Test Blu-ray 4K Ultra HD : Aeon Flux

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Æon Flux

États-Unis, Allemagne, Brésil, Italie : 2005
Titre original : –
Réalisation : Karyn Kusama
Scénario : Phil Hay, Matt Manfredi
Acteurs : Charlize Theron, Márton Csókás, Jonny Lee Miller
Éditeur : Paramount Pictures
Durée : 1h33
Genre : Science-fiction, Action
Date de sortie cinéma : 8 février 2006
Date de sortie DVD/BR/4K : 22 octobre 2025

Aeon Flux est un membre d’un réseau de résistance souterrain combattant le pouvoir totalitaire de l’unique cité ayant survécu sur Terre au 25e siècle. Aeon est le meilleur espoir des rebelles pour renverser une société « Parfaite » oppressante et aseptisée…

Le film

[3/5]

Æon Flux, c’est un peu comme une soirée déguisée dans une boîte de nuit post-apocalyptique : on ne sait pas trop qui a eu l’idée, mais tout le monde joue le jeu avec un sérieux désarmant. Charlize Theron, en justaucorps noir moulant façon ninja SM, traverse le film comme une panthère cybernétique, l’air de dire « oui, j’ai lu le script, mais j’ai surtout vu le chèque ». Æon Flux, réalisé par Karyn Kusama, adapte une série animée culte de MTV, et tente de lui injecter une dose de blockbuster hollywoodien, avec des décors qui ressemblent à des catalogues IKEA version dystopie, et des dialogues qui oscillent entre le cryptique et le franchement absurde. Mais attention, derrière les poses acrobatiques et les gadgets improbables, Æon Flux parle de choses sérieuses : contrôle social, mémoire génétique, et la bonne vieille question « qui suis-je ? », posée avec la gravité d’un ado qui découvre Nietzsche sur TikTok.

Dans Æon Flux, le futur est propre, lisse, et vaguement fasciste. La ville de Bregna ressemble à une clinique suisse sponsorisée par Apple, où les gens vivent sous la coupe d’un gouvernement scientifique qui ferait passer Elon Musk pour un hippie. Le film explore la tension entre liberté individuelle et sécurité collective, avec de gros sabots qui, de nos jours, peinent à tenir la comparaison avec un épisode de Black Mirror. Les rebelles, appelés Monicans (non, ce n’est pas une blague), communiquent par pilules télépathiques, ce qui est probablement très mauvais pour les intestins, mais possède un côté pratique. Æon Flux, en tant que personnage, incarne cette ambivalence : elle tue, elle doute, elle saute dans tous les sens (le film est un véritable festival de cabrioles), mais elle cherche aussi la vérité, comme une influenceuse en quête de spiritualité cherchant le sens de la vie entre deux placements de produits.

Formellement, Æon Flux est un festival de plans stylisés, de ralentis chorégraphiés et de couleurs saturées. La caméra de Karyn Kusama s’attarde sur les corps, les textures, les surfaces, comme si chaque scène devait servir de fond d’écran à un smartphone pliable. On pense parfois à Equilibrium, et surtout à Ultraviolet, ces autres tentatives de SF stylisée du début des années 2000, où le fond philosophique se diluait dans une esthétique de pub pour parfum matinée de Matrix. Mais Æon Flux a pour lui une certaine cohérence visuelle, une volonté de créer un monde à part, même si ce monde ressemble parfois à un showroom de domotique. Et puis il y a Charlize Theron, qui parvient à donner de l’épaisseur à un personnage écrit comme une fiche Wikipédia : froide, létale, mais vaguement tourmentée.

Il serait injuste de réduire Æon Flux à ses défauts, si nombreux soient-ils. Oui, le scénario est confus, les dialogues souvent risibles, et certaines scènes d’action ont le dynamisme d’un cours de yoga pour seniors. Mais le film tente quelque chose, notamment en explorant des thématiques héritées de la série animée : une réflexion sur l’identité, la mémoire, et la reproduction humaine, dans un monde où les corps sont clonés, recyclés, et contrôlés. Il y a là une vraie question sur ce que signifie être humain, sur la transmission des souvenirs, et sur la possibilité de changer le cours de l’histoire. Æon Flux, malgré ses maladresses, pose ces questions avec une sincérité qui mérite d’être saluée, même si elle le fait en talons aiguilles et avec une coupe de cheveux qui défie les lois de la physique.

Alors bien sûr, Æon Flux n’a pas la rigueur de Matrix, ni la folie de Brazil, ni la poésie d’un Ghost in the Shell. Mais il a une sorte de charme étrange, comme un animal empaillé qu’on aurait maquillé pour Halloween. Il y a quelque chose de touchant dans cette tentative de faire de la SF sérieuse avec des moyens de clip MTV. Le film est bancal, parfois ridicule, mais il semble croire en son univers, en ses personnages, et en sa vision du futur, même si cette vision implique des coiffures improbables et des acrobaties dignes d’un spectacle du Cirque du Soleil sous acide. Avec le recul, on a tendance à se dire qu’Æon Flux mérite d’être vu, ne serait-ce que pour comprendre à quel point les années 2000 étaient une époque étrange, où l’on croyait que le futur serait propre, aseptisé, et surveillé. Pour la surveillance, l’équipe du film avait mis dans le mille ; pour le reste, vingt ans plus tard, nos rues évoquent davantage Les Rats de Manhattan !

Le Blu-ray 4K Ultra HD

[4/5]

Le Blu-ray 4K Ultra HD d’Æon Flux débarque ces jours-ci sous les couleurs de Paramount Pictures pour fêter les 20 ans du film avec une belle édition qui sent bon le revival dystopique. Et autant le dire tout de suite : l’image bénéficie d’un upgrade 4K à partir d’un master DI 2K, ce qui signifie qu’en termes de définition pure, l’upgrade ne casse pas trois pattes à un canard cloné, mais que les couleurs, étalonnées en Dolby Vision et HDR10, explosent quant à elles comme une pilule Monican. Les contrastes sont bien gérés, les noirs profonds, et les teintes froides du monde de Bregna ressortent avec une netteté bienvenue. Les scènes nocturnes s’en sortent avec les honneurs, même si quelques plans souffrent d’un léger bruit numérique. Les textures des costumes, les décors géométriques et les effets visuels gagnent en lisibilité, sans pour autant atteindre le niveau d’un vrai master natif 4K. Côté son, la VO en DTS-HD Master Audio 5.1 offre une spatialisation extrêmement sympathique, avec des effets bien répartis et une dynamique qui soutient les scènes d’action sans saturer. La VF en Dolby Digital 5.1, quant à elle, fait le job, mais manque un peu de punch dans les basses et de clarté dans les dialogues. On aura donc tout intérêt à privilégier la version originale, plus immersive et mieux équilibrée.

Pas de suppléments à l’horizon sur la galette Katka, ce qui est dommage pour un film qui aurait mérité un petit making of ou une interview de Charlize Theron expliquant comment elle a survécu à sa coupe de cheveux. Pour autant, on notera que le Blu-ray du film est également disponible dans le boîtier du Blu-ray 4K Ultra HD d’Æon Flux. Celui-ci ne nous a pas été fourni mais il contient probablement les commentaires audio et la poignée de bonus disponibles sur le Blu-ray américain sorti en 2006 !

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