Test Blu-ray 4K Ultra HD : Eddington

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Eddington

États-Unis : 2025
Titre original : –
Réalisation : Ari Aster
Scénario : Ari Aster
Acteurs : Joaquin Phoenix, Pedro Pascal, Emma Stone
Éditeur : Metropolitan Film & Video
Durée : 2h27
Genre : Thriller, Drame
Date de sortie cinéma : 16 juillet 2025
Date de sortie DVD/BR/4K : 5 décembre 2025

Mai 2020 à Eddington, petite ville du Nouveau Mexique, la confrontation entre le shérif et le maire met le feu aux poudres en montant les habitants les uns contre les autres…

Le film

[4,5/5]

Ari Aster est de retour avec Eddington, et délaisse pour un temps l’Elevated Horror pour transformer une petite ville du Nouveau-Mexique en un étrange théâtre d’ombres où les habitants semblent se battre autant contre leurs voisins que contre leurs propres fantômes. Le shérif Joe Cross (Joaquin Phoenix, visage taillé dans la pierre et regard qui brûle comme une cigarette oubliée dans un cendrier) affronte le maire Ted Garcia (Pedro Pascal, sourire carnassier et posture de politicien qui aurait pu vendre des aspirateurs pendant le confinement). Ce duel, qui pourrait sembler banal, devient une fresque politique et existentielle, où la pandémie de Covid-19 agit comme un révélateur des rancunes enfouies. Eddington n’est pas seulement un western moderne : c’est une radiographie des angoisses américaines, un miroir déformant où la poussière des rues se mélange aux sueurs froides des habitants.

Comme les films précédents d’Ari Aster, Eddington se distingue par son mélange de genres : comédie grinçante, thriller paranoïaque et western politique. Ari Aster, dont on avait adooôôôooré Hérédité et Midsommar, s’amuse toujours à brouiller les pistes. Les séquences de confrontation entre Joaquin Phoenix et Pedro Pascal rappellent les duels de Sergio Leone, mais filmés avec une caméra qui semble parfois ivre, oscillant entre plans larges contemplatifs et gros plans suffocants. Ce choix formel traduit l’instabilité des personnages : la ville tremble, les habitants vacillent, et le spectateur se retrouve pris dans une danse maladroite, comme un cow-boy qui aurait trop abusé de la tequila avant de monter en selle. Derrière l’humour noir, Eddington explore la fragilité des institutions et la manière dont la peur peut transformer une communauté en poudrière.

La musique de Bobby Krlic et Daniel Pemberton ajoute une dimension étrange à Eddington. Les nappes sonores oscillent entre le sacré et le grotesque, comme si un orgue d’église avait été branché sur une console de DJ amateur. Ce contraste souligne la tension entre la solennité des thèmes (pouvoir, justice, survie) et la trivialité des comportements humains. On pense parfois à No Country for Old Men des frères Coen, mais avec une touche de burlesque absurde : un personnage peut passer d’une tirade politique à une chute ridicule dans la poussière. Ces touches comiques sont néanmoins contrebalancées par une mise en scène précise : la caméra d’Aster ne se moque jamais gratuitement, elle souligne la fragilité des personnages. Eddington réussit ainsi à mêler humour scatologique et réflexion politique, une alchimie rare qui fait de ce film un objet singulier ; il rappelle également que la grandeur et le ridicule cohabitent toujours, surtout quand la caméra insiste sur les détails les plus insignifiants – une mouche sur un verre de whisky, un chien qui aboie au mauvais moment…

Confiant dans sa capacité hors pair à capter l’attention du public, Ari Aster joue sur la lenteur et l’explosion. Les plans s’étirent comme des chewing-gums collés sous une table, puis soudain, une fusillade éclate, un cri déchire le silence. Ce contraste crée une atmosphère d’attente permanente, où chaque geste peut devenir une déclaration politique. Le spectateur est invité à scruter les visages, à deviner les intentions, comme dans une partie de poker où les cartes sont truquées. Eddington n’est pas un film qui rassure : il met mal à l’aise, il provoque des rires nerveux, il oblige à réfléchir sur la manière dont une société peut basculer dans le chaos à partir d’un simple conflit local.

Comme on l’a déjà dit un peu plus haut, les thématiques d’Eddington dépassent le cadre du « simple » western. Le film interroge la notion de pouvoir en temps de crise, la manipulation des foules, et la fragilité des institutions démocratiques. La pandémie de Covid-19, omniprésente en toile de fond, agit comme une métaphore de la contagion des idées extrêmes. Les habitants d’Eddington deviennent des marionnettes, tiraillées entre peur et colère, et Ari Aster montre comment un virus peut être aussi politique qu’il est biologique. Ce mélange de réalisme et de symbolisme fait d’Eddington une œuvre qui dialogue autant avec l’actualité qu’avec l’histoire du cinéma. On y retrouve des échos de Beau is Afraid, mais aussi de films comme There Will Be Blood, dans lequel la lutte pour le pouvoir prenait des allures de tragédie universelle.

En définitive, et à nouveau de la même façon que les trois premiers films d’Ari Aster, Eddington est une œuvre qui sera amenée à diviser son public. Certains spectateurs y verront un chef-d’œuvre absolument virtuose, d’autres un exercice de style vain et beaucoup trop long. Mais il est indéniable qu’Ari Aster a une fois de plus réussi son pari : celui de créer un univers où le western se réinvente, où la comédie flirte avec la tragédie, et où la politique devient un spectacle grotesque. Eddington mérite d’être vu, discuté, critiqué, car il incarne ce que le cinéma peut offrir de plus précieux : une expérience qui bouscule, qui dérange, qui fait réfléchir. Et même si la poussière du Nouveau-Mexique finit par coller aux chaussures, il est difficile de ne pas admirer la manière dont Aster transforme cette petite ville en un miroir grossissant de toutes nos angoisses contemporaines.

Le Blu-ray 4K Ultra HD

[4,5/5]

Alerte classe absolue pour ce Blu-ray 4K Ultra HD d’Eddington édité par Metropolitan Film & Video, qui se présente dans un superbe Digipack, élégant et solide, qui donne immédiatement l’impression de tenir entre les mains un véritable objet de collection. Le visuel de couverture, où Joaquin Phoenix et Pedro Pascal se défient dans une ambiance crépusculaire, accentue le côté « western apocalyptique » du film, et la composition graphique de l’ensemble, assurée par les équipes de la boite de com Les Aliens https://lesaliens.com/, est absolument remarquable. Ce packaging, bien plus sexy raffiné qu’un simple boîtier plastique, participe à l’expérience et confère au Blu-ray 4K Ultra HD une aura presque cérémonielle. L’extase se poursuivra d’ailleurs à l’insertion de la galette dans votre lecteur, puisque l’image en HDR10 est d’une précision remarquable : les couchers de soleil du Nouveau-Mexique explosent en nuances orangées, les intérieurs sombres conservent une profondeur qui évite tout effet de “bouillie numérique”. Les détails des visages, les rides de Joaquin Phoenix, les sourires carnassiers de Pedro Pascal, apparaissent avec une netteté presque inquiétante.

Le Blu-ray 4K Ultra HD d’Eddington permet ainsi de redécouvrir le film dans des conditions optimales, où chaque plan semble pensé pour cette restitution. Côté son, le Blu-ray 4K Ultra HD propose des mixages VF et VO en DTS-HD Master Audio 5.1. La version originale se distingue par une spatialisation impressionnante : les dialogues claquent, les bruits de foule enveloppent, et les fusillades résonnent avec une puissance qui fait vibrer le canapé. La version française, un poil plus sage, conserve une clarté appréciable, mais perd parfois en intensité dramatique. Les amateurs de VO profiteront pleinement de la richesse sonore, notamment des compositions de Bobby Krlic et Daniel Pemberton, qui trouvent ici une ampleur presque symphonique. Le disque Blu-ray 4K Ultra HD d’Eddington offre donc une expérience audiovisuelle de haute volée, où l’image et le son se complètent pour restituer toute la complexité du film.

Les suppléments du Blu-ray 4K Ultra HD d’Eddington sont nombreux et variés. On trouvera tout d’abord au sein du Digipack un livret de 16 pages, riche en photos, qui nous permettra de prolonger l’immersion par le biais d’un entretien avec Darius Khondji, le légendaire directeur photo, mené de main de maître par par Nicolas Rioult. Sur la galette, on commencera avec un making of (24 minutes), qui nous propose des entretiens intéressants avec l’équipe, et notamment avec Ari Aster qui peine d’entrée de jeu à pitcher son film, preuve que ce dernier échappe aux définitions simples. Ce documentaire dévoile les coulisses du tournage dans la ville de Truth or Consequences au Nouveau-Mexique, les choix esthétiques, les inspirations, les improvisations des acteurs, etc. On continuera le tour des suppléments avec le Clip de campagne de Ted Garcia (1 minutes). À cela s’ajoute une poignée de matériel promotionnel : une featurette (2 minutes), les interviews de l’équipe du film à Cannes (12 minutes), avec Emma Stone, Pedro Pascal, Austin Butler, Luke Grimes et Micheal Ward, un teaser, un film-annonce et une sympathique galerie d’affiches. Indispensable !

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