Test Blu-ray 4K Ultra HD : South Park, le film

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South Park, le film – Plus long, plus grand et pas coupé

États-Unis : 1999
Titre original : South Park – Bigger, Longer and Uncut
Réalisation : Trey Parker
Scénario : Trey Parker, Matt Stone, Pam Brady
Acteurs : Trey Parker, Matt Stone, Isaac Hayes
Éditeur : Warner Bros.
Durée : 1h21
Genre : Animation, Comédie
Date de sortie cinéma : 25 août 1999
Date de sortie DVD/BR : 15 octobre 2025

Kyle, Stan, Cartman et Kenny se rendent à la projection d’un film interdit aux enfants : le célèbre duo canadien de pétomanes. Pendant le film, ils découvrent avec bonheur une avalanche d’injures ordurières qu’ils ne tarderont pas à utiliser au risque de déclencher la troisième Guerre Mondiale…

Le film

[5/5]

Comme son titre l’indique, South Park, le film est l’adaptation sur grand écran de la série créée et écrite par Trey Parker et Matt Stone en 1997. Comme l’indique la page Wikipédia dédiée à la série, son humour se veut absurde, parodique, sarcastique, graveleux et scatologique, et elle est souvent une critique et une satire de la société américaine. Mais c’est bien son ton très provocateur et ses dialogues souvent grossiers qui la distinguent dans le paysage audiovisuel. En d’autres termes, c’est du pipi caca prout, qui peut parfois donner l’impression d’être qu’une diarrhée verbale orchestrée par des enfants de CM1 sous amphétamines. Et pourtant, derrière les pets, les insultes, les blagues scatologiques et les chansons à faire rougir une nonne, se cache un vrai film. Un film qui, mine de rien, a réussi à se faire nommer aux Oscars, à faire trembler la MPAA, et à poser une question existentielle : jusqu’où peut-on aller trop loin ?

N’en déplaise à ses détracteurs, South Park, le film est aussi la preuve que l’irrévérence peut être un Art, et que le mauvais goût, quand il est bien dosé, peut devenir une arme de critique massive. Remettons un peu le film dans son contexte de production : sorti en 1999, il s’inscrit dans une époque où l’animation pour adultes commence peu à peu à sortir de sa niche. Mais là où la plupart de ses contemporains jouent encore la carte du malaise ou de la satire molle, South Park, le film fonce dans le tas, cherchant à choquer, à provoquer, à faire rire jaune. Et il y arrive, avec une efficacité redoutable. La structure narrative du film repose sur un schéma classique : des enfants découvrent un film interdit, deviennent vulgaires, et déclenchent une guerre entre les États-Unis et le Canada. Et ça a beau être con, on ne peut pas louper la parabole sur la censure, sur l’hypocrisie parentale, et sur la peur de l’influence culturelle.

D’un point de vue strictement formel, South Park, le film reste fidèle à l’esthétique de la série : animation rudimentaire, personnages découpés comme des gommettes, mise en scène minimaliste. Mais cette simplicité visuelle permet une liberté totale dans le ton et le rythme. Les chansons, nombreuses, sont mises en scène avec un sens du timing comique impeccable. « Blame Canada », « Kyle’s Mom’s a Bitch » ou « What Would Brian Boitano Do ? » sont autant de numéros musicaux qui dynamitent les conventions de la comédie musicale, tout en offrant une vraie réflexion sur les mécanismes de la propagande, de la peur, et de la bêtise collective. Car le film pointe du doigt les dérives du politiquement correct, et met en évidence cette logique absurde où la morale devient une arme, et où la censure se transforme en violence. Et si le propos est enveloppé dans des blagues de prout et des insultes à répétition, il n’en reste pas moins pertinent.

On notera par ailleurs que derrière la façade de l’humour pipi-caca, Trey Parker et Matt Stone possèdent une vraie maîtrise du rythme comique, une science du timing, et une capacité à créer des punchlines qui font mouche. Même les blagues les plus douteuses sont pensées, calibrées, et insérées dans un contexte qui leur donne du sens, et lui permettent d’aller beaucoup plus loin que le simple délire potache. C’est aussi une réflexion sur la liberté d’expression, sur le rôle de l’art dans la société, et sur la capacité du rire à désamorcer les tensions. South Park, le film ose tout, même les blagues sur les dictateurs, les religions, et les minorités. Mais toujours avec un fond de vérité, une volonté de dénoncer, de pointer du doigt, de faire réfléchir. C’est du trash, oui, mais du trash qui pense, et c’est pour ça qu’on l’aime.

Le Blu-ray 4K Ultra HD

[3,5/5]

Il fallait bien qu’un jour, ce monument de l’irrévérence animée finisse par débarquer en Blu-ray 4K Ultra HD, histoire de faire péter les pixels et les tympans. Et pour fêter les 25 ans de South Park, le film, c’est Warner Bros. qui s’y colle, avec une édition qui ne fait pas semblant. La jaquette, sobre mais efficace, reprend l’affiche originale avec les quatre gamins en première ligne, le Canada en arrière-plan, et Satan qui trône comme un patron de boîte échangiste. Pas de fourreau ni de goodies, mais une édition simple en boîtier classique.

Côté image, le Blu-ray 4K Ultra HD de South Park, le film – Plus long, plus grand et pas coupé, propose un master en Dolby Vision + HDR10 qui fait des merveilles… dans la limite de ce que permet une animation en papier découpé, bien entendu. Les couleurs sont éclatantes, les aplats bien nets, et les contrastes renforcent la lisibilité des scènes, même les plus chaotiques. Le rouge de Satan, le bleu du ciel canadien, le jaune pisseux des visages : tout ressort avec une clarté qui ferait passer un test urinaire pour une œuvre d’art. Pas de grain, évidemment, mais une propreté visuelle qui respecte l’esthétique originelle sans la trahir.

Côté son, South Park, le film nous est proposé en DTS-HD Master Audio 5.1 pour la VO et en Dolby Digital 5.1 pour la VF. Et là, y’a pas photo : la VO explose tout. Les chansons prennent une ampleur inattendue, les effets sonores sont bien répartis, et les dialogues – même les plus crades – sont d’une clarté exemplaire. La VF, plus sage, conserve une dynamique correcte, mais perd un peu de la folie des voix originales. Les basses sont bien présentes, notamment dans les séquences musicales, qui sont conservées en VO, et la spatialisation fonctionne à merveille dans les scènes de guerre ou les apparitions démoniaques. Bref, un mixage solide, qui rend justice à l’univers sonore du film. Pas de bonus, mais quel plaisir de retrouver l’esprit South Park : irrévérencieux, bordélique, mais toujours pertinent.

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