Festival de Gardanne 2015 : cloture

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Mardi 27 octobre, jour 12 du Festival 2015 : 4 films en avant-première, Norte, la fin de l’histoire de Lav Diaz, AN de Naomi Kawase, Orlando Ferito et Voyage en post-histoire de Vincent Dieutre, avec débats avec ce dernier.

 

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Norte, la fin de l’histoire

Ce mardi 27 octobre, le dernier jour de l’édition 2015 du Festival Cinématographique d’Automne de Gardanne proposait 2 avant-premières en compétition, malheureusement programmées à la même heure, chacune dans sa salle. Comme il fallait s’y attendre, la grande majorité des spectateurs s’est précipitée sur AN, un film qui ne dure qu’une heure et cinquante trois minutes. Ils ont été récompensés par le fait d’avoir vu LE film qui, in fine, a obtenu le Prix du Public. Les rares courageux qui avaient choisi l’autre salle ont eux été récompensés par la vision d’un film magnifique, un film qu’il sera sans doute plus difficile de voir en salles lorsqu’il sortira, le 4 novembre prochain, vue sa durée : 4 h 10 minutes ! Norte, la fin de l’histoire est un film réalisé par Lav Diaz, un réalisateur philippin de près de 57 ans qui, malheureusement, est loin d’avoir la notoriété qu’avait atteint Lino Brocka il y a 30 ans ou celle que connait aujourd’hui Brillante Mendoza. Norte, la fin de l’histoire met en parallèle le destin de deux hommes : d’un côté, Fabian, un étudiant brillant, issu d’une famille plutôt aisée et brillant causeur, surtout lorsqu’il s’agit de prôner la révolution ; de l’autre, Joaquin, un homme du peuple, avec femme et enfants, toute cette famille ayant beaucoup de mal à joindre les deux bouts. Ces deux hommes ont des dettes auprès de la prêteuse sur gages du coin. Fabian la tue, Joaquin est accusé du crime et condamné à perpétuité. On pense bien sûr à Dostoïevski, mais le film n’est absolument pas écrasé par ce rapprochement. Lav Diaz est un adepte des longs plans séquence et des mouvements de caméra réduits au strict minimum, les personnages étant toujours filmés à une certaine distance. Ainsi placés dans un contexte difficile pour eux, les comédiens sont absolument prodigieux de vérité et de sensibilité. Ce film superbe a été présenté à Cannes 2013 dans la sélection Un Certain Regard, mais on peut vraiment penser qu’il méritait de rentrer dans la compétition, voire plus si affinité (de la part du jury !).

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AN

Année après année, la réalisatrice japonaise Naomi Kawase est devenue la coqueluche du Festival de Cannes, puisque AN a été choisi cette année pour faire l’ouverture de la sélection Un Certain Regard, ses deux films précédents ayant eux fait partie des films en compétition, en 2011 et en 2014. Ce film, qui a donc obtenu le Prix du Public du Festival de Gardanne, sortira le 27 janvier 2016.


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Vincent Dieutre

Vincent Dieutre est un réalisateur à part, un homme d’une grande culture, particulièrement attiré par l’Italie du Sud et la Sicile. Orlando Ferito est un film qui s’est construit à partir de réflexions et de rencontres, un film dont le scénario puis le montage n’ont cessé d’évoluer pour, finalement, arriver à ce qui a été projeté à Gardanne et qui sortira en salles le 2 décembre prochain. Tout au long du film, Vincent Dieutre met en opposition le texte publié le 1er février 1975 dans le Corriere della Sera par Pier Paolo Pasolini, texte qu’on appelle « L’article des lucioles », avec « La survivance des lucioles », un livre écrit par le philosophe Georges Didi-Huberman. Dans son texte, Pasolini faisait le bilan amer d’une époque et voyait dans la disparition des lucioles une métaphore de la situation politique de son pays, de la catastrophe sociale, économique et culturelle qui s’est abattue sur le peuple, terminant son texte ainsi :  » je donnerais toute la Montedison, encore que ce soit une multinationale, pour une luciole ». Comme il l’explique lui-même dans le film, Georges Didi-Huberman ne nie pas l’existence de la catastrophe, mais il maintient que les lucioles n’ont pas disparu, qu’il existe encore des trouées lumineuses et qu’il est important, non seulement d’en (re)connaître l’existence mais aussi de les faire vivre. Et c’est ce que Vincent Dieutre fait dans son film, tourné en Sicile, et dans lequel il fait interpréter par les Pupi, ces fameuses marionnettes de Palerme, un texte qu’il a lui-même écrit, intitulé Orlando Ferito (Roland blessé) et qui est une nouvelle variation du texte de l’Arioste. Dans son film, Vincent Dieutre a poursuivi son voyage encore plus loin vers le Sud, vers Noto puis vers Lampedusa, vers ces réfugiés qui arrivent en Europe, ce continent qui se dirige vers la mort s’il ne sait pas les accueillir.

Dans le débat qui a suivi, Vincent Dieutre a, entre autres, parlé de l’histoire relativement compliquée qu’a connue son film, de l’importance qu’il y avait à y faire parler plusieurs langues et il a éclairci un certain nombre de points qui étaient apparus obscurs au public.

orlando ferito

Le festival s’est terminé par la projection de Voyage en post-histoire, un film diffusé cette année sur une chaîne de télévision et pour lequel il n’est pas prévu de sortie nationale en salles. Ce film est le quatrième des « exercices d’admiration » que Vincent Dieutre a réalisés, après ceux consacrés à Naomi Kawase (Hasard !), à Jean Eustache et à Jean Cocteau. Dans Voyage en post-histoire, le réalisateur s’est approprié Le voyage en Italie, de Roberto Rossellini, convoquant à Naples un couple d’homosexuels en lieu et place de celui formé par George Sanders et Ingrid Bergman. Une œuvre hybride, mi fiction, mi documentaire, qui respecte la langue d’origine, l’anglais, qui respecte la durée du film original et qui tient compte de l’évolution de la société. Exemple : le sacré de la procession religieuse y est remplacé par la dévotion qui entoure dorénavant le football. De belles musiques napolitaines accompagnent ce film, dont 4 ou 5 chansons de Roberto Murolo.

 

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