Critique : Laisse-moi entrer

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L'affiche du film Laisse-moi entrer le remake de MorseLaisse-moi entrer

Etats-Unis, 2010
Titre original : Let Me In
Réalisateur : Matt Reeves
Scénario : Matt Reeves
Acteurs : Kodi Smit-McPhee, Chloe Moretz, Richard Jenkins
Distribution : Metropolitan FilmExport
Durée : 1h52
Genre : Epouvante-horreur
Date de sortie : 6 octobre 2010

4/5

En 2008 Matt Reeves, surtout connu pour son travail pour la télévision, surpris son monde en réalisant un certain Cloverfield. Maîtrisé de bout en bout sur un thème pourtant peu original, le réalisateur rentrait dans la catégorie des gens à suivre avec attention. Deux ans plus tard il s’attaqua au remake américain d’un film suédois, Morse, lui-même adapté du roman éponyme de John Ajvide Lindqvist, une histoire de préadolescence sur fond vampirique. Le résultat final n’est pas parfait, mais diablement percutant et accrocheur. Retour sur ce film de genre qui resta un des plus gros échec au box office cette année là.

Synopsis : Abby, une mystérieuse fille de 12 ans, vient d’emménager dans l’appartement à côté de celui où vit Owen. Lui est marginal, il vit seul avec sa mère, et est constamment martyrisé par les garçons de sa classe. Dans son isolement, il s’attache à sa nouvelle voisine qu’il trouve si différente des autres personnes qu’il connaît. Alors que l’arrivée d’Abby dans le quartier coïncide avec une série de meurtres inexplicables et de disparitions mystérieuses, Owen comprend que l’innocente jeune fille est un vampire.

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UN FILM DE VAMPIRE… MAIS PAS TROP

Le noir. Le début d’une musique. Un paysage nocturne. Une ambulance gyrophares allumés filant à toute allure. On découvre un homme se tordant de douleur sur un brancard, apprenant du même coup qu’il s’est aspergé le visage avec de l’acide concentré.

Le climat inquiétant est lancé, et pendant 1h50 il ne vous lâchera pas. Pourtant, contrairement à ce que la bande annonce laisse supposer, Laisse-moi entrer n’est pas simplement un film d’horreur, catégorie trop réductrice et fourre-tout pour le qualifier. On suit l’histoire au travers du prisme d’un jeune garçon de douze ans, avec toute la subjectivité que cela implique. Le pauvret est la tête de turc d’un groupe de garçons de son école, l’humiliation et le mépris sont son quotidien. A la maison ce n’est guère mieux: ses parents sont en instance de divorce, il n’a pas vu son père depuis plusieurs mois, sa mère est une bigote aimante mais un poil dépressive. Le garçon est l’archétype du gentil timide qui se réfugie dans des jeux de rôle où il fait du mal à ceux qu’il déteste, où il est en position de dominant, s’affublant d’un masque et d’un couteau et imaginant qu’il trucide des victimes imaginaires. Le jeune Kodi Smit-McPhee (La Route) incarne ce jeune garçon torturé avec toute l’innocence et la spontanéité due à son jeune âge.

Sa rencontre avec Chloe Moretz (Kick-Ass; une grande actrice en devenir) va être déterminante. Car c’est un film sur les affres de la préadolescence que nous livre le réalisateur. Owen s’éveille à la sexualité et aux filles, un peu voyeur, se sent seul et mal dans sa peau. Abby représente l’amie qu’il n’a pas et une potentielle partenaire. Cette relation complexe est au centre du film, le jeune garçon allant même jusqu’à l’aimer malgré sa nature, qu’il devinera un peu plus tard, devenant par la même son complice. On ne saura pas à la fin si elle ressent plus que de l’amitié pour lui ou s’il lui sert simplement à commencer un nouveau cycle. Le film s’intéresse plus à son évolution à lui: elle n’est pas en réalité cette jeune fille douce que son physique laisse paraitre mais une créature sans pitié et âgée.

Photo du film Laisse-moi entrer le remake de Morse

Matt Reeves réalise sobrement, beaucoup de plan fixes ou lents, le film se montre parfois gore (justifiant son interdiction aux moins de 12 ans) mais jamais abusivement. Il est également poétique et délicat dans la relation entre les enfants. Le réalisateur crée sa propre vision de l’histoire, indépendamment du film suédois qu’il avait admiré. Une grande majorité du métrage se passe dans la pénombre ou éclairé par de faibles lumières, les couleurs sont très froides.

Seule la fin, baignée d’une chaude lumière et le générique final sur fond blanc, apportent un peu de positivisme à cette magnifique histoire sombre. Stephen King a déclaré que Laisse-moi entrer constituait « le meilleur film d’horreur américain de ces vingt dernières années ». On n’ira pas jusque là mais force est de constater que malgré une certaine lenteur le film est passionnant.

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Résumé

Superbe film malsain, glauque, dérangeant, mais très bien écrit et réalisé. Une vision noire de la préadolescence, dans laquelle deux laissés pour compte vont devenir des alter-ego dans une macabre danse pleine de psychologie et de puissance narrative. Après Kick-Ass, Chloe Moretz se révèle avec talent. Une très belle découverte…

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=tWwKZO0u1qg[/youtube]

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