Test Blu-ray 4K Ultra HD : Hunger Games – La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur

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Hunger Games – La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur

États-Unis : 2023
Titre original : Hunger Games – The Ballad of Songbirds & Snakes
Réalisation : Francis Lawrence
Scénario : Michael Arndt
Acteurs : Tom Blyth, Rachel Zegler, Peter Dinklage
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 2h37
Genre : Science-Fiction
Date de sortie cinéma : 15 novembre 2023
Date de sortie BR4K : 22 mars 2024

Le jeune Coriolanus est le dernier espoir de sa lignée, la famille Snow autrefois riche et fière est aujourd’hui tombée en disgrâce dans un Capitole d’après-guerre. À l’approche des 10ème Hunger Games, il est assigné à contrecoeur à être le mentor de Lucy Gray Baird, une tribut originaire du District 12, le plus pauvre et le plus méprisé de Panem. Le charme de Lucy Gray ayant captivé le public, Snow y voit l’opportunité de changer son destin, et va s’allier à elle pour faire pencher le sort en leur faveur. Luttant contre ses instincts, déchiré entre le bien et le mal, Snow se lance dans une course contre la montre pour survivre et découvrir s’il deviendra finalement un oiseau chanteur ou un serpent…

Le film

[3,5/5]

Le problème avec les franchises littéraires à succès, c’est qu’elles ont parfois une fin. De ce fait, on peut sans peine imaginer la pression sur les épaules des auteurs de sagas populaires – qu’il s’agisse de la pression du public ou des grands studios en charge des adaptations cinématographiques, il semble difficile de résister aux sirènes de l’argent facile, quitte à faire n’importe-quoi, à la façon de J.K. Rowling et de sa franchise Harry Potter qui semble depuis quelques années partir dans tous les sens. L’américaine Suzanne Collins, qui avait mis un terme à sa trilogie Hunger Games en 2010, aura également mis moins de dix ans avant de replonger dans l’univers qui l’a rendue riche et célèbre, mais le fait est qu’elle a au moins eu le mérite, avec Hunger Games – La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur, de suivre son inspiration sans prendre en compte les attentes du public, et de livrer un récit extrêmement différent de celui qui se concentrait sur la trajectoire de Katniss Everdeen.

Suzanne Collins a donc fait le choix d’un récit très sombre, se déroulant une soixantaine d’années avant les événements relatés dans la trilogie originale, et centré sur le personnage de Coriolanus Snow, qui deviendra plus tard le dictateur emblématique de la république de Panem. Comme les Hunger Games précédents, le roman possédait un certain nombre de références à la Rome antique, tout en nous proposant une critique assez acerbe de la société du spectacle. Assurément, l’auteure du roman avait encore des choses à creuser dans l’univers qu’elle avait créé, et les parallèles dressés avec la société américaine (et en particulier avec l’administration Trump) au cœur de Hunger Games – La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur sont assez noirs, dans le sens où Collins semble sous-entendre que la société a « besoin » d’une personnalité autoritaire et quasi-fasciste pour la diriger.

On peut donc dire que Suzanne Collins n’a pas forcément opté pour la direction que l’on attendait d’elle avec ce nouveau roman, et qu’elle n’a pas davantage facilité son adaptation cinématographique. En effet, s’il était facile de s’identifier et de s’attacher à Katniss Everdeen, l’héroïne des quatre premiers films, le principe d’identification sera plus difficile pour le spectateur vis-à-vis du personnage de Coriolanus (Tom Blyth), qui le plus souvent se contentera de regarder le massacre en toute sécurité depuis le banc de touche. Il s’agit par ailleurs d’un personnage froid, impitoyable et calculateur, et toutes les décisions qu’il prendra au fil de l’intrigue de Hunger Games – La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur pourront à la fois être interprétées comme une façon d’aider son « tribut » Lucy Gray (Rachel Zegler) lors des Jeux, mais aussi comme une manière détournée de faire avancer ses propres projets.

Globalement, les thèses mises en avant par Suzanne Collins dans son bouquin semblent avoir été traduites à l’écran de façon plutôt habile par le scénariste Michael Arndt et le réalisateur Francis Lawrence, qui s’était précédemment fait la main sur trois épisodes de la franchise Hunger Games au cinéma entre 2013 et 2015. On pourrait d’ailleurs se risquer à affirmer que la franchise, initialement plutôt destinée à un public adolescent, a « mûri » en même temps que son public, et finalement, il n’y aurait rien d’étonnant à ce que les fans de la première série de films les ayant découverts et aimés il y a dix ans retrouvent dans Hunger Games – La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur une partie de leurs préoccupations actuelles, et ce même si l’identification à une héroïne puissante laisse ici la place à une réflexion plus générale sur le pouvoir à partir de la trajectoire d’un personnage dont on sait dès le début qu’il s’agit d’un « méchant ».

D’une façon assez intéressante, Hunger Games – La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur s’attarde beaucoup moins que ce à quoi on aurait pu s’attendre sur le concept même des « Hunger Games », et les affrontements entre jeunes issus des districts pauvres n’occupera finalement qu’une maigre partie du métrage. L’accent y est davantage mis sur le lent cheminement du personnage central vers le « côté obscur », et, oui, Francis Lawrence parvient ici à rendre cet itinéraire plus convaincant et naturel que celui d’Anakin Skywalker dans Star Wars – Episode III. Par ailleurs, la noirceur de l’ensemble confère à ce dernier volet une énergie viscérale clairement inhabituelle au cœur de la saga, et on peut sans peine affirmer que ce nouvel opus parviendra sans doute davantage à captiver les spectateurs n’ayant ressenti qu’un ennui poli devant les quatre premiers Hunger Games.

Bien entendu, Hunger Games – La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur s’amuse également à tisser des liens entre ses personnages et ceux des autres films de la franchise, notamment entre Katniss et Lucy Gray, une redoutable gitane chanteuse de country. Et aussi bizarre que cela puisse paraître sur le papier, certains passages impliquant la musique Lucy Gray s’avèrent étonnamment efficaces. Bon, alors, de mémoire, les chansons, ça donne des trucs genre « O grand et sombre Coriolanus, montre-moi ton cœur, O mon cher et tendre Coriolanus, met ton doigt dans mon bonheur » (enfin, pas tout à fait), mais elles s’intègrent bien à l’ensemble en raison de l’aspect « marketing » des Hunger Games qui est fortement mis en avant de façon à dresser des parallèles évidents avec la société actuelle et avec les nombreux programmes TV musicaux tels que The Voice ou Star Academy en France.

Voilà qui est donc assez intéressant, mais en dépit de ses qualités inattendues, Hunger Games – La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur n’en est pas pour autant exempt de défauts. Certains personnages sont sous-exploités, et affichant une durée de plus de deux heures trente, le film de Francis Lawrence apparait encore beaucoup trop long, et aurait peut-être gagné à se voir un peu raboté sur les côtés, même si la sinistre trajectoire de Coriolanus est amenée au spectateur de façon tout à fait cohérente.

Le Blu-ray 4K Ultra HD

[4,5/5]

Hunger Games – La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur vient de sortir au format Blu-ray 4K Ultra HD chez Metropolitan Vidéo, et comme on pouvait s’y attendre, le rendu visuel du film de Francis Lawrence est littéralement éblouissant. Tourné en 4.5K, le film s’offre une définition du tonnerre, avec un niveau de détail absolument chirurgical. La palette de couleurs – qui oscille entre les tons froids et des tonalités Sépia plus chaleureuses – et les niveaux de noirs, rehaussés par la technologie HDR10, sont également à se taper le cul par terre, si vous nous passez l’expression. Le tout est tellement précis et bluffant que ce Blu-ray 4K Ultra HD aurait tendance, et c’est le revers de la médaille, à mettre en évidence les limites de certains effets spéciaux. Côté son, le film s’offre des mixages Dolby Atmos particulièrement puissants et immersifs à la fois en VF et en VO. Qu’il s’agisse de l’entrée en matière, tonitruante, ou du troisième acte du film qui nous propose une poignée de scènes un peu plus bucoliques, tous les canaux Surround sont mis à contribution par de nombreux effets d’ambiance. Bien sûr, l’ensemble prend véritablement toute son ampleur lors des scènes les plus spectaculaires, telles que les séquences mettant en scène l’explosion de l’arène ou les vols de drones. Par ailleurs, la musique de James Newton Howard et les chansons de Lucy Gray sont également tout particulièrement mises en valeur, et les dialogues sont toujours placés de façon à être parfaitement clairs tout au long du film. Une sacrée démonstration technique !

Du côté des suppléments, on commencera par un commentaire audio du réalisateur-producteur Francis Lawrence et de la productrice Nina Jacobson. Si bien sûr la piste est longue, elle permet aux deux intervenants de partager beaucoup d’informations sur la saga et sur la production de cet opus en particulier. Ils évoqueront le style visuel du film (décors, lieux de tournage), les personnages et leurs interactions, les effets spéciaux, le casting, la conception des costumes, ainsi que les liens avec les films précédents. On continuera ensuite avec un long making of (2h31), divisé en huit parties, qui nous proposera de revenir aux origines du projet, mais abordera également le casting, le tournage, la musique, le production design, les maquillages, les costumes, les cascades, la post-production, etc. Outre Suzanne Collins, pratiquement tous les membres du casting et de l’équipe technique évoqueront les défis liés à la conception du film, l’évolution des personnages, l’importance de la musique, les scènes d’action… Ultra-complet et assez passionnant. On terminera enfin avec la version audio de la chanson « The Hanging Tree », chantée par Rachel Zegler, ainsi qu’avec une « Lettre aux fans » rédigée par Suzanne Collins.

On notera par ailleurs que le Blu-ray 4K Ultra HD de Hunger Games – La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur édité par Metropolitan Vidéo est présenté dans un magnifique Steelbook aux couleurs du film.

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