FEFFS 2015 : retour sur les jours 6 et 7 2/2

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Enfin, séance de minuit du mercredi avec Howl de Paul Hyett (2/5) où une rame de RER anglais se retrouve bloquée dans une forêt la nuit, après un accident. Le contrôleur va devoir tenter de préserver la sécurité de ses passagers face à la menace qui gronde dehors. Après une première partie qui laisse espérer des rebondissements originaux avec des personnages plutôt bien caractérisés, la séquence entre une jeune passagère et une mère de famille snob est joliment jouée, le scénario repart sur des pistes ultra balisées de survival avec body count élevé. Dommage, ça avait bien commencé mais les stéréotypes achèvent de nous ennuyer…

On glisse l’air de rien vers le jeudi, plus calme en nombre de films avec pour commencer un nanar totalement insauvable, le désastreux Night Fare de Julien Seri (1/5) amateur dans sa première partie, désespérant dans son dernier acte par le sérieux de son explication finale dont le propos est plus bête que douteux. L’idée d’un chauffeur de taxi errant dans les rues de Paris pour zigouiller du peuple aurait pu permettre un divertissement de série B plaisant mais plutôt qu’un Duel brut de décoffrage, le réalisateur des Fils du Vent et de Scorpion préfère se prendre un peu trop au sérieux sur le fond (que l’on vous épargne) et pas assez sur la forme avec des ralentis insupportables et une mise en scène fauchée et guère inspirée qui ne peut que faire honte à toute script-girl qui aurait été impliquée. La dernière image évoque Rubber mais dans le registre de la comédie involontaire. LA purge de cette édition.


La soirée hommage à Enzo Castellari, président du jury, s’est ouverte avec Le Témoin à abattre (3,5/5), un film noir à la mise en scène grisante, s’ouvrant sur une impressionnante scène de poursuite en voiture, et riche en ralentis («ça donne plus d’émotions») utilisés ici avec brio. Franco Nero (avec qui il a tourné une quinzaine de films en tout) est un policier déterminé, façon Dirty Harry, en lutte avec sa hiérarchie et la corruption, la mafia ne connaissant aucune limite à son régime de terreur. Il dirige également James Whitmore et Fernando Rey, ce dernier comme un clin d’oeil tout frais à French Connection tourné peu de temps avant. La soirée a été présentée par Christophe Lemaire (from Starfix, Rock’n’Folk, Mad Movies) qui nous a communiqué son enthousiasme pour le cinéma d’un réalisateur dont il a vu de nombreux films sur grand écran, ce qui n’est pas donné à tout le monde, évoquant notamment l’une de ses œuvres emblématiques, Keoma, «dernier grand western de l’ère italienne». Castellari souligne ce que l’on devinait un peu, qu’il préfère de très loin le cinéma d’action à l’horreur, refusant Zombi 2 (L’Enfer des zombies) qui revient à Lucio Fulci et se vantant par l’occasion d’avoir relancé sa carrière, ce qui est un peu gonflé au passage.

https://youtu.be/ZD9JwY_05BM

Pendant ce temps-là à Vera Cruz… David Huriot voyait aussi des films de Strasbourg…

Turbo Kid de Anouk Whissel, François Simard et Yoann-Karl Whissel (2015, Canada/Nouvelle-Zélande) (4/5)
Souvenez-vous : en 2015, arrive dans la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes un moyen-métrage de 31 minutes, Kung Fury du suédois David Sandberg, petit film financé par une campagne de financement participatif (ou « crowfunding ») ; financé totalement par ce moyen, le projet arrive à tripler son objectif de départ (200 000 $) et à provoquer un gros buzz sur la toile fin 2013-début 2014, avant d’arriver sur le web fin mai 2015 assorti d’un bon maintien du buzz, bien aidé il est vrai par cette sélection cannoise. Mais vous savez quoi ? En fait, on s’en fout un peu de Kung Fury. Oui, car ce dernier, après vision sur YouTube, se révèle n’être qu’un grosse boursouflure bien marketée (on a même eu droit à un vidéo-clip, certes hilarant et bien meilleur que le film, de David Hasselhoff) mais au final, assez putassière, se contentant d’empiler les références à toute la pop culture des 80’s de façon totalement gratuite, se reposant uniquement sur son concept pour devenir au final aussi ennuyeux et mauvais qu’un film de Robert Rodriguez.
Pendant ce temps-là, une bande de Canadiens, après s’être rodé sur des courts pendant une dizaine d’années, nous livre avec moins de bruit et de fureur que ces nullards de suédois LE véritable hommage à la pop culture des 80’s. Son nom : Turbo Kid. Narrant l’histoire dans un monde ravagé par l’apocalypse d’un jeune garçon fan de comics survivant à l’hiver nucléaire en collectant des objets dans les Terres Désolées en échange d’un peu d’eau et obligé de secourir son amie Apple des griffes du maléfique Zeus, le métrage est une série B réjouissante, un idéal de film du samedi soir, mélangeant sans crainte la SF post-apocalyptique, l’action, et la romance, le tout saupoudré de geysers de sang (du vrai, pas en CGI !) dignes du travail de Sam Raimi ou Peter Jackson, le tout mixant l’univers du post-nuke et des productions Spielberg des 80’s tels Les Goonies.
Anouk Whissel, François Simard & Yoann-Karl Whissel parviennent à nous raconter malgré un budget limité à captiver son spectateur 90 minutes durant, en digérant suffisamment toutes leurs références 80’s (comics book, SF à la Mad Max, productions Amblin, ou même The Warriors (Les Guerriers de la nuit) de Walter Hill et une pincée de Jack Burton et New-York 1997 de Carpenter) et proposant un univers complet, rempli de personnages auxquels on adhère pleinement.
Et tout ça, avec des vélos.
Et du gore.
Malheureusement, ce n’est pas Turbo Kid qui a été sélectionné à Cannes.
Peut-être parce que c’est un excellent film, et sincère, n’oubliant jamais l’essentiel malgré son côté ultra-référentiel.
Raconter une histoire.
https://youtu.be/HxyH-adavb8

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