Nobody 2
États-Unis : 2025
Titre original : –
Réalisation : Timo Tjahjanto
Scénario : Derek Kolstad, Aaron Rabin
Acteurs : Bob Odenkirk, Connie Nielsen, Sharon Stone
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 1h29
Genre : Action
Date de sortie cinéma : 13 août 2025
Date de sortie DVD/BR : 17 décembre 2025
Quatre ans après sa malencontreuse altercation avec la mafia russe, Hutch doit toujours 30 millions de dollars à la redoutable organisation et s’efforce de rembourser en enchainant sans répits les contrats d’une liste de criminels à abattre, aussi interminable qu’internationale. Bien qu’il apprécie le caractère intense de son ‘‘travail’’, Hutch se retrouve vite surmené, tout comme sa femme Becca et ils s’éloignent inexorablement l’un de l’autre. Ils décident donc de partir avec leurs enfants pour une escapade au Wild Bill’s Majestic, un parc d’attraction dans l’Arkansas, le seul et unique endroit où Hutch et son frère Harry aient jamais passé de vacances ensemble. Embarquant son père dans la foulée, Hutch et sa famille débarquent au grand complet dans la petite ville touristique de Plummerville, avec la ferme intention d’y passer du bon temps au soleil. Mais quand, à la suite d’un incident mineur avec des voyous locaux, la famille se retrouve dans la ligne de mire du directeur du parc aussi corrompu que son shérif est véreux, Hutch va attirer sur lui l’attention de l’esprit criminel peut-être le plus dérangé et le plus sanguinaire qu’il, ou qui que ce soit d’ailleurs, ait jamais rencontré…
Le film
[4/5]
Nobody 2 débarque comme un voisin qui sonne à la porte à trois heures du matin pour demander du sucre, sauf qu’au lieu de sucre, il réclame des bastos et des cadavres bien rangés dans le garage. Le film reprend Hutch Mansell là où on l’avait laissé : un type banal, voisin typique de banlieue WASP qui avait dynamité la mafia russe dans le premier volet, et qui revient quatre ans plus tard avec la même mine fatiguée et les poings qui le démangent. Le film, réalisé par Timo Tjahjanto, ne cherche pas à réinventer la roue mais à la faire tourner à nouveau, pour notre plus grand plaisir : Nobody 2 s’inscrit dans cette lignée de suites qui préfèrent l’efficacité à la surprise, mais le charme de Bob Odenkirk, improbable action hero, continue de faire mouche.
Dans Nobody 2, la thématique centrale reste celle du poids du passé : Hutch pensait avoir rangé ses armes, mais son passé lui colle à la peau. Le film explore cette idée avec une ironie mordante : on ne se débarrasse jamais vraiment de ses démons, et ici on les recycle en scènes d’action. Les séquences de combat, chorégraphiées avec une précision quasi musicale, traduisent cette lutte intérieure. Chaque coup de poing devient une note dissonante dans une partition où l’homme banal se transforme en bête de guerre. Les bastons deviennent des poèmes corporels, où chaque coup de poing est une virgule, chaque uppercut une parenthèse. Bam, bam. On pense toujours à la saga John Wick bien sûr, mais Nobody 2 garde une dimension plus domestique, presque familiale, comme si la violence était une extension naturelle du barbecue du dimanche.
Le film joue aussi sur l’humour noir, souvent jubilatoire. Mais derrière les blagues et les punchlines destructrices, le film ose une réflexion sérieuse : Hutch est un homme fatigué, coincé entre le rôle de père et celui de machine à tuer. La caméra insiste sur ses rides, ses regards perdus, comme pour dire que la virilité n’est plus une armure, mais une cicatrice – un masque posé sur une mélancolie profonde. On rit toujours beaucoup cela dit, entre deux grincements de dents, et c’est ce mélange qui rend Nobody 2 si fascinant. La violence n’est pas glamour, elle est poisseuse, elle colle aux doigts comme du chewing-gum sous une table d’école.
Visuellement, Nobody 2 se distingue par une esthétique brute, presque rugueuse. Les éclairages contrastés, les couleurs saturées, donnent aux scènes nocturnes une allure de cauchemar urbain. Le climax, monté sur une reprise rock de « Ring of Fire », illustre parfaitement cette logique : le kitsch assumé devient une arme esthétique, bruyante mais étrangement poétique. On pourrait certes trouver ça ridicule, mais c’est justement cette audace qui fait la singularité du film. Là où d’autres blockbusters se contentent de lisser leurs images, Nobody 2 préfère les salir – tout ici transpire l’imperfection, le grain, la sueur. Ce choix formel renforce les thématiques du récit : la violence n’est pas glamour, elle est sale, elle laisse des traces.
Et puis il y a cette dimension presque philosophique, planquée derrière les explosions. Nobody 2 parle de la banalité de la violence, de son côté administratif : Hutch tue comme on remplit une déclaration d’impôts, et Bob Odenkirk incarne à l’écran une certaine fatigue existentielle. Le film devient alors une réflexion sur nos vies modernes : jongler entre factures, enfants, et pulsions meurtrières. La violence n’est pas héroïque, elle est quotidienne, presque administrative. Et c’est peut-être là la plus grande force du film : transformer un film d’action en miroir déformant de notre époque, où l’on jongle entre factures, enfants, et pulsions meurtrières – un peu comme si derrière chaque voisin qui tond sa pelouse, il y avait un volcan prêt à exploser.
Le Blu-ray 4K Ultra HD
[4/5]
L’édition Blu-ray 4K Ultra HD de Nobody 2, éditée par Universal Pictures, arrive dans un packaging qui mérite le détour. Disponible en édition standard et en boîtier SteelBook limité, le disque propose une image sublime, étalonnée en HDR10 et Dolby Vision. Le rendu visuel est impressionnant : les contrastes nocturnes gagnent en profondeur, les explosions s’illuminent avec une intensité presque hypnotique, et les visages fatigués de Bob Odenkirk révèlent chaque ride, chaque goutte de sueur. Les séquences d’action, souvent tournées dans des environnements sombres, profitent pleinement de la dynamique étendue, offrant une lisibilité exemplaire. Quelques plans paraissent légèrement granuleux, mais ce grain participe à l’esthétique rugueuse du film, loin du lissage artificiel de certains blockbusters. Côté son, Universal nous propose une VO en Dolby Atmos et une VF en Dolby Digital+ 7.1. La version originale est une véritable claque : les balles fusent dans toutes les directions, les explosions secouent le salon, et la musique, parfois volontairement kitsch, enveloppe l’espace avec une ampleur spectaculaire. La version française est également très spectaculaire, mais s’avère probablement un poil moins immersive que sa grande sœur : les dialogues manquent parfois de clarté, et les effets surround paraissent plus timides. Les amateurs de VO profiteront donc d’une expérience sonore nettement supérieure, mais la VF assure tout de même un confort appréciable pour ceux qui privilégient la langue française.
Les suppléments du Blu-ray 4K Ultra HD de Nobody 2 sont orientés promo, mais tout à fait sympathiques. On trouvera d’abord une série de huit scènes coupées (8 minutes), qui nous offrent quelques détails supplémentaires sur les préparatifs de Hutch, mais qui restent gloabelement anecdotiques. Plus intéressant, le making of (11 minutes) revient sur la genèse du projet, avec Sharon Stone et Bob Odenkirk qui partagent leur enthousiasme. Ce module met en avant l’élargissement de l’univers, l’arrivée de nouveaux personnages et l’ambition des scènes d’action. On terminera ensuite avec un sujet à la gloire des cascades du film (12 minutes), réalisées par les équipes de 87North. Bob Odenkirk y revient sur son entraînement physique, tandis que l’équipe détaille la conception des différents affrontements qui rythment le film. Ce supplément est sans doute le plus passionnant, car il révèle la dimension artisanale d’un film qui mise sur la sueur et les bleus plutôt que sur les effets numériques. Du beau travail !























