu que le personnage incarné à l’écran par Mark Wahlberg est en réalité le bad guy de l’histoire.
Pour autant, en l’état, Vol à haut risque s’avère un très agréable petit thriller aérien. Les prestations de Michelle Dockery, Topher Grace et surtout de « Marky » Mark Wahlberg sont efficaces. Wahlberg y retrouve un rôle de méchant, ce qu’il n’avait plus fait depuis Fear en 1996. Sadique et cruel, son personnage s’avère le véritable point d’ancrage du film ; il s’est par ailleurs volontairement rasé la tête pour le rôle, ce qui a beaucoup fait rire sa femme et ses enfants, mais qui lui donne un look vraiment inhabituel et inquiétant. Cela parait un peu con à dire, mais cette calvitie contribue à faire grandir dans l’esprit du spectateur l’impression qu’un mal immense peut parfois se dissimuler derrière la tête de Mr Tout-le-monde – un peu comme quand on découvre aux infos la tête d’un tueur / violeur en série aux allures de comptable sans histoire.
Le Blu-ray 4K Ultra HD
[4/5]
Vol à haut risque vient donc d’atterrir avec perte et fracas sur les linéaires de vos revendeurs préférés, sous les couleurs de Metropolitan Vidéo, et dans une belle édition Blu-ray 4K Ultra HD. Comme on pouvait s’y attendre de la part de l’éditeur, le rendu Katka du dernier film de Mel Gibson est absolument superbe. Le transfert 2160p est net et détaillé, mais on notera que la précision de l’ensemble ne se fait pas au détriment des effets spéciaux, qui restent étonnamment bons tout au long du film. Techniquement, c’est donc absolument parfait, avec un niveau de détail très net, des textures fortes et une saturation des couleurs aux petits oignons, encore améliorée par la technologie HDR10. Rien à redire non plus concernant les niveaux de noir, les détails des ombres et les blancs éclatants. Du très beau travail technique ! Côté son, Metropolitan fait également indéniablement le taf en nous proposant deux puissants mixages audio. La VO nous est proposée en Dolby Atmos (Dolby TrueHD 7.1 sur les amplis non compatibles), et l’ensemble est assez ébouriffant, avec une spatialisation redoutable, des effets précis et puissants dans tous les sens et de très nombreux coups de pression de la part du caisson de basse. La VF n’est d’ailleurs pas en reste : même si elle n’est proposée qu’en DTS-HD Master Audio 5.1, on est en présence d’une piste complète et homogène, disposant d’évidentes qualités en termes de spatialisation. Les dialogues sont clairs, bien placés, et le doublage français est sympathique ; on y reconnaîtra notamment la voix de l’excellent Bruno Choël, voix française « habituelle » de Mark Wahlberg, mais également d’Ewan McGregor, Johnny Depp, Jason Bateman, Matthew McConaughey ou Eric Bana.
Du côté de la section suppléments, on trouvera un making of (8 minutes) qui, en dépit de sa courte durée, nous donnera pas mal d’informations intéressantes. On y reviendra sur les défis à relever liés à une intrigue se déroulant essentiellement dans un espace clos, et on découvrira quelques images du tournage du film dans un studio « volumétrique », avec une partie de l’avion construite pour l’occasion et les décors projetés en direct pendant le tournage, afin d’éviter les effets d’incrustation foireux. Le tour des bonus sera complété par la traditionnelle bande-annonce du film, qui sera accompagnée de celles de Silent Night, Criminal Squad : Pantera, City of Darkness, Arthur the King et Boy kills World. On notera par ailleurs que le Blu-ray 4K Ultra HD de Vol à haut risque édité par Metropolitan Vidéo est présenté dans un superbe SteelBook aux couleurs du film.
