Critique : Wonder Woman

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Wonder Woman

États-Unis, 2017
Titre original : –
Réalisateur : Patty Jenkins
Scénario : Allan Heinberg
Acteurs : Gal Gadot, Chris Pine, Robin Wright
Distribution : Warner Bros. France
Durée : 2h21
Genre : Action, Aventure
Date de sortie : 7 juin 2017

3,5/5

C’est l’événement ciné depuis au moins mercredi dernier : Wonder Woman, Gal Gadot et Patty Jenkins sont de toutes les bouches et de tous les claviers. Le film a été le plus tweeté de 2017, s’octroie le luxe d’être le meilleur démarrage de tous les temps pour un film réalisé par une femme. En bref, si le film ne rentrera pas forcément dans les annales du cinéma, il le sera en tout cas dans celles de la pop culture.

Synopsis : C’était avant qu’elle ne devienne Wonder Woman, à l’époque où elle était encore Diana, princesse des Amazones et combattante invincible. Un jour, un pilote américain s’écrase sur l’île paradisiaque où elle vit, à l’abri des fracas du monde. Lorsqu’il lui raconte qu’une guerre terrible fait rage à l’autre bout de la planète, Diana quitte son havre de paix, convaincue qu’elle doit enrayer la menace. En s’alliant aux hommes dans un combat destiné à mettre fin à la guerre, Diana découvrira toute l’étendue de ses pouvoirs… et son véritable destin.

En terme d’héritage esthétique, le film de Patty Jenkins arrive derrière un sillon déjà bien entamé par Zack Snyder, mais parvient à icôniser son héroïne de manière personnelle. Surtout, elle a su réutiliser les ralentis et les mouvements de caméras pour donner une vraie orchestration épique aux combats, ce qui faisait toute la force de 300 mais avait un peu disparus des films de l’univers DCEU. L’esthétique ne plaira pas à tout le monde, mais l’action est du coup extrêmement lisible et ample, ce qui reste très appréciable. On regrettera simplement le sound design parfois cliché, notamment lors des sauts au ralenti. Dans tous les cas, on aurait bien tort de considérer le film comme un « sous-Snyder », tant il déploie justement ses gimmicks au meilleur de leur forme pour les coller à l’univers de son héroïne. Un univers que l’on reconnaîtra certes parfois kitschouille, comme lors de son introduction au pays des Amazones.

Justement, cet exemple montre à quel point Wonder Woman, tout en reprenant leur esthétique, fait un pied de nez au ton réaliste de Man of Steel et surtout Batman v Superman. Ici, on parle de mythologie, et on y va à fond. Et quand on ancre le personnage à la réalité de la Première Guerre Mondiale, le spectaculaire n’est jamais loin. Au final, Wonder Woman représente peut-être un idéal de mélange entre Man of Steel et Captain America, à savoir une explosion d’épique dans un univers réaliste mais emprunt de mythologie. Bien sûr, ce mélange n’est pas sans défaut, et la présence d’Arès dans le dernier acte du film est à deux doigts de plomber celui-ci. A coup de « Alors je vais te détruiiiire ! », de contradiction sur le message ambigu (même si éculé) sur l’humanité et de casque de Sauron, le personnage est un peu trop folklorique à ce stade du film. Surtout quand Patty Jenkins était parvenue jusqu’ici à créer des antagonistes allemands sincèrement démoniaques sans pour autant condamner l’Allemagne dans son entier, ce qui aurait contredit le propos du film dans le cadre de cette Première Guerre Mondiale.

Du côté du féminisme revendiqué par beaucoup de spectateurs (plus souvent spectatrices d’ailleurs, et on peut déjà aisément comprendre ce que peut contenir de féminisme la seule représentation d’une super-héroïne dans le cadre de la pop culture actuelle), je me dois de me ranger du côté de ces dernières et de réfuter les reproches qui avaient été faites à la réalité du personnage derrière le soi-disant féminisme de façade seulement. Certaines personnes ont fréquemment pris la naïveté de Diana pour un défaut de personnage, et par extension un défaut de féminisme, alors que c’est justement tout le contraire : c’est parce qu’elle ignore tout des codes sociaux, politiques et genrés du monde actuel que la légitimité même de ces derniers est remise en question. Et ça, toute une moitié de film, globalement plus légère mais loin d’être déplaisante, s’efforce à le montrer. Par des dialogues, des postures, du montage, le regard est placé vers Wonder Woman qui s’interroge sur le monde qu’elle découvre, pétris de codes à la légitimité faussée. Le film renverse ainsi le procédé d’identification bien connu lorsqu’un personnage découvre un monde qu’il ne connaît pas, sauf qu’au lieu de se moquer du personnage comme on le fait souvent, ici on adopte son point de vue libre de toutes conventions. Que le personnage de Chris Pine lui explique souvent des choses ou qu’elle noue une relation sentimentale avec lui au cours du film est sans importance : l’indépendance de Diana et la légitimité de ses choix est sans cesse démontrée.

Au final, la seule chose que l’on pourrait vraiment reprocher au film, c’est son manque de prise de risque ainsi que sa paresse dans la narration et les thématiques abordées. Certes, cette simplicité lui permet de développer un récit jouissif et épique sur de nombreux points, mais on attend toujours le moment où un film de super-héros atteindra la même complexité que The Dark Knight ou Watchmen. Voire même la dépassera, car il serait naïf de croire que cela est impossible. Wonder Woman, en attendant, suit un chemin déjà tout tracé par l’Histoire du monde, et ne fait qu’effleurer son discours sur la dualité de l’être humain. On appréciera tout de même quelques dialogues soulignant la responsabilité personnelle de chacun dans le choix d’agir ou non, qui prennent d’autant plus sens à notre époque, mais pour le reste il faudra se contenter d’une morale se concluant sur l’espoir dans l’amour entre les êtres. Impossible de faire plus bateau.

Conclusion

 Mais ne boudons pas non plus notre plaisir, Wonder Woman reste globalement une réussite renouant avec un plaisir de super-héros qu’on avait pas ressenti depuis déjà quelques années. Et aucun doute sur le fait qu’elle fera date en terme de représentation féministe, en espérant que cela influe également sur la confiance que les producteurs accorderont aux femmes réalisatrices, notamment de blockbusters.

2 Commentaires

  1. Je veux bien qu’on nous avance des idées féministes, mais ça serait bien que les réalisateurs fassent 2 minutes de recherche avant d’écrire des petites « anecdotes ».
    En effet une fois a Londres, un des personnage (la secretaire) dit une phrase du style « On (les femmes) se battons toujours pour le droit de vote dans ces tenues (une robe) ».
    Or l’Angleterre est le seul pays ou je suis sure a 100% que certaines femmes avaient le droit de vote. Car ils ne regardaient pas le sexe mais les possetions. Du coup 97% de la population anglaise ne pouvait pas voter, et il y avait une femme qui etait connue pour etre tellement riche qu’elle possaidait 4 votes a elle toute seule, donc 4 votes de plus que 97% des anglais.

    Cet erreur n’aurait pas pu etre facilement expliquée dans le film je le conçois mais ça donne tout de meme une fausse image du passé.

    Aussi la VF etait horrible (le fait que la langue allemande soit juste du français avec un accent n’aide pas beaucoup) et certaines scènes d’actions avaient beau être coupées et éditées a n’en plus pouvoir, elle paraissaient toujours molle (la scene d’entrainement avec WW adulte est le plus gros exemple de ce problême)

    A part ça le film nous offre quelque bonne scêne comme la destruction du clocher et d’autre que j’oublie (j’espere). Il meriterait plus un 5/10 voir 6.

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