L’uomo in più (L’homme en plus)

L’homme en plus

Italie : 2001
Titre original : L’Uomo in più
Réalisateur : Paolo Sorrentino
Scénario : Paolo Sorrentino
Acteurs : Toni Servillo, Andrea Renzi, Nello Mascia
Distribution : Bellissima Films
Durée : 1h 40min
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 1 février 2012

Un footeux qui doit raccrocher et un chanteur romantique éclaboussé par un scandale. Deux lignes narratives qui plongent le spectateur dans les folles années 80 qui ont précédé l’avènement de Berlusconi. Un film brut, sans concession sur une époque et une nation à la dérive. Belle facture pour un premier film soigné et fort joliment écrit.

Synopsis : Une étrange scène sous-marine tient lieu de prologue. S’y font harponner quelques spécimens jusqu’au moment où le pêcheur joue l’arroseur arrosé, aux prises avec un poulpe. Un combat se poursuit après le générique mais sur la terre ferme. Deux lignes narratives sont introduites, dans deux univers constituant deux des fleurons les plus illustres de la culture italienne : le calcio et la canzone romantica.

Un premier film très prometteur

Les années 80. L’argent coule à flot et autorise à se croire à l’abri de tout. Toutes les lignes blanches sont franchies à commencer par celles de coke, bien sûr. Paulo Sorrentino est parti d’un fait divers personnel pour tricoter un scénario somme toute assez conventionnel. Deux descentes aux enfers après un imprévu de l’existence : on ne nage pas dans l’inédit. Le traitement toutefois n’en demeure pas moins convaincant, le cinéaste s’offrant, outre quelques plans d’une remarquable tenue, une liberté de ton assez jubilatoire et de fort belles audaces au montage.

Deux fleurons de la culture italienne terrassés

Les anti-footeux auront tôt fait par exemple d’en vouloir à Sorrentino du sort qu’il réserve à son héros déchu qui doit raccrocher les crampons après un banal accident ligamentaire, au cours d’un entrainement qui plus est. Le sort qui lui est réservé après n’est par ailleurs pas à la gloire du foot. Pourtant la trajectoire contrapunctique du chanteur, crooner décati, genre d’Alain Barrière transalpin, est traitée avec autrement plus de virulence, faisant chanter puis déchanter le personnage qui n’est épargné ni par les pires vilénies (drogue, détournement de mineur) ni par un bannissement familial (lourd de sens en Italie !). Fieffée ordure incarnant les années pré-berlusconniennes, ce chanteur pourrait bien symboliser cette permissivité et cette impunité qui sera monnaie courante dans le gouvernement du « Cavaliere ».

C’est donc avec un réalisme assez brutal que le cinéaste traite cette histoire. Même si la musique (magnifique) de Cataneo insuffle une touche de ce lyrisme tellement italien au propos, nous sommes loin du souffle épique de certaines fresques (Nos meilleures années) ou du romantisme foudroyant d’un « Arrivederci amore ciao ». Du coup, l’émotion et l’empathie désertent l’écran. Mais la fusion de ce réalisme aux chansons (judicieusement choisies, de « I’ll survive » à « Just an illusion ») qui s’intègrent parfaitement au processus narratif autant que la reconstitution minutieuse de ces dernières années fastes d’un siècle finissant font de ce film une belle réussite.

Résumé

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