FEFFS 2015 : retour sur la rétro Kids in the Dark

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FEFFS 2015 affiche

Cette année, le festival de Strasbourg avait décidé de tendre une main à l’institution médicale. En effet, la grande rétrospective annuelle de la manifestation alsacienne a très certainement provoqué des vagues de vasectomie et de ligature des trompes, tant les longs-métrages au programme pouvaient tout simplement dégoûter à jamais de l’envie de procréer. Enfants tueurs, extra-terrestres, enfants possédés par des esprits, réfugiés sur une île déserte cédant à la barbarie… Les 9 films au programme nous présentent de vrais petits génies du mal, mais également des enfants gérant difficilement les tares de leurs géniteurs, que cela soit leurs actes répréhensibles ou les horreurs de la guerre.

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Commençons notre tour d’horizon du programme rétrospectif qui fut proposé cette année par le Festival de Strasbourg par le long-métrage le moins intéressant du lot, ou le plus archaïque, disons : en effet, The Bad Seed (La Mauvaise Graine) a plus une valeur historique que cinématographique, car le film de Mervyn LeRoy, racontant l’histoire de la petite Rhoda qui ne semble pas aussi innocente qu’elle en a l’air, est un des premières oeuvres faisant la confusion entre innocence et mal, schéma scénaristique qui sera popularisé plus tard avec L’Exorciste, La Malédiction ou Le Monstre est vivant. Problème : The Bad Seed est adapté d’une pièce de théâtre… Et cela se voit, tant le métrage est une transcription littérale au cinéma de l’oeuvre donnée sur les planches (le générique de fin nous invite même à féliciter les acteurs du film, à la manière de l’achèvement d’une pièce de théâtre). Cela donne un métrage assez désuet, à la mise en scène statique, ayant très mal vieilli, mais néanmoins intéressant à voir d’un point de vue historique.

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Passons directement à la vitesse supérieure avec une oeuvre culte de la science-fiction des années 1960 : Village of the damned (Le Village des Damnés) de Wolf Rilla, adapté du roman « The Midwich Cuckoos » de John Wyndham, est en effet un petit chef-d’oeuvre du genre, où un petit village d’Angleterre est le cadre d’un phénomène mystérieux, dans lequel les douze femmes et filles en âge d’enfanter accouchent le même jour d’enfants blonds aux yeux étranges, quelques mois après que la petite localité ait été coupée du monde pendant plusieurs heures. Un idéal de série B toujours aussi angoissante et efficace aujourd’hui, au rythme et à la finition impeccables et porté par l’interprétation saisissante de David Stephens dans le rôle de cette petite bande d’enfants au regard saisissant. Un grand classique des soirées projo de Halloween, à savourer sans modération !

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David Stephens, justement… Non seulement devenu une icône du cinéma grâce à son rôle dans le métrage de Wolf Rilla, mais également pour un véritable chef-d’oeuvre du cinéma fantastique : le mythique The Innocents (Les Innocents) de Jack Clayton, adaptation de la nouvelle de Henry James « Le Tour d’Ecrou ». Racontant l’histoire dans l’Angleterre de la fin du XIXème siècle l’histoire de Mme. Giddens, gouvernante, chargée de l’éducation de deux enfants dans un manoir inquiétant et témoin de comportements étranges de la part de ses protégés, une oeuvre majeure du cinéma fantastique, à l’atmosphère incroyablement envoûtante, due à l’image créée par Freddie Francis (utilisant par exemple une focale à diaphragme fermée pour intensifier la profondeur de champ de plusieurs scènes) et la mise en scène de Jack Clayton. N’oublions pas non plus l’interprétation somptueuse de l’actrice principale, Deborah Kerr, gouvernante pieuse et dévouée corps et âme à la préservation de ces deux enfants, rôle pas si éloigné que cela d’un autre chef-d’oeuvre du cinéma britannique, Black Narcissus (Le Narcisse noir) du duo Powell-Pressburger, dans lequel elle incarnait une nonne chargée de veiller corps et biens à l’organisation et l’effectif d’un dispensaire en Inde, dont l’esprit va troubler les nonnes… En bref, un chef-d’oeuvre absolu, que l’on pouvait (re)découvrir dans son plus bel écrin à Strasbourg.

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Autre classique de la littérature anglo-saxonne porté à l’écran, cette fois en 1963 avec Lord of the Flies (Sa majesté des mouches), célèbre et bouleversant roman de William Golding racontant l’histoire durant la Seconde Guerre Mondiale de garçons anglais échouant seuls sur une île déserte après le crash de leur avion, et tentant de s’organiser et de créer une micro-société jusqu’à l’arrivée incertaine des renforts. Commençant par une série de photos nous décrivant le conflit mondial en cours puis l’accident d’avion, le métrage de Peter Brook nous embarque directement sur l’île au milieu de tous ces enfants de la bonne société anglaise, dont certains vont peu à peu briser le fragile équilibre entre société civilisée et organisation tribale, cédant peu à peu à la barbarie et la violence. Brook nous offre une oeuvre très épurée, voire minimaliste, peut-être un peu lente mais respectant de belle manière l’essence du roman originel. A noter une très belle interprétation des jeunes acteurs, tous plus convaincants les uns que les autres, culminant lors des dernières minutes où la violence et le chaos explosent littéralement lors d’une scène aux images proches du conflit mondial qui se joue alors, comme une réponse de ces enfants à la barbarie, adulte celle-là, de la guerre.

Les Révoltés de l’an 2000 01

A rapprocher thématiquement du film précédent, Quien puede matar a un nino ? (oublions de suite le titre français assez ridicule, Les Révoltés de l’an 2000) nous montre ici l’inverse : situé également en grande partie sur une île espagnole, un couple d’adultes débarque dans ce coin habituellement tranquille et pittoresque et sont aux prises avec les enfants de l’île, après avoir assassiné (par jeu ? Par vengeance ?) tous les adultes, gardant un sourire sur leurs visages d’anges. Rendant hommage à Alfred Hitchcock et Night of the Living Dead de George A. Romero, une oeuvre qui débute de manière assez déroutante, étalant les images d’actualités comme un documentaire style Mondo Cane (inventeur du genre « mondo film », sous-catégorie du cinéma d’exploitation consistant en une accumulation d’images violentes et dérangeantes sur un ton pseudo-documentaire) et décrivant avec force détails et chiffres les effets de la guerre sur les enfants ; manière, peut-être, pour le réalisateur d’expliquer le comportement de ces chères têtes blondes… En tous cas, un long-métrage longtemps invisible en France, une oeuvre haletante, souffrant de quelques longueurs dans sa première partie mais réservant dans son dernier tiers de beaux moments de tension, culminant dans ses 10 dernières minutes de pure horreur.

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Dérangés, choqués par Quien puede matar a un nino ? Attendez de voir le film suivant, film lui aussi peu montré, signé pourtant par un réalisateur connu pour ses adaptations de roman à succès : The Other (L’Autre), par Robert Mulligan, plus connu pour Du silence et des ombres avec Gregory Peck, adapté de l’oeuvre de Harper Lee. Ayant souvent parlé du thème de l’enfance et de l’adolescence dans sa filmographie, Mulligan nous conte ici l’histoire de deux jumeaux inséparables en vacances dans une ferme et provoquant plusieurs accidents, jusqu’à ce que leur grand-mère russe, qui leur a enseigné ce que l’on appelle « le jeu », comprenne ce qui se passe… Un film plus proche cette fois du thriller psychologique, à l’horreur et l’angoisse plus diffuse, créant un profond sentiment de malaise, sentiment renforcé par le twist final. Un long-métrage difficile à voir, à l’ambiance et l’interprétation superbes, en particulier les jeunes Chris & Martin Udvarnoky, saisissants d’inquiétude et de mystère.

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Gregory Peck, Richard Donner, Jerry Goldsmith. Derrière ces 3 grands noms du cinéma se cachent toute la réussite du plus connu et populaire des films de cette sélection : The Omen (La Malédiction), long-métrage célèbre de l’horreur et du fantastique des années 1970, au même titre que The Exorcist ou Halloween. Narrant l’histoire de Robert Thorn, ambassadeur, témoin de plusieurs décès tragiques dans son entourage alors qu’il est le père d’un enfant orphelin aux origines obscures adopté à l’insu de sa femme alors qu’elle venait de subir une fausse couche, ce classique de l’épouvante est toujours, à la grande joie de votre serviteur, une oeuvre aussi efficace, à la mise en scène brillante et rythmée de Donner et à l’interprétation convaincante de Gregory Peck. Quel plaisir de revoir ce film qui résiste au temps malgré ces patines 70’s, et SURTOUT quel bonheur de ré-entendre la magnifique partition sonore de Jerry Goldsmith, une de ses plus brillantes compositions mêlant thèmes romantiques et véritables morceaux de requiem ; bande sonore pour laquelle il reçut l’unique Oscar de sa carrière. OUBLIEZ LE REMAKE ! C’EST UN ORDRE !

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Terminons par deux grandes oeuvres, l’une mythique, l’autre beaucoup moins dans l’imaginaire collectif mais tout aussi indispensable ; tout d’abord, The Night of the Hunter (La Nuit du chasseur) de Charles Laughton, avec Robert Mitchum dans le rôle mythique de ce prédicateur arborant les inscriptions LOVE et HATE sur ses poings, épousant une veuve dans l’unique but de dérober le magot de son mari condamné à mort, magot dont la cachette est soigneusement préservée par ses deux enfants. Un film unique dans l’histoire du cinéma, échappant à toutes les étiquettes et conventions du genre, mélangeant film noir, conte de fées, mélodrame, thriller et horreur ; un véritable joyau noir du 7ème Art, que vous avez tous vu de toute façon… Comment ça, non ? Alors, arrêtez de lire cet article, courez vous procurer une copie de ce chef d’oeuvre à voir toutes affaires cessantes ! Allez découvrir les incroyables interprétations de Mitchum et Lilian Gish dans cet unique film (malheureusement…) de la star du muet Charles Laughton, à l’ambiance indescriptible.

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Non, non, ne partez pas ! Encore un film à vous parler ! Ana Torrent, l’Espagne rurale des années 1940 juste après la guerre civile, des trains, un monstre, des abeilles… Découvrez également El Espiritu De La Colmena (L’Esprit de la ruche), chef d’oeuvre du cinéma espagnol, film culte auprès des jeunes metteurs en scènes ibériques tels Juan Antonio Bayona, mis en scène par le rare Victor Erice (3 films en 40 ans) et narrant l’histoire de deux jeunes soeurs livrées à elle-même alors que leurs parents ont d’autres préoccupations en tête ; elles assistent un jour à la projection par le cinéma itinérant du film Frankenstein de 1931, et c’est alors qu’Ana, fascinée par le monstre, se met à sa recherche. Une oeuvre magnifique plastiquement, onirique, à l’interprétation fascinante d’Ana Torrent dans le rôle de cette petite fille à la recherche désespérée d’un ailleurs dans un petit village immobile d’un pays ravagé par la Guerre.
Voilà, maintenant, vous pouvez regretter de n’y être point allé !…

 

THE BAD SEED (La Mauvaise Graine)

réalisé par Mervyn LeRoy

1956, USA

https://youtu.be/gFHtV8Vrse0

VILLAGE OF THE DAMNED (Le Village Des Damnés)

réalisé par Wolf Rilla

1960, USA/Grande-Bretagne

THE INNOCENTS (Les Innocents)

réalisé par Jack Clayton

1961, USA/Grande-Bretagne

https://youtu.be/BiW89dreaew

LORD OF THE FLIES (Sa Majesté Des Mouches)

réalisé par Peter Brook

1963, Grande-Bretagne

QUIEN PUEDE MATAR A UN NINO ? (Les Révoltés De l’An 2000)

réalisé par Narciso Ibanez Serrador

1976, Espagne

THE OTHER (L’Autre)

réalisé par Robert Mulligan

1972, USA

THE OMEN (La Malédiction)

réalisé par Richard Donner

1976, USA/Grande-Bretagne

EL ESPIRITU DE LA COLMENA (L’Esprit De La Rûche)

réalisé par Victor Erice

1973, Espagne

THE NIGHT OF THE HUNTER (La Nuit Du Chasseur)

réalisé par Charles Laughton

1955, USA

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