28 ans plus tard
Royaume-Uni, États-Unis : 2025
Titre original : 28 Years later
Réalisation : Danny Boyle
Scénario : Alex Garland
Acteurs : Aaron Taylor-Johnson, Jodie Comer, Ralph Fiennes
Éditeur : Sony Pictures
Durée : 1h55
Genre : Horreur, Science-fiction, Thriller
Date de sortie cinéma : 18 juin 2025
Date de sortie DVD/BR/4K : 22 octobre 2025
Cela fait près de trente ans que le Virus de la Fureur s’est échappé d’un laboratoire d’armement biologique. Alors qu’un confinement très strict a été mis en place, certains ont trouvé le moyen de survivre parmi les personnes infectées. C’est ainsi qu’une communauté de rescapés s’est réfugiée sur une petite île seulement reliée au continent par une route, placée sous haute protection. Lorsque l’un des habitants de l’île est envoyé en mission sur le continent, il découvre que non seulement les infectés ont muté, mais que d’autres survivants aussi, dans un contexte à la fois mystérieux et terrifiant…
Le film
[4/5]
Avec 28 ans plus tard, Danny Boyle revient là où tout avait commencé, mais avec une caméra plus affûtée, un casting plus musclé, et une envie manifeste de faire exploser les codes du film post-apocalyptique comme une vessie dans une lanterne. Le virus de la fureur, dont on avait commencé à explorer les arcanes avec 28 jours plus tard en 2002, n’a pas seulement survécu, il a muté, s’est enraciné dans les chairs et les esprits, et le Royaume-Uni ressemble désormais à une version punk de La Route, avec des joggeurs cannibales et des tribus qui se battent pour des boîtes de haricots. Le film ne cherche pas à faire dans la dentelle, et c’est tant mieux : 28 ans plus tard est une œuvre brute, nerveuse, qui préfère l’adrénaline à la contemplation, et qui réussit à injecter du sang neuf dans une franchise qu’on croyait enterrée avec les DVD de 28 semaines plus tard.
28 ans plus tard s’ouvre sur une longue séquence d’exposition qui ferait passer Mad Max : Fury Road pour une balade en trottinette. Spike, gamin de douze ans, s’apprête à quitter l’île fortifiée où il a grandi pour explorer un continent ravagé. Accompagné de son père Jamie, il découvre un monde où les infectés courent toujours, mais où les survivants ont appris à courir plus vite. Le film joue habilement sur la tension entre l’innocence du regard enfantin et la brutalité du monde extérieur. On pense aux Fils de l’Homme, et même à District 9 dans cette manière qu’a Danny Boyle de mêler science-fiction, politique et viscères qui pendent. 28 ans plus tard ne cherche pas à faire joli, il cherche à faire juste. Et dans ce registre, il tape souvent dans le mille, même si parfois, à l’image du jeune Spike, il rate la tête et atteint le genou – ce qui permet à Danny Boyle de faire grimper la tension encore d’un cran supplémentaire.
Le moins que l’on puisse dire en effet, c’est que Danny Boyle n’a pas perdu la main : 28 ans plus tard est une véritable leçon de mise en scène. Le cinéaste y retrouve son goût pour les caméras nerveuses, les plans tremblés, les coupes sèches, et les effets de lumière qui transforment chaque couloir en boîte de nuit pour psychopathes. Le film utilise un dispositif pseudo-bullet-time à base d’iPhone, qui donne à certaines séquences une étrangeté hypnotique, comme si le spectateur était pris dans une boucle temporelle où chaque cri résonne comme un orgasme de hyène. Ce choix esthétique, loin d’être gratuit, renforce la thématique du temps : 28 ans ont passé, mais le trauma reste intact. Le virus n’est pas seulement biologique, il est aussi mémoriel. Chaque survivant est un porteur sain de douleur, et chaque plan du film semble vouloir l’exorciser.
28 ans plus tard interroge aussi la notion de civilisation, dans un monde qui part complètement en sucette. Les tribus non infectées, repliées sur elles-mêmes, ont développé des codes, des croyances, des rituels. Certaines vénèrent les infectés comme des dieux de la colère, d’autres les chassent comme des trophées. Le film explore cette diversité avec une curiosité anthropologique, sans jamais tomber dans le folklore. On est loin des clichés du genre, et c’est là que 28 ans plus tard se distingue : le scénario d’Alex Garland ne cherche pas seulement à faire peur, il cherche également à comprendre. À comprendre comment l’humain s’adapte, se transforme, se déforme. Et si parfois le scénario semble partir en vrille, c’est pour mieux illustrer cette idée que dans le chaos, il n’y a pas de ligne droite. Juste des zigzags, des cris, et des traces de pipi dans les coins.
Le casting de 28 ans plus tard est à la hauteur des défis soulevés par le film. Alfie Williams, en Spike, apporte une fraîcheur bienvenue, entre naïveté et rage contenue. Aaron Taylor-Johnson, en père protecteur, joue sur la corde raide entre tendresse et brutalité. Jodie Comer, en mère rongée par la démence, livre une performance troublante, presque chamanique. Et Ralph Fiennes, en Dr. Kelson, sorte de Colonel Kurtz sous Lexomil, incarne la folie douce avec un flegme qui ferait passer Hannibal Lecter pour un animateur de centre aéré. Le film ne cherche pas à faire briller ses acteurs, mais à les immerger dans un monde où chaque geste compte, chaque regard pèse, chaque silence hurle à nos oreilles. Ensemble, ils contribuent à porter le message du film, qui tourne autour de la transmission des valeurs, des peurs et des espoirs, au cœur d’un monde en ruine. Histoire, mémoire, combat : que laisse-t-on derrière soi, que choisit-on de porter ? A une époque où les mots-clés comme « résilience », « survie » ou « effondrement » font florès sur les moteurs de recherche, 28 ans plus tard nous propose une réponse artistique, poétique, et occasionnellement… scatologique.
Le Blu-ray 4K Ultra HD
[4/5]
28 ans plus tard vient de sortir en France au format Blu-ray 4K Ultra HD, sous les couleurs de Sony Pictures, et la galette Katka du film nous offre une restitution visuelle à la hauteur du chaos orchestré à l’écran par Danny Boyle. Le transfert 4K, soutenu par un encodage Dolby Vision et HDR10, restitue avec précision les contrastes extrêmes du film : les scènes nocturnes sont d’une profondeur saisissante, les éclairages urbains créent des halos presque organiques, et les textures des décors (briques, sang, peau moite) gagnent en netteté sans jamais sombrer dans le lissage artificiel. Un léger grain a été conservé, ce qui renforce l’aspect brut et documentaire de certaines séquences, notamment celles tournées avec les rigs iPhone et les caméras portatives. On notera cela dit que la médaille technique a son revers : le rendu de l’ensemble est si précis que certains effets spéciaux du film en prennent déjà un petit coup de vieux. Côté son, la VO en Dolby Atmos est une réussite : spatialisation ample, effets de course immersive, et une bande-son qui alterne entre nappes anxiogènes et silences pesants. Les cris des infectés résonnent comme des alarmes internes, et les dialogues restent clairs même dans les scènes les plus agitées. La VF en DTS-HD Master Audio 5.1 s’avère également excellente, avec une dynamique solide et une bonne gestion des ambiances, même si elle manque parfois de finesse dans les transitions. Du très beau travail technique.
Du côté des suppléments, rien sur le Blu-ray 4K Ultra HD – il faudra se reporter à la version Blu-ray du film, également disponible dans le boitier du disque Katka édité par Sony Pictures, mais qui ne nous a pas été fourni pour ce test. On devrait cela dit y trouver une petite demi-heure de featurettes revenant sur la création du monde post-infecté, le style visuel du film, les personnages principaux ou encore les maquillages de 28 ans plus tard.