Critique : Rampage Hors de contrôle

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Rampage Hors de contrôle

États-Unis, 2018
Titre original : Rampage
Réalisateur : Brad Peyton
Scénario : Ryan Engle, Carlton Cuse, Ryan J. Condal & Adam Sztykiel
Acteurs : Dwayne Johnson, Naomie Harris, Malin Akerman, Jeffrey Dean Morgan
Distribution : Warner Bros. France
Durée : 1h47
Genre : Action
Date de sortie : 2 mai 2018

Note : 2,5/5

Treize ans après avoir flirté une première fois avec les adaptations de jeux vidéos au cinéma, Dwayne Johnson tente encore sa chance. Et quoi de plus logique après tout, puisque son film précédent, Jumanji Bienvenue dans la jungle de Jake Kasdan et sa forme d’immersion particulièrement enjouée dans un monde interactif, avait confirmé avec panache son statut durement acquis de vedette mondiale. Tandis que la mission de son personnage dans Doom de Andrzej Bartkowiak consistait seulement à sauver son unité d’élite contre des créatures génétiquement modifiées dans un bunker en guise de laboratoire sur la planète Mars, le statut de l’acteur a graduellement monté les échelons de la reconnaissance internationale au fil du temps. En somme, The Rock, ce héros, ne doit désormais plus être inquiété que lorsque le sort de l’humanité toute entière est en jeu et qu’il pourra donc fléchir ses muscles démesurés pour sauver la planète, avec un grand sourire, s’il vous plaît. Cette corvée quasiment messianique sera effectuée sans sourciller dans Rampage Hors de contrôle, quoique d’une manière si ennuyeusement prévisible que même la sympathie qu’on éprouve depuis longtemps à l’égard de Johnson ne saura sauver le film de Brad Peyton d’une médiocrité cinématographique assez consternante.

Synopsis : Le primatologue Davis Okoye entretient un rapport privilégié avec le gorille albinos George dans son enclos du zoo de San Diego. Un jour, après une étrange pluie de météorites, l’attitude d’habitude si plaisante et serviable de George change radicalement : il triple en taille et devient irritable, voire violent. Davis ne sait pas comment ramener son ami animalier à la raison, jusqu’à ce que la généticienne Kate Caldwell lui propose ses services. Ancienne employée d’un laboratoire qui entreprend des expériences hautement dangereuses avec des pathogènes génétiquement recomposés, elle craint que George se soit infecté de ce cocktail aux conséquences imprévisibles. Le sort du gorille n’est toutefois pas la seule source d’inquiétude, puisque d’autres bêtes sauvages sont entrés en contact avec la substance nocive.

Le dernier des durs à cuire

Dwayne Johnson à la rescousse ! On pourrait sans peine interpréter cet appel à l’aide de deux façons complémentaires. Pour commencer, il désigne l’objectif bassement scénaristique, taillé sur mesure pour l’ensemble de ses personnages, qui sont prédestinés à combattre à la fois un ennemi à l’envergure disproportionnée et leur propre humeur toujours un peu sectaire et dans des cas extrêmes même carrément misanthrope, comme dans Rampage Hors de contrôle. Puis, ce cri du désespoir naît également de notre frustration plus subjective de voir l’acteur enchaîner des films à la formule sans imagination, repassant sans cesse des cas de figure identiques qui exploitent paresseusement les mêmes créneaux du talent indéniable de l’ancien catcheur. A l’image de ces affrontements dans le ring dépourvus de spontanéité, le spectacle certes tonitruant finit par nous lasser, surtout quand il est exécuté avec un tel flegme routinier que dans cette histoire abracadabrante, qui débute sur un joli coup de tension dans l’espace, avant de finir en queue de poisson.

Chevaucher une avalanche sans neige

En effet, il n’y a pas grand-chose à tirer de cette intrigue sous forme d’amas de caricatures et autres poncifs peu subtils. Alors que le duel final à trois variables, presque aussi long que ceux nullement regrettés des films d’action des années ’90, ne nous réserve aucune surprise notable – si ce n’est le constat amer que les effets spéciaux alloués à la destruction massive en milieu urbain sont toujours aussi laids et approximatifs –, le cadre idéologique du scénario ne séduit pas non plus par sa finesse. Est-ce que cela vaudra même la peine de le résumer ici, vite fait, mal fait ? Car le relais de sa mise en garde contre les aléas pernicieux de la recherche génétique, dont les découvertes peuvent bien sûr tomber à n’importe quel moment entre de mauvaises mains, vous l’aurez compris, ne nous paraît pas plus indispensable que celui de sa propagande à peine larvée en faveur de l’armée américaine, obnubilée par un état d’esprit martial mais en même temps capable de faire in extremis preuve de modération. Ce point de vue tendancieux, on le retrouve de même du côté de l’interaction très rudimentaire entre les personnages, marquée autant par l’hystérie au sein de la fratrie de méchants grotesques que dans la relation flasque entre la vedette Johnson et son faire-valoir féminin, la pauvre Naomie Harris à nouveau réduite aux rôles sans saveur.

Conclusion

Si vous avez suivi jusqu’ici nos pensées sur Rampage Hors de contrôle, vous vous en doutez que nous n’avons guère été emballés par ce parent éloigné du mythe de King Kong. Il s’agit d’un divertissement passable, soit, mais en même temps, la question doit être permise de s’interroger sur les probabilités de réussite d’un tel sujet bancal. Heureusement, cela ne suffit pas pour ébranler durablement notre admiration de Dwayne Johnson. Si ce dernier souhaitait laisser un impact plus substantiel dans l’Histoire du cinéma, il ferait cependant mieux de choisir plus soigneusement ses projets que cette litanie d’aventures aussi molles et interchangeables que celle-ci !

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